Chapitre 19H: novembre 1770

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Je préparais ma malle dès le soir, en ayant sans cesse peur d'oublier quelque chose. Les robes sont t-elles en nombre suffisant ? Les collants ? Devrais-je prendre un chapeau ou non ?

Pendant le repas avec Madeleine, je l'interrogeais : elle n'avait jamais vu la mer. C'était une jeune femme brune sans beauté, mais dont le visage inspirait piété et innocence. Sa voix était suave et j'aimais beaucoup entamer des discussions avec elle, qui possédait une grande culture générale. Passionnée d'art et de poésie, elle était très amoureuse et particulièrement attentionnée envers son promis.

Je me réveillais seule vers quatre heures du matin, et n'arrivais pas à me rendormir ensuite. Je me posais beaucoup de questions, mais une me revenait souvent : à quoi ressemblait vraiment la mer ? J'avais peur de décevoir Camille, et si ce n'était rien, juste imaginaire ?

Dès six heures le lendemain a l'aube, après avoir pris mon déjeuner, je me rendais chez Camille pour le départ.

Lorsque j'arrivais à la porte de l'appartement, je frappais, je l'espérais assez fort pour la réveiller si elle ne l'était pas déjà. Camille apparaissait au bout de dix longues minutes, son bonnet de nuit sur la tête, pieds nus, encore groggy de son sommeil, dans sa longue chemise de nuit blanche qui laissait transparaître ses jambes nues. J'avais peur de ne pas avoir de temps là – bas, alors je la pressais.

—''Dépêchez-vous Camille, nous devons partir dans une heure. Entrais-je sans même qu'elle ne m'ait invitée.

—''Quand arrive France ? Je crois qu'Auguste fils réclame sa bouillie. Vous êtes sûre qu'elle viendra pour l'heure du déjeuner ? S'inquiéta t-elle

—''Ne vous inquiétez pas, contentez-vous de vous habiller. Si je n'avais pas confiance en elle, jamais je ne lui aurais demandé de s'occuper du foyer. Où est votre malle ? Demandais-je

Camille baissa la tête.

—'' Ne me dites pas que vous n'avez encore rien préparé... Camille ce n'est pas sérieux... Comment voulez-vous que nous partions à l'heure ?

—'' Je n'ai pas eu le temps.

—'' Je vais vous aider à la préparer. Mais dépêchons-nous !

Nous nous rendîmes donc dans sa chambre où régnait un noir total, pour remplir la malle de ses affaires. J'allumais une bougie pour nous permettre de mieux y voir, le lit était complètement défait, les volets clos, je remplissais la malle sous ses yeux fatigués, elle me regardait passivement. Une fois que les vêtements furent rangés et bien pliés dans la caisse, je découvrais un étrange objet, ressemblant à une chaussette mais qui ne l'était pas, comme dissimulé sous le linge. Camille se réveilla quelque peu de sa torpeur, s'interposa violemment tandis que je me questionnais, la chose dans les mains.

— '' Ne touchez pas à ça ! Criait-elle en me l'arrachant des mains et en le replaçant sous les tissus.

—'' Ne me dites pas que… Chuchotais - je en ayant subitement une petite idée de sa fonction.

—'' Taisez-vous ! Cela ne vous regarde pas !

—''Je vous dit juste que si c'est ce que je pense et qu'Auguste l'apprend, vous risquez cher...

—''Que dites-vous ? Dépêchons-nous. En tentant de changer de conversation, elle referma soigneusement le tiroir, avant de remettre la clef bien en hauteur.

Camille s'habilla, enfila ses chaussures, je tressais ses cheveux, elle embrassa par deux fois son fils d'un an qui râlait en lui répétant que France arriverait pour le nourrir et elle caressa doucement les cheveux de son nouveau–né qui dormait encore et toujours. Nous allions descendre la malle de Camille lorsque Auguste se leva, dans sa robe de nuit blanche, pour nous donner les dernières recommandations : je croyais alors que nous aurions encore une heure de retard. Tandis que je l'écoutais d'une seule oreille en pensant au temps qui s'écoulait, Camille notait soigneusement :

—''Ne surtout pas parler aux hommes inconnus ;

—''Ne surtout pas toucher l'eau de la mer ;

Il y avait au moins dix autres choses, mais il avait particulièrement insisté sur celles–ci. Enfin lorsqu'il eut terminé, il était sept–heures douze. En descendant les escaliers nous croisâmes France, et après l'avoir saluée et donné quelques recommandations, nous pûmes enfin partir.

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