Chapitre 28D: juillet 1779

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Madeleine,

J'espère d'abord que tout se passe bien avec les enfants, que vos filles s'entendent avec leurs cousins et leur cousine, que tous profitent bien de la maison et de l'été loin des tumultes de Paris. Je voudrais souhaiter un bon anniversaire de ses six ans à Léon – Paul, je sais qu'il vous en parlera toute la journée, bavard comme il est, mais je tiens à le lui souhaiter. Dites à mes fils et à Malou que je pense à eux et que tout se passe bien à la maison. La mère de Léon, assez âgée, vient de décéder et je pensais profiter de l'enterrement pour venir vous voir, mais je repensais au fait que vous n'étiez pas chez vous ! Comme je ne pourrais pas vous renvoyer de lettre, vous souhaiterez de ma part un joyeux anniversaire à Henriette le quatorze août, cinq ans si je ne me trompe pas ? Sur ces réjouissances, je vous souhaite un bel été, Michel profite bien, même s’il était profondément déçu de ne pas partir, mais bon, je préférais qu'il ne parte pas plutôt qu'avec des gens trop peu courageux pour s'occuper d'un enfant simplement un peu différent. Il mange seul, se lave seul, s'habille presque seul, que demandez-vous de plus ? Michel est un enfant qui ne doit pas souffrir de sa différence, et encore moins être exclu des autres enfants. Portez-vous bien vous et votre petite famille, et embrassez Émile, Léon – Paul et Malou de ma part.

Avec mes plus sincères sentiments d'affection, Louise.

Sans doute vexée, elle ne me répondit pas, mais j'avais dit ce que je pensais des gens comme elle. Je l'aimais bien, ma belle – sœur, mais je ne supportais pas qu'elle exclue Michel, alors qu'il faisait beaucoup d'efforts pour devenir progressivement autonome.

Un ordinaire jour de juillet, on vint frapper à ma porte. Comme je flânait dehors dans mon jardin avec Gabrielle, c'est Gustavine qui vint me chercher, presque paniquée.

—''Il y a un homme qui vous demande Louise.

—''Vraiment ? Excusez-moi un instant Gabrielle.

Je traversais la maison en vitesse, envisageant chaque situation, de la plus grave à la plus bénigne, mais aurais-je seulement pu imaginer ce qui m'attendait ?

J'ouvrais la porte et mon cœur se mettait à battre la chamade, si fort que mes mains se mirent à trembler, je n'avais pas de mot pour parler. Il me regardait de ses yeux qui n'avaient pas changé, il souriait, de ce sourire qui parlait pour lui. Nous nous regardâmes longuement, puis il me prit les mains et en baisait les paumes avec amour.

Quand enfin, je revenais sur terre, je le faisais entrer. Tandis que nous montions à l'étage, je lui parlais.

—''Léon – Paul n'est pas là, il est en vacances chez son oncle et sa tante. Je n'avais pas de nouvelles de vous depuis des mois, j'étais très inquiète, allez-vous bien seulement ?

—''La vie suit son cours, Madeleine, Rose et les deux Augustine vont bien, elles grandissent vite.

—''Les deux Augustine ?

—''Oui, ma dernière-née et mon épouse.

Nous entrâmes dans la chambre, aussi il m'embrassa passionnément, cela faisait si longtemps que je n’avais pas reçu l'amour d'un homme que je versais quelques larmes, aussi tant je l'aimais, tant il m'avait manqué, tant j'étais folle de désir pour lui.

Allongés nus dans le lit après l'étreinte, je caressais son torse viril, il passait sa main dans mes cheveux, nous avions les yeux dans le vague, perdus dans nos esprits, dans notre amour. C'est seulement lorsque j'entendis Michel tomber dans les escaliers que je reprenais mes esprits. J'embrassais Mathurin une dernière fois avant de me lever pour me rhabiller et aller aider mon neveu. Pour ne pas faire douter mon mari ce soir, je me recoiffais parfaitement, comme si rien ne s'était passé.

Mon amour quittait la chambre avec moi, il devait rentrer chez lui, pour retrouver ses filles et sa femme. Après son départ, je m'occupais de Michel qui pleurait, en me voyant, il me tendait les bras comme un bébé qui voulait l'affection de sa mère, il s'était fait mal au dos en voulant monter l’escalier seul.

—''Maman… je … veux… ma maman… Sanglotait-t-il

—''Chuuuuuuut… je suis là… Le rassurais - je doucement en caressant ses cheveux

Il me bouleversa, dans ses paroles je réalisais que personne ne pourrait remplacer l'affection de sa mère disparue et qu'il souffrait de son absence, bien qu'il ne le dise pas et qu'il ne se souvienne même plus de son visage tant il était petit à son départ.

La visite imprévue de Mathurin m'avait donné des ailes, je me sentais mieux, mais je regrettais que nous n'ayons pas pu parler davantage. C'était la première fois que je trompais mon mari, mais je n'éprouvais aucun remords, je ne pouvais pas savoir si lui ne me trompais pas non plus, et puis tant qu'il n'en savait rien, je me disais que tout irait bien.

Je ne sais ce qu'il l'avait poussé à venir me rendre visite ce jour-là ni même de quelle manière il était venu jusqu'ici, mais il ne revenait pas le lendemain. D'un seul coup j'avais peur, et si cette visite était destinée à me dire adieu ?

Cette question me tartinait l'esprit, j'avais peur de ne plus le revoir, si au moins il n'était pas revenu, mais il avait ravivé la flamme avec cette visite. Peu de temps après, alors que je jetais un œil au journal de Léon, tout s’écroulait.

Son frère, son épouse, ses filles,

Sa belle – sœur, ses neveux et nièces,

Sa belle - famille,

ses amis,

Vous annonce avec peine le rappel par Dieu de Mathurin RICHARD,

Survenu le 28 juillet 1779 dans sa trentième année.

Une cérémonie religieuse sera célébrée le 1er août, en l'église Sainte – Geneviève de Paris.

Bouleversée, je pleurais longuement sur cette page du journal que je déchirais avec force, c'était le père de mon petit garçon de six ans…

Déchirée, je tentais de faire face, mais c'était trop dur. Étant absente au fond de mon lit, perdue dans mes pensées douloureuses, dans mes larmes, j'inquiétais autour de moi. Le soir, c'est Gustavine qui s'occupait du repas, aussi Léon venait me voir, plutôt inquiet.

—''Que se passe-t-il enfin ? Vous êtes malade ?

—''Laissez-moi Léon s'il vous plaît.

—''Mais enfin...

—''Laissez - moi ! Le coupais – je

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