Chapitre 21B: mai - août 1772

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Lorsque plus tard je voulais me rendre chez Mathurin, je trouvais porte close. Le jour suivant étonnée mais non résignée je revenais et cette fois je le retrouvais. Sans même me saluer il m'annonça non peu fier le mariage la veille de son frère Jules avec une jeune femme de vingt - deux ans prénommée Clémence et je comprenais sans même lui faire part de ma visite la raison de cette porte fermée. Il me parla de l'amour qui les unissait depuis deux ans, me décrivit avec des détails impressionnant le déroulement de la cérémonie (jusqu'aux mains moites de Clémence) et le charme de sa belle - sœur, qui allant jusqu'à me faire douter de sa fidélité envers moi, lui fis des éloges, il me dit entre autre qu'elle portait un magnifique prénom, de beaux cheveux soyeux, et que son visage d'enfant le faisait fondre. Je ne l'avais jamais vue mais elle me paraissait parfaite.

Je m'en souviens bien, c'était un jour d'août, il avait déjà six mois. Michel s'éveillait et sa mère lui avait retiré ses mailles depuis déjà quelques jours pour qu'il puisses se déplacer. Nous restâmes l'après - midi entière, avec Camille à nous extasier sur ses progrès, mais je me pose encore la question, comment avons nous fait pour ne pas voir dans ses petits yeux immobiles et vides un grave problème ?

Nous le laissâmes sur le ventre au milieu du salon aussitôt qu'il fut libéré de son fardeau. Auguste et Malou s'interrogèrent un temps sur le pourquoi de tant d'admiration sur ce petit frère, avant d'aller comme nous leur avions prié, s'asseoir sagement sur nos genoux. Michel, aidé de nos encouragements, tournant la tête dans tous les sens, puis sans avoir l'air de considérer le meuble en face, fis ses premiers déplacements à quatre pattes. Camille eus l'air confuse lorsqu'au lieu de s'arrêter au meuble il continua sa route en se cognant violemment. Pleurant dans sa surprise, une belle bosse au front, nous nous demandions ce qu'il lui arrivait. Pour le consoler, sa mère le pris sur ses genoux, obligeant au passage Malou à descendre. Sa mère l'observa, passa sa main devant ses yeux, me dit étonnée et paniquée :

—''Ses yeux ne bougent pas. C'est normal ?

—''Que se passe-t-il ? Demandais-je étonnée en m'approchant de l'enfant. En effet ce n'est pas normal.

—''Vous croyez qu'il voit ?

—''Allons chercher le médecin avant de conclure trop vite.

Le médecin arriva rapidement, et ausculta tout aussi vite le bébé, en passant juste sa main devant ses yeux, il conclut :

— Il est aveugle, c'est pourtant flagrant.

—''Nooooooon... Et ma sœur s'effondra en larmes son bébé dans les bras.

C'est comme cela que s'interrompit notre belle après-midi, à vrai dire j’étais choquée de considérer ce que j'avais depuis sa naissance soupçonné. Aussitôt je m'interrogeais, quel était l'avenir de ce petit garçon ?

Quelques temps après l'annonce du handicap de son fils, Camille vint me voir l'air grave son bébé somnolant dans les bras.

—''Je ne veux pas de cet enfant, prenez-le. Dit-elle en me le tendant

—''Que me dites-vous ? Vous êtes folle, vous allez vous en occuper ! Un enfant n'est pas un meuble que l'on peut retourner au fabricant !

—''S'il vous plaît Louise, les gens se moquent de moi. Sans doute l'hospice en voudra bien...

—''Arrêtez Camille, cet enfant vous doit la vie et vous ne pouvez pas l’abandonner ! Si vous faites cela, je vous préviens, cela se passera mal entre nous…

Heureusement, grâce aux contestations de ma part, ma sœur n'abandonna pas son fils. Impuissante si elle était passée à l'acte, je n'aurais pu m'en occuper à sa place et en le confiant je le savais mourir d'ici peu ou finir sa vie dans la misère. Ce petit garçon devait vivre, quoi que les autres en pensent.

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