Chapitre 25F: septembre 1775 - janvier 1776

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Dehors, les arbres s'agitaient, le vent soufflait, le ciel était gris, c'était un bien sombre jour.

Décembre signifia la fin d'une année qui était passée bien vite et l'anniversaire de mon petit Simon qui aurait eu un an, si la maladie ne l'avait pas pris. Nous accrochâmes des chaussettes à la cheminée et déposâmes un bol de lait près de l'âtre pour que le bon Saint Nicolas puisse déposer les cadeaux '' sans avoir soif'' d'après Léon – Paul.

Le lendemain matin, chacun des enfants avait dans sa chaussette une pâte de fruit, une orange et une petite carte personnalisée avec son prénom. Léon – Paul fus déçu, habitué à ce que je lui offre beaucoup, il avait du mal à se contenter d'aussi peu. Léon m'avouait que l'achat de la voiture avait fortement réduit les économies qu'il possédait. En effet, la voiture qu'il avait acquise était une belle berline de six places fermée, avec deux banquettes en cuirs, avec le siège du cocher surélevé, sur lequel deux personnes pouvait s'asseoir, un bel achat.

Nous installâmes la crèche le soir du vingt – quatre décembre et la nuit suivante, mes contractions commencèrent à me faire mal. J'entendais depuis mon lit les enfants s'agiter, aussi je crois que Léon – Paul et Malou se levèrent pour aller voir si le petit Jésus était né, j'entendis un dialogue à voix basse qui me fis rire : Léon – Paul disait :

—''Moi j’crois que la crèche c'est là qu'on met les bébés parce-qu’il fait chaud.

Malou lui répondit :

—''N'importe quoi ! C'est la maison du p'tit Jésus ! Après, sans grande surprise, les deux vinrent me voir et Malou se plaignit.

—''Louise, on n'arrive pas à dormir…

— ‘’ Écoutez Malou, allez dans votre chambre, et essayez de fermer les yeux, c'est pareil pour vous Léon – Paul, ne réveillez pas les autres. Je suis très fatiguée, alors ne m'embêtez pas s'il vous plaît.

—''A cause du p'tit frère ?

—''Oui, allez dans votre chambre. Lui répondis – je pressée qu'il sorte de la pièce.

Le lendemain et les jours suivants je restais au lit, épuisée par ces contractions douloureuses. Durant la soirée du premier au deux janvier, j'étais morte de peur. Je sentais l'enfant qui arrivait, la douleur, la fatigue, me faisaient transpirer énormément, mais personne ne venait m'aider. Sur les draps la tâche rougeâtre s'étendait, mais je n'avais pas la force de crier ou d'appeler Léon.

J'accouchais donc seule dans mon lit, crispant mes mains sur le drap maculé, me refusant à regarder ce qu'il se passait, pleurant de douleur, jusqu'à ce que, ayant trop mal, je veuilles bien l'aider à venir au monde. Je poussais, encore et encore, jusqu'à ce que je sente sa petite tête humide sous mes mains, que je tentais d'attraper.

Je le libérais dans un écoulement de sang, le soulevait par les aisselles, tel un miracle. Comme il était encore relié au cordon, je ne pouvais pas reposer mes jambes sur le lit, et me remettre dans une position plus pudique. La seule solution fus de rabattre le drap sur nous deux. Sanguinolent, froid et trempé, il criait, mais quand je le serrais fort contre moi, il se calma et je trouvais enfin la force d'appeler mon mari. Léon arriva en robe de nuit, et s’aperçut ébahi que son troisième fils venait de voir le jour. Dans un mélange de surprise, de joie et de dégoût du sang, il s’habilla et alla chercher le médecin. Celui - ci m'ausculta promptement d'abord, il retira le reste du délivre, puis s'occupa de mon fils, coupa le cordon qui me reliait encore à lui, le lava et l'emmaillota. Mon bébé du nouvel an était né, un petit bonheur. Je ne parvenais pas à m'endormir, trop heureuse d'avoir réalisé mon rêve pour cet enfant. Baptisé le lendemain, les enfants vinrent m'annoncer son prénom en chœur : Émile ! Tous heureux de cet enfant, la maison était plongée dans le bonheur, Léon avait son fils, les enfants leur petit frère, moi mon enfant chéri.

Peu de temps après la naissance, je reçu une lettre de Mathurin.

Chère Louise,

Je vous souhaite une joyeuse année 1776 ! J'ai épousé ce six janvier Augustine, tout s'est bien passé, Madeleine me prend déjà pour son papa, ce qui me rend vraiment très heureux, notre appartement convient à Augustine, qui est une bonne cuisinière, mais qui a exigé une nourrice pour Madeleine, ce que je lui ai accordé bien volontiers. J'attends de vos nouvelles,

Mathurin.

Mathurin,

Mon petit Émile est né ce premier janvier, nous nageons tous dans un océan de bonheur ! Il fait ses nuits depuis sa naissance, sa nourrice ne lui fait que des éloges, les enfants sont heureux, nous aussi. Je suis ravie que vos noces avec Augustine se soient bien déroulées, il ne fait en revanche pas très beau, la neige s'apparente à de la boue glacée, les enfants ne peuvent pas encore sortir jouer, je vous embrasse,

Louise.

Alors que je profitais de mes derniers jours alitée, Léon m'annonça que des voisins faisaient construire une maison près de chez nous, sans donner plus de précisions. Dès que je sortais du lit, et que la nourrice était soulagée des tâches ménagères, je sortais curieuse pour voir ce qui se passait à côté de chez nous. En effet, une maison se construisait juste sur le terrain à côté, j'étais ravie, nous ne serions plus isolés et auront des voisins.

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