Chapitre 7A: mai 1758

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Le trois mai, je fêtais mes huit ans avec mes amies, invitées pour la première fois chez moi.

Trop contente de leur faire découvrir là où je vivais, je leur montrais ma chambre, leur présentais ma tante, mes cousines et ma sœur.

Mal à l'aise, elles prirent le dîner avec nous. Pour les détendre un peu, je leur proposais après manger de faire un jeu de cartes. Comme aucune des deux ne connaissaient, ce fus l'occasion de leur apprendre. Marie–Anne gagna même la deuxième partie !

Puis, comme j'avais ensuite mes leçons de religion et de latin, ma gouvernante les raccompagna chez elles. Je devais mémoriser (comme disait ma professeure de latin, pour éviter la formule trop brutale '' apprendre '') mes déclinaisons. Si ce n'était pas bien difficile, il fallait que je me concentre, alors que j'avais plutôt envie d'aller jouer avec mes amies.

Une fois récitées par coeur, je pu m'en retourner vers ma sœur, qui m'avait préparée une surprise.

— '' Venez Louise, fermez les yeux.

Je m'exécutais, puis je sentais qu'elle me passait quelque chose autour du cou. Lorsque j'ouvris les yeux, je pu découvrir dans le miroir qu'un splendide collier de perles ornait mon cou.

Je restais bouche bée, elle brisa le silence.

—''Je l'ai payé avec mes économies.

—''Je ne sais quoi dire... merci de tout mon cœur Camille.

Je l'embrassais mille fois sur la joue. Je me promettais que jamais je ne me séparerais de son cadeau, peu importe la situation.

Puis je dû me rendre à mon cours de religion, où ma marraine m'attendait.

Elle m'apprenait l'histoire de la naissance du Christ, mais aussi pourquoi il fallait absolument croire au Seigneur et lui être fidèle. Jamais je n'aurais douté de ses paroles, d'abord parce que j'étais trop jeune, mais surtout parce que je n'avais pas de raison et surtout pas le droit de ne pas y croire.

Toujours en mai, alors que je courais dans le parc avec les jumelles, je trébuchais sur une pierre, et tombais le genoux en plein milieu d'une autre. Je me relevais, prête à me remettre à courir, puis lorsque je voyais la longue traînée rouge qui coulait sur ma jambe, j'alla voir ma gouvernante en pleurant.

— '' Madame, j'ai mal …

Au début se demandant ce qu'il m'arrivait, elle dû apercevoir de ma blessure, et m'attrapa par le bras pour me conduire à la maison. Pendant que nous montions les escaliers, je sentais le liquide chaud qui dégoulinait sur mes chaussures, mais je m'interdisais de baisser les yeux pour ne pas vomir. Ma tante, assise dans le fauteuil du salon, s'interrogea un temps sur la raison de mon retour précipité, avant de s’apercevoir de ma blessure.

Elle appela alors une employée qui m'assit précipitamment et m'appliqua une compresse et une crème à base de plantes cicatrisantes. Marguerite, les mains sur les reins pendant qu'on me soignait, me dévisageait.

—''Quelle jeune fille dissipée ! Je ne peux pas vous laisser jouer dehors sans que vous ne me reveniez esquintée ! Plus de sortie désormais pour vous jusqu'à nouvel ordre ! Cela vous apprendra à jouer les petits garçons !

J'aurais espéré que mon oncle contredise cette décision, mais il ne fit que l'approuver, à mon grand désespoir.

Je restais donc dans l'hôtel plusieurs jours, suivant parfois mes leçons, mais restant la majorité du temps le nez collé à la fenêtre. Il faisait si beau dehors, quel dommage de ne pas pouvoir aller jouer au parc! Mon pauvre petit cador tournait en rond, car ses sorties étaient intimement lirées aux miennes. Il paraissait tellement abattu que j'en venais à demander à ma sœur de l'emmener avec elle. Bien sûr, elle accepta, et c'est ainsi qu'elle l'emmena trois jours de suite au parc.

Un soir cependant, elle rentra les mains vides, et du rez - de chaussée ne parvenait aucun des aboiements habituels.

— '' Que s'est -il passé Camille ? Où se trouve mon cador ?

—''Je ne sais pas...

—''Comment ça ? Je vous le confie et vous l'égarez ? Retrouvez-le-moi où vous n'êtes plus ma sœur !

Ne sachant quoi faire, Camille s'en retourna vers sa chambre où elle n'en ressortit plus jusqu'au souper. Ma tante la rejoignit, avant que ma soeur n'en resssorte les larmes aux yeux, Marguerite l'air énervé. Comme j'ignorais de quel comportement elle se fâchait, je préférais me taire. A la fin du souper cependant, ma tante me prit à part pour m'expliquer la situation.

— '' Voyez ma petite, votre sœur est malheureuse car il semble qu'elle ait égaré le chien que vous lui aviez confié, ce qui vous rend triste je le pense. Accordez–lui le pardon, Louise, car elle ne l'a pas perdu volontairement. Nous tenterons de le retrouver demain, mais il est probable qu'il soit définitivement égaré. Dans ce cas, je vous en offrirais un autre si vous le voulez bien.

Mon cador fut cherché, l'appartement retourné pour remettre la main dessus, mais en vain. Sur ses promesses, ma tante m'en offrit un autre.

Quelques jours plus tard, alors qu'il était déjà oublié, il refIt son apparition dans le quartier, la queue frétillante, la langue pendante. J'étais si contente de le retrouver ! Assurément, Seigneur me l'avait ramené, alors je lui fis une grande prière de remerciement.

Ma punition levée depuis longtemps, j'étais retournée voir mes amies dans le parc. C'est alors que quelque chose de brillant attira mon attention. Je me baissais donc pour ramasser l'objet : deux belles pièces d’un denier chacune, que je m'empressais d'aller montrer à mes amies.

Elles regardèrent avec beaucoup d'envie ma découverte, et je vantais l'immense chance que j'avais eu. Désormais riche, je pourrais quitter ma famille, pour aller vivre loin des miens.

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