Chapitre 19D: octobre 1770

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Marie–Louise me faisait craquer : une bouille toute ronde enserrée dans un bonnet, des joues bien rouges, et des petits pieds que l'on voyait gigoter dans les mailles. Auguste n'était pas le moins du monde jaloux, mais il était bien trop jeune pour vraiment l'apprécier.

Je me rendais souvent chez Camille mais il m'arrivait de ne pas la voir pendant quelques jours. Nous avions de toute manière besoin d'une distance qui nous permettaient d'avoir une certaine intimité, nécessaire a une bonne relation. Alors ces jours–là, j'aidais Madeleine aux tâches ménagères, je lisais, ou je rendais visite à France, mais pour être franche, c'était surtout pour récupérer les lettres que m'adressait Amédée. Un de ces jours–ci, après avoir pris mon repas du midi chez France et Joseph, je lu une lettre qui venait d'arriver de la part de mon petit–cousin, quand soudain Thérèse arriva en riant. Son père s'inquiéta d'un tel comportement.

—'' Que se passe t-il Thérèse ?

—'' C'est Georges et Philippe, ils ont vidés les pots de maman...

Joseph, sans poser plus de questions, se dirigea d'un pas pressé vers la chambre de France, où elle entreposait sur la coiffeuse ses produits de beauté. Au milieu des crèmes en tout genre, cire, pommades, deux petits garçons tentaient dans un dernier geste d'essuyer sur leurs vêtements le gras des crèmes qui tapissait leurs mains. Joseph se dirigea vers ses deux fils et leur asséna quatre gifles dures, avant de les emmener dans le salon chacun par une oreille pour recevoir les châtiments dû.

— Votre mère a-t-elle mérité cela ?! Cria -il en assénant une autre gifle à Georges, dont la tête partait de côté à chaque frappe, qui pleurait, et me lançait des regards malheureux.

Philippe aussi reçu ses gifles, mais ce fut surtout Georges qui souffrit, l'aîné des deux.

—''En plus de tout nettoyer, vous aller vous rendre au confessionnal pour vous avouer de vos péchés, l'orgueil, un des sept péchés capitaux, et demander vos excuses à votre mère! Vociféra Joseph en bousculant ses garçons vers la porte d'entrée, avant de quitter en leur compagnie l'appartement.

France discuta un peu avec moi, profitant de l'absence de son époux pour m'exposer la situation.

—'' Je trouve cela ridicule de les conduire se confesser à leur âge. Philippe est beaucoup trop jeune pour comprendre, Georges est juste en âge, mais des excuses auraient suffi. Les voir souffrir me blesse...

—''Ne pouvez-vous rien contester ?

—'' Je n'ai pas mon mot à dire. Quand par maladresse je me mets un peu en devant de Joseph, il me renvoie derrière, jamais méchamment, mais c'est toujours rabaissant pour moi. Il me dit alors quelque chose comme: '' Restez à votre place France, cela vaudra mieux pour vous''. Les femmes ne valent rien dans notre société, cela me désespère. Dans la haute bourgeoisie, elles sont des actrices importantes de la vie, elles étudient les lettres, la littérature, mais dans la moyenne classe, elles ne sont que des vaches à lait.

—''A ce point – là ?’’

—''Voyez Louise, si je n'avais pas donné trois fils à Joseph, il y a longtemps que je ne le verrais plus. Sinon, tout se passe bien pour Camille ?’’

—''Bof, bof... Elle n'aime pas son mari, qu'elle trouve trop effacé. Selon moi il vaut mieux d'un mari qui ne se montre pas qu'un mari qui bat sa femme, mais je ne vis pas avec lui au quotidien...’’

—''Son enfant est-il né ? ‘’ Demanda t-elle qui n'avait pas été mise au courant de la naissance.

—''Ne vous l'avais-je pas dis ? ‘’ Une fille née le treize septembre, Marie-Louise.

—''Oh… Croyez – vous que je pourrais aller lui rendre visite pour saluer la petite ?

—''Pourquoi pas, je vous accompagnerais, cela fait assez longtemps que je ne l'ai pas vu. Disons demain ? Vers quinze heures.

Je lui donnais l'adresse et elle ferma la conversation, devant le retour de Joseph.

—''J'y serais.‘’

Aussitôt le pas de la porte franchi, Philippe craqua. Il se dirigea d'un pas pressé vers sa mère, et enfoui sa tête dans le cou maternel.

—''Je suis désolé maman... Hoqueta-il

Son père le repris.

—''Philippe ! Ce n'est pas de cette manière que l'on se fait pardonner ! Demandez à votre mère : ''je vous prie de m'excuser''.

—''Laissez-le Joseph, c'est un bon garçon, je le pardonne de toute façon.

—''Taisez-vous France, cessez de toujours vouloir trouver des excuses à votre fils, il doit dire '' je vous prie de m'excuser'', ce n'est ni vous ni lui qui décidez dans cette maison !

Ma cousine France chuchota.

—''Dites - le, Philippe.‘’

Je n'entendis pas la fin de la conversation. Décidée à ne pas me mêler aux problèmes de ma cousine, je laissais la famille Ramon, et rentrais chez mon frère.

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