Chapitre 28G: janvier 1780

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Je parlais de sa première communion à Malou, qu'elle effectuerait avec son frère aîné au mois d'avril prochain, nous devions choisir sa robe, aussi pour éviter de racheter un vêtement, je lui donnais ma propre robe de première communion, qui était aussi celle de sa mère, elle lui allait parfaitement. Ma nièce se pavanait en chantonnant comme si elle se mariait.

—''Ce n'est pas une robe de mariée Malou… Si vous voulez essayer la robe de noces de votre mère, venez ici, je l'ai soigneusement rangée, peut – être la porterez-vous le jour de votre mariage ?

Je lui enfilais la robe de mariée de Camille, sans le corset bien sûr, elle était beaucoup trop grande, mais cela faisait remonter des bons souvenirs jusque-là enfouis au fond de mon esprit, elle lui ressemblait tant. Ma nièce restait un temps dans la robe de sa mère, avant que je ne la range soigneusement. Curieusement, elle me demandait:

—''Louise, quand est – ce que je pourrais porter un corset ? J'ai une de mes amies qui en porte un.

—''Un corset ? Je ne sais pas, mais pas tout de suite en tout cas. Gustavine à douze ans et elle n'en porte pas encore, alors vous avez le temps.

—''Pourquoi les femmes portent -elle cela ?

—''Pour avoir une taille fine et soutenir la poitrine, mais c'est douloureux et gênant dans la vie de tous les jours. Moi, je n'en porte plus que pour les sorties importantes. Une chemise et une robe font bien l'affaire pour rester à la maison.

Joséphine continuait d'enseigner le clavecin à Michel, il jouait bien maintenant et son extraordinaire soif d'apprendre lui permettait de progresser vite malgré son handicap.

Cette année, Léon – Paul entrerait à l'école. Il avait hâte et il me demandait sans cesse lorsqu'on serait au mois de juillet pour ses sept ans. Il savait déjà écrire son prénom, et il avait appris à son frère à tenir la plume, mon Émile se débrouillait bien. Madeleine m'envoyait une lettre, pour savoir si les enfants voudraient repartir cet été avec leurs cousines, et comme je connaissais déjà leur réponse, je lui répondais sans même les consulter. Mes fils partiraient donc durant les mois de juillet et août, et Léon – Paul ferait sa rentrée en septembre.

La musique donnait confiance à Michel, il parlait plus, se faisait moins discret avec nous, et grâce à son éphéméride en relief, dont il arrachait chaque soir une page, tandis que le matin suivant il lisait la date du jour avec les doigts, il avait la notion du temps, sans devoir me demander chaque jour. Il décomptait jusqu'au jour de son anniversaire, le huit février, et le jour venu, comme j'étais bien décidée à lui faire plaisir, nous fîmes un gâteau, je l’aidais à casser les œufs, à ajouter le sucre, la farine, il mélangeait la pâte, et enfin quand le gâteau était cuit, il planta les huit bougies. Tout fier, il expliqua longuement à ses cousins et à sa sœur la recette du gâteau qui était délicieux. C'était son cadeau pour ses huit ans. Mon cadeau à moi, c'était de le voir sourire et parler insouciamment.

Pour empêcher Lion de faire une nouvelle portée, je l'attachais court dans son tonneau la nuit, pour éviter les visites incongrues des mâles qui traînaient dehors. C'était un bon chien, mais les enfants ne s'en occupait pas beaucoup, c'était moi qui lui apportait les restes après les repas, qu'il neige, qu'il pleuve ou qu'il vente, elle devait être nourrie. Nous mettions parfois un peu de paille dans son tonneau pour l'isoler du froid, quand il ne faisait pas non plus assez froid pour la faire rentrer dans la maison.

Mon mari avait racheté des lapins auprès de Jean, le mari de Gabrielle, les deux hommes s'entendaient plutôt bien, quand ils se croisaient, je les voyais se serrer la main amicalement. Cet hiver-là, pour la première fois, d'ailleurs je ne sais ce qui avait déclenché l'idée a mon mari, Gabrielle, Jean et François vinrent prendre un souper à la maison, nous parlâmes chacun de notre côté, tandis que les enfants jouaient à l'étage.

François et Émile, coiffés de chapeaux et de tuniques de chevaliers, dévalaient les escaliers en riant, en se poursuivant un bâton à la main autour de la table. Ensuite ils remontaient et je les entendait se bagarrer sur le lit. Des jeux d'enfants innocents et naïfs, qui je le savais, me manqueraient dans quelques années.

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