Chapitre 26I: décembre 1777 - janvier 1778

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Le jour de la Saint – Nicolas, et c'est comme cela que je savait que Léon avait beaucoup perdu en bourse, les enfants ne reçurent presque rien. Juste un fruit chacun. Alors que Gustavine et Malou digérèrent leur déception, Léon – Paul fit une crise de larmes, trop déçu et Michel cru que l'on s'en était encore pris à lui.

—''Pourquoi moi je n’ai même pas pu rencontrer mon père?Pourquoi moi je n’ai pas eu de cadeau? Si c'est parce que je suis aveugle, alors vous êtes trop méchants avec moi, parce que ce n’est pas de ma faute !

—''Michel… Michel calmez-vous et cessez de tout remettre sur votre handicap, personne n'a eu de cadeau, c'est comme ça. Je vous emmènerais voir votre père un jour…

Léon tenta de me rassurer sur la situation de la famille mais cela ne prévoyait rien de bon. Il avait trop placé en bourse, avait beaucoup perdu et voilà que nous nous retrouvions dans une situation dont lui seul tenait désormais la clef pour en sortir.

Madeleine m'adressa cette lettre, que je reçu vers le quinze décembre.

Louise,

J'espère que tout se passe bien ici, je souhaite ainsi le quatrième anniversaire du décès de Camille, nous nous sommes rendus au cimetière ensemble le jour de ses trente et un ans, sachant que je ne pourrais plus après le déménagement. Concernant notre changement d'appartement, j'ai pu le voir une fois et celui – ci est beaucoup plus vaste pour la grande famille que nous sommes aujourd'hui et les deux nourrices. Nous quittons notre appartement trop petit le vingt – cinq décembre, jour de la naissance du Christ. Notre cinquième fille a vu le jour le six décembre à midi pile, au moment où les cloches annonçaient le milieu de la journée, Louis était présent ce jour-là, libéré pour la Saint – Nicolas. Voir mon époux pleurer en voyant sa fille m'avait bouleversée, vous imaginez bien que ce n'était pas de la joie. Elle s'appelle Claude, comme le prénom que voulait donner Thérèse a son enfant, mais ce n'est pas pour cela que nous je l'ai prénommé ainsi : Claude était le prénom de ma grand – mère paternel, que j'ai connue jusqu'à mes cinq ans seulement mais dont je garde un souvenir mémorable et fabuleux. C'était une femme tellement douce et gentille avec mes frères et sœurs et moi que je ne me voyais pas prénommer ma dernière fille autrement. Sinon, tout va bien, je vous écris depuis mon lit, je suis en rémission et ma dernière-née dort profondément près de moi dans son berceau. Nous avons fait tirer le portrait des sœurs le jour même où je vous écris, mais Anne n'avait pas envie, c'est pourquoi le peintre a dû modifier son visage et ce n'est pas très réussi, elle fait la moue, elle est très petite je comprends, sa nourrice n'a pu faire que la consoler. Louis vient de repartir travailler, profondément déçu de cet enfant dont il espérait que ce soit un mâle. Que voulez-vous ? Dieu avait décidé que ce serait ainsi. Portez-vous bien et envoyez-moi de vos nouvelles,

Madeleine.

Chère Madeleine,

Félicitations pour votre enfant, quel bel hommage que de lui donner le prénom d'une personne aimée profondément ! Est – ce réel que Louis pleura ? La déception doit être extrêmement douloureuse pour lui, rassurez-le, il doit être inquiet aussi. De notre côté, Émile marche, Malou vient d'entrer à l'école, tout s'est bien passé, sauf peut - être son angoisse le matin même vite évaporé, au mois d'août je l'avais emmené voir son père et son frère, que d'émotions ! Jamais je n'avais vu Auguste aussi heureux envers ses enfants. L'hiver est très doux, plutôt chaud même ici, je ne sais si Paris connaît les mêmes températures, mais nous ne sommes pas prêts de revivre l'hiver de 1776, qui avait bien faillit nous coûter la vie à tous et qui avait fait mourir Caroline. J'espère que vous vous en sortez avec vos enfants, que Françoise suit bien ses études, que Louis se remettra de la naissance de sa cinquième fille. bien affectueusement,

Louise.

Pour les deux ans de mon fils Émile, je sortais la draisienne de Léon – Paul de l'endroit où je l'avais rangée, il piqua une crise terrible, revendiquant le droit de posséder pour lui tout seul ce jeu avec lequel il n'avait même plus l'autorisation de jouer, à cause de sa jambe qui ne guérissait pas. Émile, tout emmitouflé, hésitant au début, se lança sur le petit engin avec énergie et en pris la possession. Léon – Paul grognait et si je ne l’avais pas retenu, je crois qu'il aurait frappé son frère, épris d'une jalousie forte et presque incontrôlable. Léon – Paul se débattait quand je le retenais par le bras :

—''C'est ma draisienne ! C'est ma draisienne ! Émile est méchant ! Il me vole mon jouet !

Jamais je n'avais vu mon garçon pris d'une telle rage et d'une telle haine envers ce petit frère, dans mon dos, ils se battaient, je le savais, et Émile pleurait en se frottant les yeux.

—''Mamannnnnnn… Léopol a tapé Mile … Pour calmer les choses, il n'y avait qu'à les séparer, je savais que cela passerait.

Le lendemain, ils passèrent la matinée à jouer autour d'un jeu de billes, riant et se taquinant, mais l'après – midi, les deux enfants se tapèrent dessus avec acharnement en pleurant chacun sans comprendre pourquoi ils se frappaient, tandis que le soir ils étaient tous deux sages et complices à écouter l'histoire. Cela était très étrange, comme si alors qu'ils jouaient ils avaient besoin de se défouler et de s'imposer chacun, avant de reprendre leurs esprits tranquillement. Les relations dans une fratrie étaient toujours complexes, mais la rivalité entre Émile et Léon – Paul s'était déclarée subitement, quand Émile avait commencé à prendre sa place de bébé.

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