Chapitre 19F: octobre 1770

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Lorsque nous arrivâmes chez eux, Camille confia avec soulagement sa petite puce hurlante à la nourrice qui allait l’allaiter, avant d’enfiler son bavoir à son fils. Tandis que je l’aidais en cuisine à préparer le poulet, son mari feuilletait le journal assis dans un des fauteuils, sans trop se préoccuper de son petit garçon qui, plus à l’aise à quatre pattes, s’amusait à ouvrir et à refermer les tiroirs du meuble dans l’entrée, sur lequel trônait un beau vase de porcelaine qui menaçait de tomber. Comme l’on pouvait s’en douter, l’enfant referma violemment le tiroir sur ses minuscules doigts. Il se mit à hurler, coincé dans l’entrebâillement du tiroir. J’avais les mains dans la vaisselle, tandis que Camille découpait le poulet, il nous étaient donc impossible d’intervenir. Bien sûr, Auguste appela son épouse pour qu’elle vienne aider l’enfant.

— Camille… le fils pleure…

— Je sais. Je ne peux rien faire pour l’instant. Il attendra bien dix minutes.

Comme je savais qu’il ne laisserait pas son fils comme ça, je ne m’inquiétais pas trop. Auguste, comprenant que nous n’interviendrions pas avant plusieurs minutes, se leva pour aller libérer son fils de l’emprise du meuble. J’observais mon beau–frère depuis la cuisine, il ne savait pas trop quoi faire devant l’enfant qui sanglotait toujours. Il le rassura maladroitement.

— Il ne faut pas pleurer mon fils.

Camille n'eut même pas besoin d’aller réconforter Auguste fils qui finit par reprendre ses occupations dans l’appartement, oubliant vite ce petit incident. Il faisait des allers-retours entre le salon et la chambre de sa mère, où la nourrice berçait sa petite sœur après lui avoir donné son lait. Lorsque le bébé entra dans la chambre de son père, très curieux, je m’empressais d’aller le ramener au salon.

—''On ne va pas dans cette pièce p’tit loup. Hop, on retourne au salon.

C’était la première fois que j’y pénétrais. C’était une chambre beaucoup plus petite que celle qu'occupait Camille, dont la couche ne pouvait accueillir qu’une seule personne. Au-dessus du lit, Jésus veillait, cette pièce me paraissait en total contraste avec la chambre qu’occupait ma sœur. Bientôt, après que j’ai dressé le couvert, Camille apportait le plat fumant à table. Elle asseyait sur un coussin son fils, un bébé pour qui il était encore impossible de se tenir et elle commençait a le faire manger, en écrasant avec sa fourchette ses haricots verts et sa viande pour qu'il ne s'étouffe pas. Le repas se déroulait dans une ambiance angoissante, seulement entrecoupée par Camille qui devait sans cesse se lever pour rasseoir son fils qui glissait de la chaise, pour resservir du vin à son mari ou encore pour aller chercher le dessert. Je passais une partie de l’après - dîner avec elle avant de l’accompagner pour nos lessives respectives, comme tous les dimanches, la mère d’Auguste gardait ses petits – enfants pour nous permettre de nous rendre à la Seine laver notre linge.

C'est en lisant un livre qui racontait l'histoire d'une femme devenue sirène que l'idée me vint, absolument géniale me dis-je, surtout que je n'avais jamais eu l'occasion de la voir. Sans me poser de questions, j'allais proposer mon idée à ma sœur, qui n'écouta que d'une oreille ma proposition, débordée.

— ‘’ Et si nous allions...

—''Auguste ! Non, ne touchez pas à ça ! Me coupa t-elle en tapant sur les doigts du bébé si proche du vase posé sur la table.

—''Que me disiez-vous Louise ?

—''Je disais...

—''Auguste j'ai dit non ! Répéta t-elle fort cette fois en se levant pour aller retirer les doigts de son fils des jointures de la porte.

—''Vous ne m'écoutez pas...

—''Mais si je vous écoute, c'est juste que je suis occupée. Allez–y, parlez.

—''Je vous proposais d'aller voir la mer.

—''Quoi ? Aller voir la mer ? Cessez vos rêves d'enfant Louise, nous sommes dans le monde réel. Allez-y seule si vous voulez, ce n'est absolument pas possible pour moi.

—''Camille réfléchissez, cela vous ferait du bien...

—''Vous êtes gentille vous, mais les deux enfants, qui s'en occupera ? Et Auguste, qui lui fera à manger, qui entretiendra l'appartement ? Vous délirez complètement ma sœur.

Je fermais la conversation, convaincue que cela n'apporterais que des embrouilles entre elle et moi.

Bien décidée à lui offrir ce cadeau pour son anniversaire, dans un mois, je me rendais chez France pour lui demander de garder les enfants si nous venions à partir. Elle accepta de bon gré, se proposant même d'aller passer un coup de balai de temps en temps, et d'apporter ses repas à Auguste. Je me précipitais chez Camille pour lui annoncer la bonne voie de mon projet. Elle réagissait plutôt bien.

—''Figurez-vous Camille que France est d'accord pour s'occuper des enfants et d'Auguste !

—''Et qui fera le ménage et la cuisine ? Vous n'y avez pas pensé à ça.

—''Mais si, ne vous inquiétez pas ma sœur. France a aussi promis qu'elle apporterait ses repas à Auguste père et passerait un coup de balai de temps en temps...

Camille eus une réaction d'enfant.

—''Dans ces cas-là je suis d’accord !

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