Chapitre 11B: septembre - décembre 1761

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Marguerite se demanda bien où j’avais pu passer, ainsi trempée. Je changeais de vêtement pour me mettre à table.

Ma tante parlait d'Alice avec Célestin, mais je n'avais pas le droit de donner mon point de vue, les enfants ne parlaient pas pendant les repas.

Certains soirs, alors que j'étais censée dormir, j'écoutais les conversations des adultes. Des fois, cela m'attristais, ils s'en prenaient si méchamment aux autres !

— '' Alice ne viendra pas cet été encore, elle est trop paresseuse pour prendre une voiture et venir jusqu'à Paris, ce qu'elle m'agace !

—''Calmez-vous Marguerite, peut-être n'a-t-elle pas envie ou peut être le trajet est t-il trop long.

—''Un trajet trop long ? Je crois que je ne me suis pas même posé la question il y a deux ans, quinze jours de voyage aller et quinze jours retour! Elle pourrait faire un effort de son côté, pour voir la fille de France, où nous vivons, Paris, Louise serait tellement contente de voir Maria !

—''C'est ainsi, vous ne pouvez pas forcer les gens.

—''Cela me dégoûte, elle se plaint après qu'on ne se voit pas assez, c'est tout de même un comble !

De mon côté, j'aurais vraiment aimé qu'ils viennent, pour montrer ma chambre à Maria, mais je crois que du fait de la distance, elle ne la verrait jamais, ma chambre.

En septembre, je reçu une lettre de Camille, qui venait de terminer ses vacances, pourquoi ne m’avait-elle pas écrite ? Me cachait -elle quelque chose ?

Chère Louise,

En effet je ne vous ai pas écrit cet été, le travail me prenait trop de temps, mais je promets de ne plus vous omettre jusqu'à l'année prochaine !

Sinon votre santé et celle de la famille va-t-elle bien ? Marguerite n'est-elle pas trop fatiguée ? Avez-vous passé un agréable été ? Comme je n'ai pas plus de choses à rajouter, je vous dis bien à vous,

Camille.

Je ne considérais pas recevable son excuse pour ne pas m'avoir écrit.

En septembre, il continuait à faire beau temps, et je sortais de temps en temps à Paris avec France. J'avais remarqué depuis déjà quelques temps que son ventre s'arrondissait, mais avant d'en être complètement sûre, il ne fallait surtout pas en parler, bien que cela me brûle les lèvres.

De temps en temps elle plaçait même sa main sur son ventre. Cependant jamais elle ne m'en parla, alors que c'était de plus en plus flagrant. Comme si elle voulait me laisser dans le mystère.

Marguerite aussi le remarqua, et elle s'étonna d'ailleurs de ne pas la voir nous en parler, et annoncer la nouvelle. En attendant, elle se taisait, par prudence.

Au fil des semaines, nous vîmes de moins en moins France, sans doute était-elle fatiguée.

En novembre, ce furent les seize ans de Camille, un âge sans importance, mais j'aimais me rappeler les anniversaires, en signe du temps qui passe.

Au mois de décembre, nous reçûmes le plus beau cadeau que puisses nous faire Dieu.

Un matin où je venais de me réveiller, je m'étonnais de trouver Marguerite sur le pied de guerre, son manteau enfilé, ses chausses aussi. Avant que j'ai pu dire un mot, elle se précipita dehors, dans le froid. Je ne trouvais pas Célestin qui aurait pu m'éclairer, alors je faisais comme si rien ne s'était passé.

En fin de matinée, Marguerite revint avec Célestin, et retira son manteau et ses chaussures.

Je demandais donc à ma tante qu'elle m'explique ce qu'il se passait depuis ce matin, elle soupira.

— '' Un bébé surprise comme on les appelle, vraiment pressé d'arriver, et le premier fils de France.

Le Seigneur a été généreux, il nous a donné le plus beau cadeau du ciel. L'enfant est né ce matin, et comme vous, je ne m'y attendais pas du tout. J'ai été obligée de prévenir une voisine pour qu'elle le fasse naître, aucune matrone n'ayant été avertie. Mais je suis si contente pour elle et son mari. France n'avait rien dit de sa grossesse.

France et Joseph nous présentèrent leur fils, Amédée-Joseph, en début d'après-midi, lorsque France fut reposée. Le nouveau-né était calme, mais sa sœur jalouse.

Nous dûmes calmer la petite, car elle criait et jetait tout par terre.

En réalité, jamais on n'avait accordé de l'attention à un autre enfant qu'elle, alors je la rassurais, en lui disant que son papa et sa maman l'aimaient tout autant après la naissance de son petit frère, qu'elle ne devait pas s'inquiéter.

La pauvre Thérèse se sentait délaissée, le bébé était arrivé tellement vite !

Lorsque France me vit avec sa fille que je câlinais, elle ria en repliant un linge posé sur le dossier du canapé:

— '' Vous ferez une parfaite maman, Louise, gardez donc Thérèse, elle cessera un peu de pleurer !

L'enfant attrapa une pneumonie, sans doute suite au baptême, le lendemain de sa naissance.

Le nouveau–né haletait, son souffle était court, ses lèvres et ses doigts bleus, son petit corps froid.

Pour France, ce fus la pire épreuve de sa vie. Elle restait au chevet de son fils qui souffrait le martyre, et implorait avec son mari de Dieu de le laisser mourir. Mais le Seigneur ne voulait rien entendre, cet enfant devait vivre.

Au bout d'une petite semaine, Amédée sembla rétabli, respirant mieux, ses lèvres moins bleues, son corps se réchauffant. Mais il resterait d'une santé fragile toute sa vie, tout ça à cause d'une fichue cérémonie, pour un homme que l’on n’avait jamais vu.

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