Chapitre 27F: septembre 1778

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Émile avait l'air pressé d'arriver, puisqu'il monta les marches du luxueux immeuble quatre à quatre. Une fois arrivé au palier, il s'apprêta à reprendre les escaliers, mais je l'arrêtais car Louis ne vivait pas plus haut. Je frappais, la nourrice que je reconnu ouvrit la porte.

—''Bonjour, je suis la sœur de Louis, la famille Châteauroux est -elle là ?

—''Bien sûr, entrez.

Nous suivîmes la nourrice jusqu'au salon où Madeleine assise devant la grande cheminée distrayait avec un petit hochet un bébé de quelques mois. Au début elle ne me vit pas, mais la nourrice l'informa de ma présence et ma belle – sœur s'exclama :

—''Oh Louise c'est vous ! Et lui c'est Émile, mon dieu comme il a grandi !

Elle se leva avec le bébé dans les bras, et m'embrassa. Elle tourna son regard vers son enfant et me la présenta.

—''Voici Claude, elle a neuf mois, souhaitez – vous la prendre dans vos bras? Oh mince il faut la changer… Jeanne ! Jeanne !

Une deuxième nourrice arriva bien vite et récupéra l'enfant. Puis Madeleine me proposa un thé, appela la bonne, qui auparavant servait de nourrice, mais qui, depuis la naissance de Claude, était plutôt une servante, et celle – ci versa le thé brûlant dans ma tasse. Je parlais à Madeleine, qui s’interrogeait sur l'absence de Léon – Paul, de ses crise d'asthme et de sa jambe.

En buvant elle se tourna vers Malou, l'air confuse :

—''Je suis désolée Malou, vous ne verrez pas Françoise, elle est aux études, mais pour Émile, je peux appeler mes filles… oui de toute façon elles vont venir, il faut qu’elles saluent tout de même ! Victoire ! Anne ! Henriette !

Les trois petites filles accoururent, Anne avait deux ans, Victoire trois ans, et Henriette venait d'avoir quatre ans, elles m’embrassèrent, leur parfum était embaumé de lavande et leurs cheveux bruns, impeccablement peignés, étaient soyeux et sentaient tout aussi bon.

La nourrice ramena Claude au salon, et hésita, avant que Madeleine n'efface ses doutes :

—''Apportez la - ici s'il vous plaît Jeanne.

Madeleine récupéra sa fille et me la tendit, je la prenais, si légère, elle ne faisait pas ses neuf mois, mais plutôt un bébé de six ou sept mois, elle n'avait pas de cheveux, mais des boutons, causés comme d'habitude par un bonnet serré autour de sa tête. Alors qu'à cet âge, un enfant chercherait à se mouvoir, et bien qu'elle porte une ample robe, Claude ne faisait aucun progrès de déplacements. Cela n'avait pas l'air d'inquiéter ma belle – sœur, qui se disait bien qu'elle finirait bien par marcher un jour de toute façon.

Émile, invité par Victoire, rejoignit la chambre des filles, toutes fières de lui présenter leurs jouets, que ce soit des poupées, des peluches ou des dînettes… Malou, mal à l'aise et ennuyée, agitait compulsivement ses pieds, assise près de moi sur le canapé. Louis n'était pas là, encore au travail.

Madeleine et moi discutâmes quelques temps, avant qu'elle ne me propose de rester pour manger ce midi, c'était ce que j'attendais à vrai dire. La bonne dressa la table, installa les petites en leur demandant leur prière, avant de les servir en poisson. Nous nous installâmes aussi autour de la grande table, nous priâmes, avant de pouvoir manger.

J'avais honte de dire que c'était la première fois de ma vie que j'en mangeais, je me forçais mais je détestais cela, comme Malou, qui tentait d'être discrète, Émile lui, au début septique, adorait et se resservait même. Le poisson était un met cher, puisqu'il venait de loin, mais Madeleine avait l'air d'en manger souvent. Son mari avait de l'argent, et souvent elle me parlait de leur rêve d'aller vivre dans le sud de la France avec leur petite famille, mais ils attendaient que Claude ait deux ou trois ans, elle avait une santé fragile et le voyage risquerait d’aggraver son état.

En fin d'après – midi, Louis rentra, mon cher frère m'embrassa et proposa, lorsque je voulu rentrer pour retrouver Michel et Gustavine, de me ramener à Montrouge. Ce n'est que devant la maison, au moment de lui dire au revoir, que je repensais à France, j'avais oublié d'aller la voir dans la bonté de mon frère. Un peu confuse, je relativisais en me disant que tant qu'elle n'en savait rien, tout irait bien.

Michel avait beaucoup vomi ce jour-là, dès mon retour je le veillais, pour tenter de le rassurer. Le médecin était venu lorsque Gustavine s'était sentie dépassée par le mal de Michel, elle avait bien fait, car les potions de Monsieur Louis l'avait bien soulagé. Je redoutais la nuit suivante, que je savais longue et fatigante, et mon instinct était plutôt bon.

Le soir il refusa de manger quoi que ce soit, et ce qui m'inquiétait d'avantage, de boire, vomissant la moindre goutte d'eau. Quand je le couchais ce soir-là, j'aurais espéré qu'il me laisse dormir quelques heures au moins, mais ce fus qu'un espoir, puisqu'à peine une heure après, il se relevait, très pâle, en venant me voir dans mon lit, et se plaignait de douleurs au ventre.

—''Pauvre Michel… Que pourrais - je faire pour vous ?

A peine une minute plus tard, il se remettait à vomir. Je lui donnais la bassine encore et encore, jusqu'à ce qu'il s'endorme, exténué par ces douloureuses purgations, qui lui raclait l'estomac et lui irritait la gorge. Moi aussi je finissais par m'endormir, avant d'être réveillée au milieu de la nuit par l'enfant qui vomissait à nouveau, le pire c'était qu'il n'avait plus rien à vomir, et qu'il souffrait beaucoup, avait-il besoin de cela dans son malheur déjà présent et les souffrances morales que sa cécité lui causait ?

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