Chapitre 26A: mai 1776

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Ce trois mai, j'avais l'âge de Camille a son décès. Ma sœur, lui dis -je, quand nous étions petites, vous m'énerviez tant en me disant que jamais je ne vous rattraperais en âge, bien ma chère, j'avais raison. Vingt–sept ans, c'était aussi l'espérance de vie d'une femme en 1777, un peu plus qu'un homme, qui eux, étaient censé vivre vingt–cinq ans.

Nous riions dans la cuisine avec Gabrielle lorsque Malou accourut, complètement paniquée :

—''Léon – Paul s'étouffe ! Il n'arrive plus à respirer !

Nous laissâmes nos affaires et suivîmes Malou, en courant. Elle nous emmena non loin de l'église, où il y avait des petits garçons attroupés autour de Léon–Paul, qui cherchait son souffle péniblement. Ne sachant quoi faire, je tentais de l'allonger en criant dans le vide d'aller chercher le médecin, je l'embrassais, lui caressait les cheveux, en guettant l'arrivée de Victor Louis. Il arriva dans sa blouse blanche, posa dans la précipitation son sac et tenta de calmer mon trésor, en lui demandant de respirer très fort et de ne pas paniquer. Mon fils finissait par se calmer, il reprit doucement sa respiration normale, une crise d'asthme d'après le médecin, sa première mais pas sa dernière, malheureusement. Mon enfant était abîmé en ce moment, depuis l'horreur de cet hiver, il boitait encore et faisait de l'asthme.

Madeleine m'envoya cette lettre, peu de temps après :

Chère Louise,

Comme je suis enceinte une nouvelle fois, nous avons décidé avec Louis de déménager, dans un appartement plus grand, pour accueillir notre enfant en novembre ou décembre. Notre nouvel appartement sera situé dans un boulevard très chic près de l'endroit où les architectes veulent construire une école pour jeunes aveugles, il comptera deux pièces de plus que l'actuel, soit deux chambres au lieu de l'unique pièce actuellement pour les quatre enfants, un idéal en soit. Françoise n'ira donc plus au cours Marie – Thérèse, mais dans une école encore plus prestigieuse, cela ne la changera pas énormément, elle vient tout juste d'y entrer. J'ai le pressentiment de ce nouveau bébé fatiguera encore plus la nourrice, mais ce sera notre tout dernier enfant, un petit dernier nous espérons toujours. Louis a engagé une nouvelle nourrice en plus de Brune, pour bien prendre soin du bébé, il espère si fort un garçon qu'il me parle sans cesse du prénom qu'il lui attribuera, de son héritage qu'il pourra lui léguer, des études militaires qu’’il donnera à son enfant, j'ai vraiment peur cette fois de sa réaction si c'est une fille.

Suite à l'hiver terrible que nous venons de vivre, les prix du pain ont grimpé de façon terrible, imaginez, cinq louis la miche dont on n'est même pas sûr de la composition, il est dit que certains boulangers malhonnêtes y mettent de la sciure pour remplacer la farine, immonde ! Sa nourrice a emmené Henriette, Françoise et Victoire au jardin des plantes pour voir la ménagerie tout juste installée, portant Anne dans ses bras, je ne les ai pas accompagnés mais les sœurs étaient ravies, surtout Henriette qui me parla pendant plusieurs jours des singes, des lions et des perroquets. Mes filles mes comblent, aussi avec le bébé à arriver à la fin de l'année, mon bonheur sera bientôt complet. Voici notre nouvelle adresse : Mr et Madame Châteauroux, une rue des Coquillières, bâtiment six, premier étage. Nous emménagerons à la fin de l'été, nous attendons que Louis règle les papiers notariaux et les dernières formalités.

Madeleine.

Chère Madeleine,

Félicitations pour votre grossesse ! Devenir tante pour la huitième fois me rend heureuse, savoir mon frère de nouveau père me rend fière aussi.

J'ai un service à vous demander, plutôt urgent, si bien sûr vous êtes disponible et que cela ne vous embête pas trop. Ma cousine France, qui a déjà par le passé perdu trois de ses six enfants, deux filles de quelques mois et son fils de douze ans, vient de perdre sa fille de quinze ans et demi en couches, revenue enceinte du couvent et bien qu'elle ne me l’a pas dit dans sa lettre, je pense qu'elle avait trop honte d'appeler le médecin pour sa fille – mère, et qu'elle l'avait accouché seule. L'enfant est mort lui aussi, et France me demande de l'aide, mais je suis coincée à Montrouge car Léon ne veut pas que j'y ailles ou m'emmener à Paris. Si aller lui rendre visite ne vous dérange pas, elle habite (seule) rue Charlemagne, au premier étage du bâtiment deux, non loin de votre actuel appartement. Ce serait pour moi un grand soulagement de savoir que vous seriez passée lui donner un peu de réconfort, mais si vous ne pouvez pas, je le comprendrais aussi. Merci d'avance,

Louise.

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