Chapitre 12C: juillet - septembre 1763

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Sans même enfiler une veste, je dévalais les escaliers pour me rendre au parc, le soleil baissait d'intensité, car nous étions en fin de journée, mais cela ne me dérangeait pas trop.

Les garçons m’avaient comme à leur habitude observée depuis leur coin ''secret'', en ricanant. Après avoir hésité, je me disais qu'ils devaient me trouver jolie, assurément assez en tout cas pour ne pas tourner la tête lorsqu'ils me voyaient. Mon courage fermement entre mes deux mains, j'allais les voir, mon cœur battait très fort, je transpirais, mais je n'avais pas le droit de m'enfuir en courant à présent, cette attitude aurait été vraiment honteuse, et la honte a treize ans, n'était pas acceptable.

Dans un élan de folie ou de joie, je me posta devant eux et je leur demandais vivement :

— '' Me trouvez-vous jolie ?

Ils se regardèrent d'un air étonné entre eux, comme pour désigner la personne qui avait fait la faute de me mirer en premier, et qui devrait me répondre. Le petit timide qui se cachait derrière les autres fut désigné, a vrai dire celui que je trouvais le plus mignon depuis longtemps. Il regardait les autres avec de grands yeux, comme pour leur signifier l'horreur de leur choix : '' Pourquoi vous ne m'avez pas laissé tranquille dans mon coin ?''...

—''Euh... même si on vous trouve... On ne lui laissa pas le temps de répondre, le plus hardi de la bande l'interrompit, de peur qu'il ne dise une bêtise. Je craignais ce qu'il allait dire.

—''On trouve que vous ressemblez à ça ! Désigna t-il un cheval stationné devant le parc. C'est pour ça qu'on vous regardait !

Mon cœur battait plus fort encore, et mes jambes, qui ne me tenaient presque plus, me firent courir jusqu'à la maison, je ne devais pas pleurer devant eux, cela aurait été encore pire. Tenir, tenir, tenir... Arrivée sur mon lit, je m'écroulais en larmes, je pensais vraiment qu'ils me trouvaient jolie. Désespoir d'adolescente...

Le soir venu, quelque peu remise de mon chagrin de l'après – midi, je questionnais Marguerite, pour oublier en quelque sorte ma tristesse :

— '' Marguerite ?

—''Oui Louise.

—''Quelle période y a t - il entre l'enfance et le fait d'être adulte ?

—''Entre l'enfance et le fait d'être adulte, se trouve une période bien sombre, heureusement très courte la plupart du temps, nommée adolescence. Ce sont des années risquées, car les tentations amoureuses y sont plus fortes, mais la plupart du temps, les parents veillent à ce que cela se passe sans encombres. Vous y entrerez prochainement, d'ici un an peut – être ou si vous êtes bénie par le bon Dieu, vous ne passerez pas par ce stade difficile. Votre cousine France par exemple, vient à peine de terminer son adolescence, voyez comme elle est mature, elle n'écoute pas sa mère, allaitait sa fille alors que c'est ce qu'il y a de plus répugnant, ne prend pas son rôle d'épouse au sérieux et j'en passe... Je vous souhaite d'être adulte au plus vite, car il est terrible d'être adolescent, croyez-moi.

—''Ah...

Quelques semaines plus tard, en août, après avoir bien digéré l'incident de juillet, je retournais au parc, pour me venger de leur insulte, qui m'avait blessée au cœur. J’espérai un peu qu’ils soient encore là, mais au fond de moi j'aurais voulu qu'ils aient disparus. Ils étaient toujours présents, au fond du parc, dans leur coin secret. Je me souviens, lorsqu'ils me virent, ils cessèrent de rire, non pas que je leur faisais peur, mais ils craignaient que je vienne à leur rencontre avec un adulte, ce qui n'était pas le cas, je n'étais pas une mauviette. Je prenais encore une fois mon courage à deux mains et j'allais leur parler, cependant avant que j'ai pu m'approcher d'eux, un des leurs, le petit timide, allait à ma rencontre, il courait comme un lapin, comme un enfant. Lorsqu'il fut assez près pour me parler, je pouvais m'apercevoir de son charme : des cheveux raides, assez courts, un petit cou, un petit nez, quelques taches de rousseurs qui le parsemait, de grands yeux bruns, une petite tache ronde sous l’œil gauche, comme un bleu, mais ce n'en était pas un : il l'avait déjà en juin. Sans me l'avouer, j'étais déjà amoureuse, ce n'était pas de ma faute s’il avait un charme fou ! Sans même me saluer, il me dit d'un ton timide :

—''Euh... alors... vous savez, ce que vous ont dit les garçons, ils ne le pensaient pas vraiment... En tous cas, moi je vous trouve très jolie... voilà...

—''Merci... lui répondis–je. Ce fus tout, nous étions tous deux trop timides pour nous dire plus de choses.

Le mois de septembre commença par une note joyeuse : France attendait un troisième enfant pour le mois d'avril ou mai 1764 : elle et son époux n'avaient pas attendus bien longtemps, Amédée n'avait que huit mois. Comment réagirait Thérèse avec l'arrivée de ce nouveau dérangement ? Je l'espérais de manière joyeuse, car un enfant de plus serait difficile à gérer pour France, avec son aînée qui était jalouse, et son fils qui aurait un an et demi seulement.

Si Marguerite, Célestin et Joseph étaient ravis de cette nouvelle grossesse, France en revanche un peu moins. Thérèse était insupportable, Amédée encore fragile, accueillir un nouveau bébé maintenant s'apparentait pour elle a de l'inconscience.

—''Oh Louise, je n'aime pas me plaindre, mais cette nouvelle grossesse me désespère.

—''Joseph ne dit-il rien ?

—''Au contraire il est ravi, et puis de toute façon l’Église interdit le contrôle des naissances, alors je n'ai pas le choix, autant de fois qu'il me fera des enfants, je devrais les élever.

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