Chapitre 8D: janvier - février 1760

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L'année s'annonçait heureuse, il neigeait beaucoup, et les batailles de neige avec Camille ne cessèrent pas, les bons hommes de neige non plus.

Nous fîmes des promenades, allâmes au théâtre, je profitais de la dernière année avec Camille, qui entrerait prochainement dans un couvent pour y finaliser son éducation religieuse.

Camille était jolie, aimait apprendre de nouvelles choses, elle avait beaucoup d'amies, beaucoup de qualités, tandis que moi, je n'aimais pas apprendre, je me trouvais laide et je n'avais pas d'amies.

Lorsque je m'exclama de tous ces défauts, ma tante me répondit:

— '' Ne vous démoralisez pas, Louise, votre sœur à des qualités, certes, mais vous aussi, et puis vous êtes charmante autant l'une que l'autre, vous vous ressemblez tant !

Quoi qu'elle en dise, j'étais jalouse de ma sœur meilleure que moi, mais je l'aimais tellement !

Si cela me dégoûtait de voir ma tante au bras d'un autre, je n’étais pas la seule. Camille aussi n'aimait pas cette vision, tandis que France, elle, devait se dire que c'était pour notre bien.

Muette, je pense que c'était surtout l'idée de son mariage qui l'effrayait. L'inconnu fait toujours peur, surtout lorsqu'on ne connaît pas la personne avec qui l'on va passer le reste de sa vie et avoir des enfants d'ici moins de six mois. Elle savait juste qu'il s'appelait Joseph Ramon, et qu'il était un prospère marchand, mais rien d'autre.

J'avais une relation particulière avec Célestin, je ne le considérais pas comme quelqu'un de ma famille. Mais ma tante nous demandait à ma sœur et moi de lui porter estime, car il nous avait sauvées d'une misère certaine. D'ailleurs, nous devions l'appeler '' mon oncle'', ce que je ne faisais jamais, me contentant de l'appeler par son prénom.

Nous nous rendions une fois par mois sur les tombes de nos parents, mais aussi sur celles d'Anne, de nos grand - pères ou encore sur nos ancêtres plus lointain. Nous déposions des fleurs, récitions une petite prière, pensions à ceux que nous avions aimé, que nous n’oublierons pas.

Lorsque nous nous rendions au cimetière, j'aimais regarder les tombes, en cherchant les morts les plus jeunes ou les plus vieux, je trouvais une fois la tombe d'une femme morte à l'âge de quatre – vingt - six ans et à l'extrême d'un petit enfant mort le jour de sa naissance.

Cela m'attristais, il n'était jamais drôle d'aller au cimetière, mais il le fallait, mes parents ne devaient jamais être oubliés. D’ailleurs je me le promettais, aussi longtemps que je vivrais, je me rendrais sur leurs tombes le premier de chaque mois.

Je trouvais que le temps ne passait pas assez vite, il me tardait d'avoir dix ans pour célébrer ma première communion, vingt ans pour être une adulte et avoir des enfants. J'en voulais trois, dans l'idéal trois filles, mais mon avis changeait tout le temps, je ne savais pas vraiment ce que ça faisait d'être adulte. Quand je demanda une fois à France, elle me répondit qu'elle aurait voulu retourner à ses dix ans, car être adulte, ce n'était pas drôle, et ça faisait peur. Alors moi, très influençable, je ne voulais plus grandir, ni d'enfants.

Je continuais à grandir, mes dents de lait tombaient les unes après les autres, mais, non pas remplacées de suite, j'avais des trous dans la bouche, un en haut et deux en bas, qui formaient un seul grand, au mois de février.

Pas très grande, ni très grosse, jamais je ne m’étais mesurée ni pesée, cela n'avait aucun intérêt et ne serait jamais venu à l'idée de qui que ce soit. Il y avait un grand miroir dans ma chambre, et de ce fait, je pouvais me décrire en détail.

Un visage rond, de très longs cheveux roux qui tombaient jusqu'en bas de mon dos (mais le plus souvent je les attachaient), un petit nez parsemé de taches de rousseurs, la peau blanche craie, les joues rosées, les lèvres fines, des yeux bruns aux longs cils, une petite taille, de petites jambes. Plus basse que ma sœur, mais sur le point de la dépasser en taille, j'aimais la narguer de cela.

Je faisais des grimaces à la glace, louchais, tirais la langue. Camille pouvait toucher son nez avec sa langue, tandis que moi, je n'y arrivais pas, mais je savais siffler et claquer des doigts et pas elle.

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