Chapitre 26O: avril 1778

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Lorsqu'il apprit le décès de son cousin Paul par lettre, Léon s'effondra. Nous n'irions plus à La Rochelle, il ne deviendrait pas marin, nous n'irions pas vivre loin de Paris. Profondément soulagée, je pouvais reprendre mon souffle. Léon retrouva un cabinet à Paris, et le cours de notre existence pu reprendre. Mon mari vendit sa belle voiture et acheta à la place un plus modeste véhicule, à quatre places et avec une capote que l'on pouvait retirer en toile. Je n'avais même pas eu le temps de dire aux enfants que nous allions déménager que déjà nous ne partions plus d'ici.

Léon – Paul avait surpris son petit frère accroché à mon sein, il avait fait un caprice parce que lui aussi voulait redevenir un bébé. Il avait même tapé Émile pour récupérer la place auprès de moi. Je l’avais fait sortir de la chambre rapidement, il avait comme d'habitude crié et pleuré, mais je n'avais pas cédé à son caprice, il était désormais trop âgé pour cela. Mon p'tit rouquin était amoureux de moi depuis quelque temps, il cherchait souvent à m'embrasser sur la bouche et me disait qu'il se marierait avec moi plus tard. J'étais gênée, je ne savais quoi faire à part le punir encore et encore, surtout qu'il commençait à poser des questions sur son existence et sa conception, le simple fait que je lui explique ce c'était le Seigneur qui modelait chaque personne ne lui suffisait plus, il voulait désormais les détails.

Je donnais le bain à Léon - Paul lorsqu'il s'écria :

—''Maman ! J'ai la ''brique'‘ ! Regardez ! Me dit -il en montrant son intimité qui ne tenait pas en place.

Dégoûtée de si peu de pudeur, je giflais, assez fort je l’admets, mon garçon. Je lui criais que c'était immonde, dégoûtant, et très honteux. Je trouvais le corps sale, et encore une fois, un petit garçon d’à peine cinq ans n'avait pas à avoir de sexualité. Et puis, où avait -il acquis cette expression ? J'avais décidé que désormais il porterait une robe de bain pour se laver, je ne voulais plus jamais voir cela.

Ce matin-là qui aurait dû n'être qu'un matin banal et froid, fus pour mon amie Gabrielle le plus beau de toute sa vie. Elle arriva sans linge, mais avec le plus grand sourire que je n'avais jamais vu sur son visage.

—''Je vais avoir un bébé Louise ! Je vais avoir un bébé ! M'annonça-t-elle

—''Vraiment ?!

—''Oui ! Je l'ai senti bouger hier en me lavant, j'en suis sûre !

J'étais heureuse pour mon amie, un bébé était toujours une excellente nouvelle, surtout lorsqu'il était désiré depuis longtemps.

Gustavine rentrait de l'école en me demandant où était Lion, qui n'était plus dans sa niche. Je lui demandais de chercher avec Malou, sans doute était -il caché derrière la maison comme cela lui arrivait parfois ?

—'' Louise venez voir ! Me crièrent t - elles toutes deux depuis dehors.

Je les rejoignais précipitamment et m'attendrissait : Lion, couchée derrière la maison, léchait quatre petites boules de poils, ses chiots. Nous n'avions pas su qu'elle était gestante.

Bientôt, tous les enfants étaient réunis autour de la chienne, caressant les minuscules chiots qui couinaient, aveugles et roses. Malou s'exclama :

—''Vous avez vu ! Lion c'est une fille !

—''Non Malou, je te dit que c'est un garçon !

—''Pas de tutoiement Léon – Paul je vous en prie. Sermonnais – je mon fils

—''Alors vous allez avoir des bébés Léon – Paul ? Disait Malou moqueuse.

—''Arrêtez de raconter n'importe quoi les enfants, laissez Lion tranquille et surtout ne dites rien à Léon ce soir.

Émile, qui n'avait pas dû écouter mes recommandations, annonça le soir venu à son père :

—''Léon ! Lion bébé ! Lion bébé !

—''Comment cela ? Elle était gestante ? Me consultait Léon, alors que je regardais déjà Émile avec des yeux noirs.

—''Dites-moi. Était-elle gestante ?

—''Oui puisqu'elle a eu des petits ! S'exclama Malou énervée

—''Vous Marie – Louise Meursault, vous ai – je posé une question ? Répondez !

—''Non…

—''Quelle est la règle ? Redites-moi la règle lorsque nous sommes à table, qui est valable aussi pour Émile ?

—''On ne doit pas parler sauf si une question nous a été posée…

—''Voilà ! N'est - ce pas assez clair ?

Nous terminâmes le repas dans un silence de mort angoissant, seul le bruit des cuillères dans les bols résonnait dans la pièce.

Après le souper, j'envoyais les enfants enfiler leur robe de nuit et se rincer la bouche, et profitant de cette absence, inquiète pour les chiots de Lion, je sondais mon mari.

—''Qu'allez-vous faire des chiots ?

—''Pas question d'avoir une meute de chiens à la maison. Ce soir j'irais les noyer.

—''Oh non… Que dirais – je aux enfants ?

—''Vous n'aurez qu'à leur dire que le chien les a mangés, cela arrive souvent pour les premières portées. Sinon, développez votre imagination.

Avant que je ne souffle la bougie, Léon – Paul me posa deux questions avec beaucoup de sens, qui me chamboulèrent énormément.

—''Pourquoi papa ne vient -il jamais me voir ?

'' —… Votre père c'est Léon, pourquoi me demandez-vous cela ?

—''Non, maman, c'est comme le Saint – Nicolas, je sais qu'il n'existe pas ici mon papa.

—''Comment vous pouvez croire cela ? Vous n'avez qu'un seul père et c'est Léon, fin de la question ! Que voulez-vous me dire d'autre ?

—''Pourquoi vous ne voulez pas que mon papa il vienne ? Un papa c'est un amoureux non ?

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