Chapitre 22C: août 1773

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Heureusement mon attente ne fut pas vaine et au bout d'une bonne heure il arriva enfin. Mécontente alors qu'il avait dit qu'il viendrait à midi, j'exprimais ma colère.

—''Vous aviez dit midi.

—''Et alors ? ce n'est pas grave, je suis venu, c'est le principal.

—''Le petit a faim et il fait très chaud, même à l'ombre. Ayez un peu de compassion, c'est un bébé.

—''Il ne va pas fondre ! Je ne suis pas à votre service !

—''C'est pourtant...

—''Cela suffit Louise ! Taisez - vous maintenant. Me coupa-t-il avec autorité.

Plus tard, alors que nous passions devant la maison de Camille…

—''Arrêtons-nous chez ma sœur, je ne l'ai pas salué aujourd'hui.

—''Bon, dépêchez-vous.

Je descendis de la voiture et monta les marches quatre à quatre jusqu'à chez elle. J'entrais, il n'y avait que la nourrice des enfants, car Auguste, Malou, Michel et Auguste fils prenaient leur dîner chez Adélaïde et son époux. Je saluais Camille, puis je constatais qu'elle avait envoyé sa couverture par terre et restait en robe de chambre, il faisait trop chaud. Je fouillais dans son armoire et lui dénichais deux robes.

—''Vous ne pouvez pas rester en chemise de nuit ! Quels vêtements vous feraient plaisir ? J'ai trouvé dans votre armoire cette robe sans manches, ou encore cette autre robe légère. Laquelle voulez-vous ?

Elle souriait, puis me pointait du doigt la robe sans manches. Elle s'asseyait sur le lit et je l'aidais à retirer sa chemise de nuit, quand elle toussa très fort, me ramenant à la réalité. Entièrement nue devant mes yeux, elle cachait sa poitrine avec ses mains, avant que je ne lui enfile cette mignonne robe sans manches. La jolie jeune femme qui sommeillait en elle reprenait alors vie. Je coiffais ses cheveux emmêlés, par une natte surmontée d'un ruban, mais bientôt Léon s'impatienta.

—''Vous venez ? C'est pour aujourd'hui ou pour demain ?! Me lança-t-il en s'appuyant contre le cadre de la porte.

J'embrassais une dernière fois ma grande sœur et lui chuchotais à l’oreille :

—''Je reviendrais bientôt, c'est promis, reposez - vous bien.

Nous rentrâmes ensuite.

Le lendemain matin, comme je le faisais deux fois par semaine, je me rendais chez elle pour lui donner son bain, ayant confié mon fils à France qui se faisait encore une joie de le garder. C'était pour moi comme pour elle très difficile, mais absolument indispensable, et toujours mieux qu'une bonne qu'elle ne connaissait pas. Après que j'ai préparé toutes les affaires nécessaires et rempli le baquet d'eau chaude, je la sortais de son lit, cela lui permettait de marcher un peu. Enfin je la déshabillais doucement, comme pour retarder ce moment qu'elle et moi détestions. Affaiblie, elle se laissait faire par mes gestes doux qui se voulaient le moins intrusif possible, le gant de toilette étant devenu la seule barrière qui lui permettait de se dire que je ne touchais pas son corps. Au début toujours très anxieuse, elle se détendait lorsque je lui lavait les cheveux, un long massage de la tête qui lui apportait beaucoup de réconfort.

Elle sortait ensuite de l'eau le dos courbé, se remettant à tousser, car curieusement, cela ne se produisait que très rarement lors de ses bains. Enfin, je l'enveloppais tel un bébé dans la serviette chaude et moelleuse et je la frictionnais, avant de l'aider à enfiler sa robe de nuit, que désormais elle ne quittait plus.

Alors que je me croyais effacée de ses pensées, je recevais une lettre de Mathurin, peu de temps après.

Ma très chère Louise,

Mon cœur battra toute ma vie pour vous et j'aimerais vous revoir. Notre enfant est -il né? Donnez-moi des nouvelles, je ne sais rien depuis que vous êtes partie, si vite en vérité... rejoignez moi le six août sur la place royale, je vous en prie soyez - y...

Mathurin.

Sa lettre m'effara, comment aurais - je fais si Léon l'avait découvert et lue ? Cet homme était fou de me faire prendre autant de risques, je pouvais me retrouver du jour au lendemain à la rue, avec mon fils.

Mathurin vous êtes fou,

Cessez d'envoyer des lettres aussi évocatrices, mon mari n'est pas censé être au courant de notre relation et il croit que l'enfant est son fils. Pour information, il s'appelle Léon - Paul, il est né ce seize juillet et il est en pleine santé. Je ne pourrais pas vous rejoindre le six août, j'ai un mari qui ne me laisse pas beaucoup de liberté. Je suis encore désolée de ne pas avoir donné de nouvelles plus tôt, mais n'avez-vous pas reçu ma lettre que je vous ai envoyé vers le mois de décembre ? Je vous promets que vous verrez votre fils dès que possible, mais je vous en prie, restez discret, je risque la rue, la répudiation et le déshonneur de la famille entière si mon mari découvre qu'il n'est pas le père de l'enfant.

Bien affectueusement, Louise.

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