Chapitre 29B: mai 1780

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Quand on entrait par le petit portail dans la cour, notre chienne Lion se levait précipitamment et sortait de son tonneau en aboyant désagréablement, montrant parfois les crocs. C’est là que l'on pouvait faire grâce à sa chaîne, qui la retenait bien, elle tirait beaucoup dessus, comme si quelques centimètres gagnés lui permettraient de vous sauter dessus.

Après avoir parcouru la cour, quand même assez grande, où les enfants jouaient parfois, on entrait dans la maison, par une simple porte de bois, décorée d'une guirlande de houx, que l’on n’enlevait jamais, et qui trouvait seulement son utilité lors des fêtes de fin d'année. On arrivait directement par le salon, l'hiver la cheminée chauffait l'endroit, et c'est pourquoi on pouvait sans cesse entendre: Fermez la porte ! La chaleur sort ! Il y avait un canapé, où les enfants chahutaient souvent, le soir je me mettais là pour lire, boire mon thé ou encore parler avec mon mari, qui lisait son journal les lunettes sur le nez assis dans son fauteuil fétiche, les jambes croisées, pour se donner un air sérieux.

Un autre fauteuil de velours était installé près du canapé, aussi au sol nous avions du parquet grinçant et vieux, dont les lattes se soulevaient au moindre pas, j'avais vu plusieurs fois Léon – Paul explorer ce qu'il y avait dessous, que poussière et insectes morts. Un grand tapis complétait la pièce, la plus chaleureuse de la maison, celle dans laquelle nous passions nos longues soirées d'hiver.

Dans une petite pièce isolée du salon, se trouvait la cuisine, il n'y avait que moi qui y passais du temps, seule pièce carrelée de la maison, souvent, elle sentait les odeurs de ce que j'avais cuisiné, la soupe ou le poulet braisé, je n’aimais pas passer des heures dedans, faire à manger, voilà une occupation qui m'ennuyait vite.

Sous l'escalier qui menait à l'étage, il y avait un petit cagibi, où parfois Léon - Paul se cachait pour échapper à la messe, c'était de famille, mais nous connaissions trop bien les enfants et je n'aimais pas beaucoup qu'ils y aillent car l'endroit était poussiéreux et froid.

Par cet escalier de bois vieux et grinçant qui avait l'âge de la maison on allait à l'étage, il n'y avait pas de rambarde et plusieurs fois, les petits manquèrent de tomber, Léon se disait à chaque incident qu'il en installerait une, mais il avait trop tardé et ils avaient désormais grandi, alors ce n'était plus utile. Le premier étage de la maison était l'endroit le plus vivant, sans cesse, surtout le soir pour le coucher et le bain, les enfants couraient, criaient parfois, déclenchant les foudres de mon mari qui détestait cela.

Le première chambre en arrivant sur le palier était celle d’Émile, Léon – Paul et Michel, normalement fermée par une porte, elle restait toujours ouverte, d'abord pour que Michel puisse facilement me trouver en cas de problème la nuit, et puis parce que nous n'en voyions pas l'utilité. Propre, impeccablement rangée, les enfants y passaient peu de temps, seulement la nuit, et un petit coffre suffisait pour ranger les quelques jeux qu'ils possédaient. Au sol, comme dans toute la maison, du parquet, entre chaque lit, une petite table de chevet où était posé une Bible, au-dessus de chaque couche, la croix du Christ, des représentations religieuses ornaient leurs tapisseries. Une cheminée chauffait l'endroit, comme dans toutes les chambres de la maison. Près de la fenêtre qui apportait la lumière à la pièce, un fauteuil, où personne je crois ne s'était jamais assis, à la fenêtre, deux volets de bois qui laissaient passer un filet de lumière, c'était pour Michel, quand il entendait que je fermais les volets il comprenait que c'était l'heure d'aller se mettre au lit, une sorte de repère parmi tant d'autres. En sortant de la chambre, il fallait avancer dans le couloir pour pouvoir entrer dans la chambre de Malou et Gustavine, là aussi deux lits alignés se dévoilaient, une agréable odeur d'encens se propageait dans la pièce, c'était Gustavine qui le faisait brûler. Il n'y avait aucun jeu dans cette pièce, comme si leur enfance s'était envolée, mais quelques livres qui rassuraient sur l'âge des jeunes filles, des représentations religieuses, encore une Bible. Malou se contentait de lire ce qui lui était imposé à l'école, en revanche Gustavine aimait et dévorait les histoires à l'eau de rose.

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