Chapitre 8E: mars 1760

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J'attrapais des poux en mars. Enfin, au début, je n’étais pas sûre, mais lorsqu'on s'apperçu que je me grattais le cuir chevelu avec force, la question ne se posa plus longtemps.

J'avais peur que l'on me coupe les cheveux, mais ça ne se faisait pas trop pour une fille, alors on se contenta de m’appliquer un shampoing au vinaigre censé tuer les bêtes. Le liquide alla dans mes yeux, me brûlant affreusement. Bien heureusement, ce n'était que de la douleur. Le shampoing devait être appliqué tous les jours pendant une semaine, contraignant, mais à la fin de la semaine, je n'avais plus de poux. En revanche, ma sœur les avaient attrapés.

Une nuit, je fis un terrible cauchemar, rêvant qu’un pou géant me buvait le sang, et qu'il fallait me couper les cheveux. Un rêve étrange, comme tous après tout, mais j'avais chaud, et je me réveillais en sursaut et le dos en sueur.

Je me levais donc de mon lit, allumant ma bougie pour pouvoir me diriger vers la porte. J'allais encore fatiguée voir ma tante dans sa chambre.

J'hésitais quelques secondes, car elle ne prenait généralement pas de bonne humeur mes réveils nocturnes, mais je me décidais finalement.

A ma grande surprise, elle n'était pas dans son lit. En revanche, il y avait comme un bruit aigu dans la chambre de Célestin, et ma curiosité m'incita à m'y rendre.

Je poussais la porte entrebâillée, et je les trouvais, tous les deux couchés ensemble.

Ma tante, que je n'avais jamais vu autant décoiffée et nue, cria lorsqu'elle me vit, rabattant la couverture sur son corps, tandis que Célestin, choqué, m'ordonna de refermer la porte.

Je ne m'exécuta pas immédiatement, préférant dans ma vengeance les fixer longuement. Horriblement gênés, ne pouvant dans leur état se lever, leurs paroles restèrent vaines.

Sur ce moment là, je trouvais que tous deux le méritaient bien, et mon extrême colère, je ne trouvais qu'a hurler.

— '' Je vous déteste ! Je vous déteste ! Je vous déteste !

Tout de même fatiguée par ce réveil nocturne, je claqua violemment la porte pour retourner me coucher.

Ma pensée resta inondée par ce que je venais de voir, dégoûtant, immonde. Son mari était mort il y a quelques mois et voilà qu'elle se remettait avec ce goujat dégoûtant. Je les détestais autant l'un que l'autre, l'amour selon moi était éternel, on se mariait, puis on mourait ensemble, mais voilà qu'ils venaient de briser ma vision des choses.

Selon elle, ce n'était que pour notre bien, mais à ce que je venais de voir, ça n'avait pas l'air de lui déplaire. Quand j'en parla à Camille le lendemain, elle ne me parut pas surprise, selon elle, c'était comme ça pour tous les couples mariés.

Plus tard dans la journée, Célestin m'attrapa par les cheveux pour me battre. Il me donna mille coups de pieds, me tira les cheveux, me cracha au visage, m'insulta de tous les noms.

—''Petite garce, sale gamine effrontée !

Il me donna des gifles jusqu'à ce que mes joues saignent, je ne ressemblais plus à rien, j'avais un œil au beurre noir, des trous dans les cheveux tant il m'en avaient arrachés, une dent cassée, le visage trempé de sa salive, des bleus...

Ma sœur tenta de me protéger, cria que l'on cesse de me battre tant c'était violent, mais ma tante la poussa dans sa chambre, j'entendais ses sanglots à travers la porte.

Après que Célestin m'ait laissée presque inconsciente sur le sol du salon, Camille me releva, et elle m'accompagna jusqu'à ma chambre. Elle m'appliqua du baume sur mes bleus, pansa mes plaies, me consola du mieux qu'elle pu.

— '' Oh Louise, ne pleurez plus, c'est terminé, chuuuuuuut... Ma sœur soyez forte et cessez d'être effrontée. Je vous aime, je serais toujours là pour vous, vous le savez cela...

—''J'ai mal, je n'arrive plus à ouvrir l’œil, les larmes piquent mes plaies, ma dent est cassée, en plus ce n'était pas une dent de lait... Camille...

—''Reposez-vous, Louise, j'ai fait ce que je pouvais pour soulager vos blessures mais surtout, tâchez de ne pas recommencer. La prochaine fois, venez donc me voir la nuit, quand vous faites un mauvais rêve, ce sera plus prudent.

Ma tante m'ignora par la suite assez longtemps, mes blessures mirent du temps à guérir et ma dent ne se répara jamais. Je ne voyais plus ma tante pareille, je la trouvais à présent méchante, même si c'était surtout ce Célestin qui bouleversait la famille.

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