Chapitre 6A: mai - juin 1757

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On fêta mon septième anniversaire avec beaucoup de joie. On me cuisina un beau gâteau, je reçu une jolie poupée qui venait compléter l'immense collection de celles que j'avais déjà.

A présent, j'étudierais durant onze ans, de façon à devenir une dame cultivée. L'âge de raison, cela voulait dire aussi moins de temps de jeux à passer avec mes amies, ce qui me désolait.

On me présenta mes cinq professeurs.

J'allais à présent apprendre le latin, la religion, l'arithmétique, la géographie, le clavecin, la danse et la rhétorique, matière que je connaissais bien, déjà enseignée par ma gouvernante.

Mis à part la religion et l'arithmétique, matières qui me passionnaient, étudier me lassait déjà. Je n'avais qu'une seule envie, aller rejoindre mes amies dans le parc. Lorsque je fis part de mon souhait à ma tante, elle me répondit :

— '' C'est impossible, vous allez vous familiariser avec vos professeurs et ensuite, nous verrons.

Alors je suivais ses directives, et m'asseyais à ma table, sans montrer grand intérêt à ce que racontait ce premier jour ma professeure de latin.

Alors qu'a la fin de la leçon, j'aurais espérée pouvoir aller dehors, il se trouvait qu'il était l'heure de souper. Déçue, mais malgré tout convaincue que l'on ne m'y reprendrait pas deux fois, j'allais à la fin du repas me coucher la tête pleine d'idées pour me débarrasser de ces apprentissages ennuyants et inutiles.

A ce moment-là, au détour d'une pensée, je songeais à ma cousine, qui se marierait le mois prochain. J'imaginais sa robe, mais surtout son mari, j’espérais qu'il soit beau et bon avec elle.

Je fermais les yeux pour me plonger dans mon rêve. J'étais dans une maison qui comportait un étage. Je montais les escaliers, mais celui-ci ne s’arrêtait pas, et je me trouvais bientôt poursuivi par ma professeure de latin qui tenait à me faire réciter mes déclinaisons.

Quand, convaincue qu'elle ne se trouvait plus à mes trousses, je me retournais, a ma grande surprise, il y avait ma cousine, vêtue d'une robe de mariée, qui dormait dans son lit. Celui-ci se déplaçait, et après une chute qui me parut réelle, je me retrouvais dans la rue, tombant dans un trou, me faisant atterrir dans une cuisine, où une domestique coulait un bain de soupe.

Je fus tirée de mon sommeil par la lumière du jour qui perçait au travers des rideaux.

Mes rêves n'avaient souvent aucun sens, mais celui-là était particulièrement biscornu.

J'allais ensuite prendre mon déjeuner, bien heureuse que ce rêve ne fut que fiction. Je reçu mon premier cours de danse une heure plus tard, véritablement le pire de tous.

Ma professeure voulait que je me torde dans tous les sens, mais je pouvais être très têtue dans ce genre de situations, et j'avais décidée que je ne ferais pas d'efforts pour ces exercices inutiles et douloureux que l'on m'imposait. Je passais donc l'heure assise contre le mur, en tailleur, refusant de me lever, obstinée. Ma tante, prévenue, ne put rien faire, tout juste demander à son mari de me priver de dessert le soir même. La leçon d'arithmétique qui suivit se passa plutôt bien. Puis je découvris des nouvelles matières comme la géographie ou le clavecin. Si j'appréciais la géographie, bien que ce fut un peu rébarbatif, je ne faisais pas d'avantage d'efforts au clavecin que pour la danse.

Une semaine après le début de mes apprentissages, l'on décida de renvoyer mes professeurs de danse et de clavecin, car rien ne pourrait être tiré de moi dans ces matières. Si cette décision me ravissait énormément, ma tante m'en voulait. Contrairement à ce que je pensais, je trouvais toujours du temps pour jouer avec mes amies dans le parc, les leçons ne m'occupant que quatre ou cinq heures dans la journée.

Lorsque le dix juin au matin, le mariage de ma cousine n'était plus qu'une question d'heures, mon impatience me faisait sauter partout, et la domestique avait bien du mal à m'enfiler ma robe, mes chaussures et mon chapeau. Ma robe de princesse était si belle que j'aurais voulu sortir dehors immédiatement pour que le monde entier l'admire, mais l'on me le proscrivit formellement.

Élisabeth enfila sa robe avec l'aide de sa mère, en attendant que l'on parte pour sortir de sa chambre. Vers onze heures et demie, nous quittâmes enfin l'hôtel sans elles, direction l'église. Le voyage me paru plutôt court cette fois. Devant le parvis, plusieurs familles se retrouvèrent, celle de la mariée et de l'époux. La domestique nous conduisit moi et ma sœur a l'intérieur, nous asseoir sur un banc situé au premier rang. L'impatience me rongeait, je ne parvenais pas à tenir assise, me retournant sans arrêt pour guetter l'arrivée de Charles.

Enfin, au bout d'un temps interminable, les familles entrèrent et s'installèrent. C'est au bras de sa mère qu'il fit son apparition, le visage que j'imaginais depuis un an se dessina alors sous mes yeux. Il avait de beaux yeux, une figure sage d'homme bon et jeune, et même si il n'était pas exactement celui que j'aurais imaginé pour ma cousine, il y ressemblait par quelques traits.

Quand ma cousine arriva au bras de son père, cela nous déclencha un grand sourire ma sœur et moi. La future mariée dissimula sa tristesse en découvrant son époux, n'ayant aucune envie de conclure des vœux. Ma tante vint s'asseoir près de nous par la même occasion. Puis les prétendants se retrouvèrent sur la chaire, le prêtre leur demanda leurs accords mutuels en latin.

Suite a cela, ma cousine releva timidement son voile et Charles apperçu son doux minois pour la première fois. Après s'être longuement regardés, les époux furent bénis, signèrent chacun le registre de l'église, l'assemblée se leva pour applaudir et ils remontèrent l'allée centrale pour monter dans la voiture.

Une fois le dîner avalé, nous reprîmes la voiture pour nous rendre chez le mari d’Élisabeth, de façon à faire plus ample connaissance avec la belle – famille, et partager un souper le soir même avec eux.

Ils habitaient au premier étage d'un immense appartement dans le centre de la ville. La famille comptait deux enfants : un garçon, l'époux de ma cousine, et une fille, la benjamine, âgée d'une quinzaine d'années. Les parents, des gens très pieux, instruits et bons, inquiets de savoir qui allait épouser leur fils, se trouvaient rassurés de le savoir marié à une jeune femme aussi instruite, de bonne famille. Tout l'après - midi durant, les familles discutèrent autour de plusieurs cafés et tasses de thé, tandis que je m'ennuyais, assise sur un fauteuil, écoutant leurs discussions.

Ma sœur quant à elle trouvait intéressant de parler avec la sœur de Charles, après tout, leurs âges n’étaient pas très éloignés, elles n'avaient que trois ans de différence. Quand le souper fut avalé, ma tante s'excusa de quitter la table aussi vite, et accompagna sa fille dans la chambre.

Comme je ne comprenais pas la raison de cette attitude, je lançais un regard étonné à Camille, qui ne réagit pourtant pas. Nous rentrâmes ensuite chez nous.

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