Chapitre 12A: mai 1762

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En mai je fêtais mes treize ans, les arbres bourgeonnaient de nouveau, le printemps arrivait, une renaissance pour la nature tant souffrante durant l'hiver.

Je lisais la gazette de Célestin, dedans, des informations parfois difficiles à comprendre, la bourse, le roi qui assassinait par-dessus l'épaule les révoltants, de plus en plus en colère et nombreux, eux n'avaient pas d'argent pour nourrir leur famille, lui leur imposait des taxes exagérées, alors qu'il n'avait pas besoin d'argent. Le prix du pain était vraiment très élevé, et il fallait payer une taxe à chaque frontière de la ville franchie, pour dix miches de pains ramenées à Paris, le roi en prélevait cinq pour ses réserves personnelles, comment nourrir le peuple, avec une constitution aussi mal formée ? Pourquoi ne réagissait-il pas, à la famine qui sévissait dans son royaume ? A toutes ces questions, le peuple ne voulait pas de réponse, il voulait une vengeance, pour la misère, la faim, qui rythmait sa pauvre vie du matin au soir. Les vengeances ciblaient la petite et moyenne bourgeoisie, les nobles et le clergé, c'est à dire toutes les personnes qui n'était pas le peuple. J'ai une fois fait part de mes inquiétudes à Marguerite, qui m'a simplement répondu :

—''La grande révolte n'est pas pour demain, le roi a du pouvoir et de l'autorité, bien malheureusement, les impôts sont bien trop élevés pour la petite bourgeoisie que nous sommes et une révolte serait la bienvenue. Aussi petite soit -elle, elle ferait prendre conscience à ce cher Louis que le peuple sature et n'accepte pas sa condamnation au silence.

Lorsque je sortais dans la rue, j'attirais les regards et cela m'intimidait beaucoup, c'était surtout les garçons me regardait, je ne dis pas qu'ils n'étaient pas pour certains attirants, mais pour l'instant, je n'avais pas le droit d'aller leur parler. Que trouvait t - il de charmant ou déplaisant chez moi ? Je me trouvais ni vraiment belle, ni vraiment laide, a vrai dire, tout ce que j'appréciais chez moi, c'était mes cheveux : de longues boucles rousses qui me tombaient jusqu'aux genoux, et dont j'étais assez fière, pour rien au monde je ne les aurais coupés.

Mon corps se métamorphosait doucement : Je découvrais de la pilosité à certains endroits de mon corps, et cela me gênait beaucoup, aussi ma poitrine se dessinait, ce qui était plus moche qu'autre chose. Je tentais bien de substituer de la cire à Marguerite, qu'elle conservait dans un gros bocal de verre, mais j'abandonnais après un seul essai qui s'avérait catastrophique : Après avoir mis un peu de cire sur mon doigt, j'en appliquait sur une petite partie de poils, j'attendais quelques secondes (l’impatience...), puis je tentais de retirer la cire, mais encore liquide, ce fus vain. Mes doigts collaient, et sentaient une désagréable odeur de miel, il me fus de plus impossible de me nettoyer les doigts, l'eau ne l’avait rien. Comment faire dans ce genre de situation ? Rester un mois avec de la cire qui ne sent pas bon sur les doigts et les jambes ? Essayer au coupe chou ! Cette fois, ce fus pire, ma main mouillée dérapa et je m’ouvrais la jambe, le sang coulait horriblement, ma main se teintait au fur et à mesure que j'essayais de stopper l'hémorragie. Dans une situation aussi désespéré, seul ma cousine aurait pu m'aider, tant pis pour la honte de vouloir s'épiler.

— '' France ! Au secours ! A l'aide, je saigne !

Elle arriva en courant son fils dans les bras, vit la flaque de sang qui s’étendait, le déposa plus loin, et s'agenouilla près de moi.

— '' Comment avait vous fait votre compte ? M'enroula t-elle le bandage autour de ma jambe.

—''Vous ne direz rien à Marguerite ?

—''Promis, juré, craché.

—''J'ai essayé de couper mes poils au coupe chou, mais ma main mouillée a dérapé.

—''Sacré Louise, vous nous en faites voir de toutes les couleurs ! Je vais vous aider à bien le faire sans risquer de vous blesser. Ne faites plus jamais cela de cette manière, vous m'entendez ?

Elle m’expliqua patiemment comment bien m'épiler à la cire, et je lui promettais que plus jamais je n'essaierai au couteau.

Je gardais le gros bandage trois semaines durant, aussi quand Marguerite me demanda l'origine de ma blessure, je lui répondis que c'était un secret, et à mon grand soulagement, elle n'insista pas.

Thérèse était éprise d'une jalousie terrible envers son frère, presque dangereuse, et ce depuis sa naissance. Mais c'était de plus en plus marqué, surtout qu'elle grandissait et aurait tout fait pour l'éliminer. Un jour, toujours en mai, alors que je me trouvais dans le salon, assise près de France qui câlinait Amédée, Thérèse apparaissait un gros jouet de bois à la main, je me souviens, une belle toupie rouge et bleue, qui m'appartenait. Alors qu'elle aurait voulue monter sur les genoux de sa mère, elle se vit refuser l'accès :

—''Voyez Thérèse, Amédée occupe déjà la place.

La petite cria, pleura, et voyant que sa mère ne réagissait pas à ces caprices, brandit son jouet et en frappa violemment son frère, à deux reprises je crois. Le petit bébé pleura toutes les larmes de son corps, et on avait beaucoup de chance qu'il n'ait qu'une grosse bosse. Thérèse fut battue par son père le soir venu, assez violemment, même si je n'aimais pas le fait qu'une enfant aussi jeune soit traitée de cette manière, ce qu'elle avait fait à son frère était cruel, et méritait châtiments. Les malheurs qu'elle causait à son frère étaient graves, et le pauvre petit craignait sa sœur, alors leur mère les séparait, c'était la seule chose à faire. Malgré tout, ils étaient gentils et calmes, lorsqu'ils étaient séparés l'un de l'autre.

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