Chapitre 27H: janvier 1779

5 minutes de lecture

Pour l'anniversaire de ses trois ans, je lui offrais de petits soldats de plombs, et un pistolet a élastiques, la première fois il pleurait car il n'avait pas su bien lancer les élastiques qu'il s'était douloureusement tiré dans la main, mais ensuite, il y jouait sans cesse avec François qui lui, avait compris du premier coup. J'avais réfléchi à lui acheter un pantalon, mais j'avais décidé d'attendre encore un an, histoire qu'il reste mon bébé encore un petit peu de temps.

La jument de Léon fit une colique, peu de temps après le nouvel an de l'année 1779, elle souffrait mais il n’eut même pas à l'abattre, puisqu’elle s'effondra dans l'écurie avant qu'il n'ait pu prendre le fusil. Suite à ce tragique décès, il acquis une vieille jument de dix ans, qui au moment de son achat était pleine de six mois environ.

Je restais bouleversée lorsque je retrouvais le livre de Camille au fond de mes affaires, '' les baisers du mois de mai '', que j'avais lu depuis le temps mais que j'avais oublié de lui rendre, je me promettais, la prochaine fois que j'irais prier sur sa tombe, d'honorer ma promesse. J'avais trouvé ce livre magnifique, c'était une histoire d'amour idyllique, une de celles qui nous faisait toutes rêver. Ma sœur avait de bons goût de lectures.

Ma nièce n'aimait pas l'école mais elle faisait des efforts, je lui promettais qu'elle pourrait arrêter ses études à quatorze ans, si vraiment elle ne voulait pas aller plus loin, mais qu'en attendant, elle devait apprendre assidûment.

Quand j'apprenais par Émile que Lion avait fait une nouvelle portée de chiots, j'étais bouleversée. Léon allait encore les noyer, et cette fois ci, Malou et Gustavine voulaient garder un chiot chacune sur les six de la portée. J'avais bien du mal à les empêcher de cacher Lion derrière la maison pour la laisser s'occuper de ses bébés, Léon – Paul me disait même :

—''Maman, vous avez vu, elle les aime bien ses bébés, moi je suis sûr qu'elle ne va pas les manger comme la dernière fois.

Il me toucha, avec sa naïveté d'enfant.

Je lui répondais :

—''Si vous ne voulez pas qu'elle les mange, je vous conseille de ne rien dire des chiots à votre père.

Ils tenaient tous le secret, cette fois, les chiots avaient peut -être une chance de rester en vie. Lorsque mon mari rentra le soir, il ne sut rien, nous restions impassibles.

Malheureusement, au fil des semaines, les chiots grandissaient vite, et devenaient curieux, joueurs et taquins avec leur mère. Moi, j'étais attristée de me rendre compte que l'on ne pourrait rien faire d'eux, et cela me donnait des élans de folie, mon cœur battait vite. Une nuit, j'avais mal au ventre, j'étais rendue stressée par ces chiots qui risquaient de provoquer la colère de mon mari, j'étais fatiguée aussi, alors je me levais péniblement et me rendais au rez de chaussée, dans le craquement du bois des escaliers.

Éclairée à la lumière de la bougie dont la flamme dansait, grandissait, rapetissait au cause du vent qui me faisait craindre qu'elle ne s'éteigne, j'enfilais mes chausses, ma veste, trouvais le sac où je rangeais les pommes de terre, le vidait et me rendais dans le jardin, au fond, derrière la maison, là où Lion dormait avec ses chiots. Inquiète de la réaction de ma chienne, je la flattais d'abord, elle grogna, ses petits se réveillèrent. Par sa chaîne, je l'emmenais de l'autre côté du jardin où je l'attachais à un arbre. J'attrapais un par un les chiots, qui tentaient de se sauver, et les fourrais dans mon sac, ils se débattaient et mordait la toile. Lion aboyait, la queue dressée, les oreilles en alerte, tirant de toutes ses forces sur sa chaîne et appelant ses chiots qui couinaient. Bien heureusement pour moi, même si mon mari se réveilla et alla voir à la fenêtre de sa chambre pour crier au chien de se taire, on n'y voyait rien.

Je jetais le sac sur mon épaule et marchais vers le muret de la cour. Mon élan de fatigue me permettait de faire le reste : battre encore et encore le sac contre le mur, sans s'arrêter, jusqu'à ce qu'ils ne couinent plus. Assurée qu'ils étaient tous morts, je jetais le sac suitant de sang par-dessus le muret et retournait me coucher, enfin si j'avais pu, puisque Léon était descendu pour refermer la porte d'entrée en entendant le chien aboyer. J'étais morte de peur, on allait savoir que j'avais cruellement tué les chiots, et puis, j'avais froid, seule, dans le noir, dans le vent glacial du mois de janvier, les jambes nues, avec une petite veste seulement pour protection.

Comme solution, je n'avais que frapper à la porte pour que Léon m'ouvre, ce que je fis, n'ayant plus aucune autre solution. Il m'ouvrit bien, mais avec une grimace d'énervement. Je redoutais sa réaction.

—''Espèce de putain ! Je ne veux pas savoir ce que vous faisiez ! Hurla-t-il en m'attrapant par les cheveux.

—''Lâchez moi… Léon lâchez moi ! Je vous promets ce n'est pas ce que vous croyez… !

Il me tira dans ma chambre et referma violemment la porte, j'étais choquée et bientôt les larmes me montèrent aux yeux.

Lorsque je me levais le lendemain matin, assez tard puisque ma nuit avait été mouvementée, Léon était parti au travail. Je m'occupais des enfants avec la peur qu'ils ne découvrent le sac, surtout après que Malou et Gustavine aient constaté la disparition des chiots, et que Lion pleurait comme la première fois.

Je ne voulais pas sortir de chez moi pour ne pas voir le sac, l'horreur que j'avais provoqué, mais malheureusement, elle vint à moi.

On frappa à la porte, j'allais ouvrir. C'était cette abrutie de Suzanne.

—''Bonjour Madame Aubejoux, j'ai trouvé ce sac devant votre grille, c'est sans doute un imbécile qui s'amuse à tuer les pigeons, mais je vous le rends puisqu'il était devant chez vous.

Sans que je ne puisse prononcer un mot, elle déposa avec un sourire mesquin le sac sur le seuil, avant de vouloir partir. En effet ce ne fus qu'une intention, puisque dans ma colère, je l'attrapais par la manche, avant de lui tirer violemment les cheveux, cette garce ne s'en sortirais pas comme ça. Je la mettais à terre et la frappais au visage, elle se débattait, j'y mettais toute ma force, avant de réaliser que j'étais ridicule et la laisser se relever. Elle me cria toute décoiffée et choquée par ma violence :

—''Vous êtes folle, malade, handicapée ! On devrait vous faire interner, pour le restant de vos jours !

Avant de repartir pressement. Le sac lourd et ensanglanté, je le jetais loin de la maison, pour qu'on ne retrouve pas son propriétaire. Lion aboyait, dans son désespoir de mère endeuillée, j'aimais mon chien et j'avais peur que Léon ne lui fasse du mal.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 3 versions.

Vous aimez lire Lanam ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0