Chapitre 26H: septembre 1777

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Lorsque Gabrielle vint me voir en riant une froide après – midi de fin septembre, et me pria de la suivre, je ne me doutais pas de ce que j'allais voir. Près de l'étang, un homme entièrement nu se pavanait devant une jeune femme au bord de l'eau, sans aucune pudeur. Je me cachais les yeux en cherchant à partir.

Gabrielle ria.

—''Que se passe-t-il ? Vous n'avez jamais vu un homme nu ? N'est – ce pas drôle de savoir qu'il ne nous voit pas ?

A peine écartais – je les doigts que je pu voir son torse velu. Je me mis à rire jaune en resserrant les doigts, non je n'avais jamais vu un homme nu. Choquée, j’attendais qu’elle me dise lorsqu’il partirait, devant mon amie curieuse.

—''D'où venez - vous Louise ?

—''De Paris, comme vous je pense, mais ce n'est pas dans mon éducation. Ma tante m'a élevée avec pudeur et respect des hommes, et non, même si cela vous choque, je n'ai jamais de telles choses, c'est dégoûtant et sans intérêt de toute façon. Je vais rentrer, je crois que je suis gênée, et puis vous avez vu ma réputation, si l’on apprend que j'ai espionné un homme de plus nu, je suis morte.

—''Vous n'avez vraiment jamais vu le sexe d'un homme ? Vraiment jamais ?

—''Jamais.

—''Jamais ? Vous êtes sûre ?

—''Non Gabrielle ! Quel intérêt ?

—''Moi je ne vous crois pas.

—''Eh bien pensez ce que vous voulez, mais moi j'ai de la pudeur.

Gabrielle riait encore quand je décidais de rentrer à la maison, j'étais un peu agacée qu'elle ne me croit pas, alors que je disais la vérité.

Mon amie m'avait surprise, je la croyais discrète, pudique et avec une certaine éducation, mais elle venait de me prouver tout le contraire. Concernant la jeune femme qui accompagnait l'homme, je la croisais souvent au lavoir, et je ne la regardais plus de la même manière désormais.

L'hiver arrivait, et je craignais que nous ne repassions un mois de novembre ou décembre aussi terrible que l'an dernier, mais pour l'instant, tout s'annonçait bien, les températures étaient même plutôt hautes pour la saison. La neige n'arriva pas, mais ce fus tant mieux, nous n'eûmes pas trop froid. Lion était restée dehors, tant il ne faisait pas trop froid, attachée seule dans sa niche de bois, guettant l'arrivée du facteur, aboyant comme un loup à son arrivée. La bête mangeait nos restes, rongeait les os du poulet le dimanche, et quand un des enfants était assez malin pour cacher son assiette pleine de soupe sur ses genoux sous la table, et que nous ne l'attrapions pas, il allait le déposer discrètement près de Lion, qui finissait d'un coup de langue le plat.

Une fois, Léon – Paul imité par Émile avait insisté durant tout le repas pour avoir un autre petit frère. Très gênée, je m’offusquais que Léon le laisse dire, un jeu cruel pour me faire m'agacer, me donner la honte. J'avais pourtant été formelle sur le fait que je ne voulais pas d'autres enfants. Mon mari en revanche avait bien du mal à ne pas y songer, pour lui, sa paternité n'était pas encore comblée.

Mes deux fils biologiques me suffisaient, surtout que je devais faire office de mère pour Gustavine, Michel et Malou, bien que je me considère toujours envers eux comme une belle – mère et une tante. On m'appelait simplement Louise, tandis que pour Léon – Paul et Émile, c'était maman, la seule manière dont ils m’avaient toujours appelé. Pour Léon, c'était tout simplement par son prénom, je ne sais pourquoi, sans doute était -il trop peu proche d'eux pour recevoir une appellation de Papa ?

Les enfants aimaient éplucher le calendrier et noter leurs anniversaires (comme s’ils allaient l'oublier), je me souvenais de tous : pour Gustavine, c'était le sept février, Michel le huit, Malou le treize septembre, Léon – Paul le seize juillet et Émile, le premier janvier. Dans ce calendrier, je notais surtout les dimanches de messe, histoire d'avoir un repère dans le temps, en effet comme je restait en permanence à la maison, j'avais tendance à perdre la notion des jours. Je notais aussi les adresses de ma famille, les anniversaires de chacune des filles de mon frère, de toute la famille en fait, à chaque naissance il y avait une nouvelle date et quand un décès survenait, j'ajoutais simplement une seconde date, celle de la mort, pour me souvenir des dates d'anniversaire des décès. Ce calendrier était très important pour moi, et tous les ans j’allais en racheter un nouveau, et passais mes soirées à le remplir de nouveau de dates et d'adresses en tous genres.

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