Chapitre 5A: mai - juin 1756

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(Louise récupère définitivement la narration)

Le jour de mes six ans, seul un baiser affectueux de ma sœur accompagné d'un enjoué :

— '' Joyeux anniversaire Louise !

Me rappela qu'elle seule pensait toujours à me le fêter.

Je passais de plus en plus de temps avec les jumelles, je crois qu'elles étaient devenues mes amies.

Jamais je n'eus pourtant l'idée de les inviter venir prendre un goûter à la maison, je n'en éprouvais pas le besoin. Elles non plus ne me le réclamait pas. Nous jouions dans le parc et cela nous suffisait. Plus elles grandissaient et plus elles se détachaient l'une de l'autre, par leurs caractères, très affirmés, mais aussi par le physique, qui faisait qu'elles ne se ressemblaient plus autant qu'avant. Avec leurs bêtises, elles m'entraînaient dans leurs jeux interdits. Un jour, Marie-Catherine décida que nous irions faire des achats ou plutôt ''faire les emplettes'', comme disaient les adultes. Toutes seules, sans autorisation et le sou, et sans aucune idée de ce qui nous attendait.

Je les suivais, très curieuse et aimant dépasser les limites imposées. Je me disais que l'on étaient trois, et que cela diviserait la punition entre chacune de nous. Je quittais donc le parc, les suivant tel un mouton de Panurge. Au moment où Marie - Anne demanda à sa sœur si elle était bien sûre de ne pas nous perdre, finalement bien décidée à éviter une autre des violentes sanctions de mon oncle, je fis demi-tour. Cette escapade n'était pas une bonne idée, après – tout. Marie-Anne se retourna alors :

— '' Où allez-vous ?

—''Je rentre, ma tante risque d'être inquiète.

—''Vous êtes sûre ?

Elle me sema le doute, mais je restais finalement sur ma décision.

A mon retour, ma gouvernante me cherchait, j’eu droit à des sermons. De quoi se serait - il agit si j’avais suivie les jumelles ?

Le lendemain, après avoir avalé mon déjeuner, je me rendais au parc, trouvant comme à mon habitude mes amies. Impatiente qu’elles me racontent leur escapade, je fis le premier pas.

— '' Alors, comment s'est déroulée votre promenade?

—''Figurez-vous que nous nous sommes perdues, c'est la faute à Marie-Catherine, elle à un très mauvais sens de l'orientation.

—''Ce n'est pas vrai, c'est vous qui m'avez dit de prendre ces rues. J'ai un très bon sens de l'orientation, vous pas. Et puis, il y avait du vent hier.

—''Et alors ? Avouez que vous nous avez perdu. Comme dit notre nourrice, faute avouée, faute a moitié pardonnée.

—''Je n'ai rien à avouer puisque je n'ai rien fait. C'est vous qui devriez admettre.

C'était très cocasse, elles s'accusaient mutuellement, et moi, j'étais bien contente de ne pas avoir participé à leur bêtise.

Les mois de mai, juin, et juillet étaient les mois où il y avait le plus de gens au parc, parceque le soleil tapait le plus fort. Ainsi tous les ans, nous rencontrions de nouveaux enfants. Chaque année, avec mes amies, nous repérions les nouveaux arrivés. Celle qui trouvait le plus laid avait gagné.

— '' Celui-là, qu'est - ce qu'il est laid ! Pointa t-elle du doigt un petit garçon, haut comme trois pommes, qui avait l'air malheureux seul sur son banc.

Marie-Catherine, persuadée qu'elle n'aurait pas a fournir de friandises, s'exclama.

—''Celle qui va lui demander son nom gagne un bonbon !

Sans hésitation, je me dirigeais vers lui. Ce n'était pas tant la friandise qui me motivait, mais plutôt le fait de faire taire mes comparses.

Plus je m'approchais de lui, plus je me disais que ce n'était pas un beau petit garçon. Il avait les oreilles décollées, des cheveux bruns ébouriffés et un nez en trompette. Balançant compulsivement ses jambes contre le banc, on aurait dit qu'il s'ennuyait. Assise près de lui, il y avait une femme, sans doute sa nourrice. Peu farouche, j'engageais la conversation.

— '' Bonjour, quel est ton nom ?

Devant son silence embarrassant, qui me parut trop long, la femme assise à côté de lui intervint, ce qui me soulagea.

—''C'est un gentil garçon mais il est timide. Mon fils, répondez, la jeune demoiselle veut savoir votre nom.

Il répondit sur l'insistance de sa mère.

—''Pierre.

Ayant eu ce que je désirais, je m'en retournais en courant vers les jumelles, qui avaient tout suivi de mes exploits.

—''Alors, comment s’appelle-t-il ?

—''Pierre.''

Au début de l'été, la chaleur devint étouffante, comme toutes les années, mais cela ne m'empêchais pas en début de soirée, lorsque les températures baissaient, de rejoindre après le souper mes amies au parc. Même la nuit, il faisait très chaud, et nous nous rendions parfois à la cave pour respirer un air plus frais. C'était une grande pièce, humide, fraîche, spécialement aménagée l'été pour que nous y dormions, au milieu des bouteilles de vin. Cela convenait un temps, mais il nous aurait été impossible d'y rester trop longuement, à cause de l'humidité, de l'odeur, de la moisissure.

Ma tante offrit à sa fille Élisabeth, pour l'anniversaire de ses dix–neuf ans, un mignon petit chien. Il me faisait envie, cet animal ! Blanc et noir, le poil frisé comme un mouton, et doux comme un agneau. Ma cousine ne mit pas longtemps temps à le délaisser, n'assumant plus les soins contraignants nécessaires.

Je n'attendais que ça, alors quand elle me le céda, j’étais folle de joie. Aussitôt qu'elle me l’ait donné, je m'empressais d'aller le montrer à mes amies. Ma nouvelle recrue fut reçue avec beaucoup d'admiration, les filles le caressait, me posaient des questions sur lui, me disaient qu'il était mignon et beau. Moi, flattée à sa place ?

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