Chapitre 17F: mars - avril 1769

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Je passais parfois des après–midi entiers à fouiller la bibliothèque de Jean, jamais fermée à clef depuis l'arrivée de Célestin. J'espérais trouver des secrets de famille, mais tout ce que je trouvais, c'était dans un livre qui me paraissait intéressant, des coupures de journaux, ou des marques pages oubliés par un lecteur. Je tentais d'imaginer dans quelles circonstances le petit bout de papier avait été oublié, je trouvais cela beau, un vieux livre qui avait une histoire. Une fois, Camille me surprenait, alors que j'étais plongée dans la recherche d'un ouvrage, perchée sur l'échelle de la bibliothèque, elle entrait dans la pièce et clamait :

—''Louise me voilà ! Vous m'attendiez ?

—''Euh, vous m'avez plutôt surprise en fait. Je ne vous attendais pas.

—''Et c'est comme ça qu'on salue sa sœur ?

Je descendais alors l'échelle barreau par barreau, mon livre dans la main, et j'allais embrasser Camille. Son ventre rond était comprimé par le corset de grossesse qu'elle était contrainte de porter jour et nuit, et si elle souffrait du dos, elle avait aussi peur que cela ne comprime trop son bébé. Elle le réajustait toutes les deux minutes. Des fois, j'aurais voulu lui retirer, car cela avait vraiment l'air de la gêner, mais à chaque fois elle me disait quelque chose comme :

—''Ce n'est pas la peine Louise, je suis obligée de le porter, mon enfant risque de faire des culbutes sinon.

—''C'est Auguste qui vous l'a prescrit ?

—''Non, sa mère. Elle est tellement désagréable... selon elle, je devrais rester au lit jusqu'à la délivrance, mais pour cela, je ne l'écoute pas. Elle ferait tout pour que le premier enfant de son fils naisse vivant, jusqu'à me contraindre à souffrir encore des mois.

—''Pourquoi ne l'enlevez-vous pas la journée ? Elle ne vous surveille pas que je sache ?

—''J'ai peur de prendre des risques, si l'enfant culbute vraiment, et qu'il meurt, ce sera de ma faute.

—''Allons donc manger une crème glacée, cela nous changera les idées, et puis, j'ai lu assez de livres pour aujourd'hui.

—''Je ne peux pas manger de crème glacée, l'enfant attraperait froid.

—''Mais quelle horrible belle–mère vous avez ma sœur !

Dans la rue, nous avancions fièrement, surtout que j'avais substitué une petite somme d'argent à Célestin, nous pouvions nous acheter une crème glacée. Devant la boutique, Camille restait stoïque.

— '' N'entrez-vous donc pas?

—''Non, je préfère rester ici, de toute façon je ne mangerais pas de crème.

J'entrais seule dans la boutique du seul glacier de Paris, depuis assez longtemps j'aimais aller y faire un tour pour déguster mon péché mignon qu'était la crème glacée aux fraises. Bien que cela soit excessivement cher, j'avais du mal à résister. à la sortie, je retrouvais Camille, et nous partions nous balader.

Le six avril, Thérèse avait huit ans, comme le temps passait vite ! Je revoyais encore le nourrisson braillant dans la voiture lorsque nous étions partis au Portugal. La petite fille apprenait bien, et se taisait alors que son père accordait plus d'affection à ses trois fils. Elle était le portrait de sa mère : de longs cheveux couleur blé, un petit nez, et de beaux yeux bleus.

Comme ma sœur avait les pieds engourdis et violets du fait de sa grossesse, je passais des après – midi entier à les lui masser avec de l'huile pour les soulager.

—''Camille, il vous faut marcher, les femmes enceintes doivent faire de l'exercice !

—''Ne vous inquiétez pas pour moi, je vais aller me promener. Me répondit-elle en se levant péniblement, le dos courbé dans son ample robe bleue, pour aller se chercher de l'eau à la cuisine.

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