Anne-5

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Je m’adosse à ma chaise et contemple le résultat, amusée. Comme promis, Jade ne m’a pas rendu une copie blanche. J’avais hâte de voir ce qu’elle avait l’intention de faire, et je ne suis pas déçue. Faire d’un dessin une énigme mathématique. Pas mal du tout ! Et pas n’importe quel dessin, non. Un renard, ni plus ni moins. Quelle ironie ! Son niveau de math est bien supérieur à celui d’un élève de terminale. Je repense à Hélène et Audrey qui doute que Jade soit surdouée. Je ris toute seule. Si vous saviez les filles… Jade est le pire zèbre que j’ai jamais rencontré ! Elle se voit comme un mouton noir au milieu de chèvres ! Comment personne n’a compris qu’elle possède un QI si élevé qu’il lui est impossible d’agir dans la norme ? C’est pourtant flagrant.

— Mon amour, ça te dit de sortir ce soir ?

Je pivote sur ma chaise, Éric a passé la tête dans l’entrebâillement de la porte.

— J’adorerais, mais j’ai encore des copies à corriger… dis-je, un peu déçue. Demain, c’est promis !

Il entre et pose une bise sur le haut de mon crâne.

– Pas de souci. Je vais préparer le repas dans ce cas.

— Merci chéri.

— Pâtes au fromage ?

— N’oublie pas les légumes.

— Évidement !

Il s’éclipse sans bruit pour me laisser travailler. Quel homme adorable ! Je range le dessin du renard et passe à la copie suivante. Lucas. Je soupire et la glisse en dessous de la pile. Pas maintenant.

En allant me coucher, l’image du renard me revient. Je l’ai déjà vu quelque part, mais je n’arrive pas à me souvenir où. J’attrape mon téléphone sans faire de bruit, Éric dort. Je lance une recherche sur les logos représentant des renards. Mais bien sûr ! Le Fire Fox, le bar Erasmus ! Je n’y suis allé que quelques fois avec une amie danoise en première année de math sup, mais je me souviens l’avoir beaucoup aimé. Dès que l’on entre, on a l’impression de voyager tout droit en Irlande dans un vieux pub de campagne. Le plafond bas, tout en bois, et surtout, les violons déjantés de la musique celte.

— Éric, murmurè-je en le secouant.

Il grogne vaguement

— Éric, demain je veux aller au Fire Fox.

— On va où tu veux…

Je me rallonge et souris malgré-moi. Mes souvenirs m’envahissent. La chaleur, les rires, les nez rouges et la bière. C’était la soirée de départ de Lisbet, mon amie danoise. Elle avait commencé au Fox sur les chapeaux de roues avec les autres Erasmus. Aussi imbibée que moi de bière et de whiskey, Lisbet avait commencé à m’embrasser. C’était avant qu’Éric et moi sortions ensemble. Évidement, je ne l’ai pas repoussée. En y repensant, je crois que j’attendais ce moment avec impatience. Je ne sais pas comment s’est terminée la soirée pour les autres, mais la mienne a fini sous la couette… En partant de chez moi le lendemain matin, elle m’a embrassé une dernière fois et m’a dit que je serais son meilleur souvenir de France. Lisbet. Ma première et ma seule femme jusqu’à ce jour. Et certainement pour toujours d’ailleurs, maintenant que je suis avec Éric. Il y a un monde entre les deux et je ne saurais pas dire si je préfère l’un ou l’autre, mais si je retombais un jour sur Lisbet… Je me retourne et expire lentement. À quoi je pense ? Il ne se passerait rien si je devais croiser Lisbet. Ni avec elle ni avec aucune autre fille d’ailleurs. J’aime Éric.

Ma journée est enfin terminée. Je n’ai beau travailler que l’après-midi le vendredi, c’est une longue après-midi. J’enchaine mes deux classes de seconde, finissant, de surcroit avec les plus turbulents. Zacharia, aussi soulé que moi par ce vendredi fin d’après-midi, m’a retourné la classe. J’ai dû le mettre dehors, je n’en pouvais plus et les autres non plus ! Seule la perspective de ma soirée au Fox m’a permis de garder mon sourire.

En rentrant, je trouve Éric en train de faire les cent pas au téléphone. Il semble très agacé, ce qui n’est pas habituel. Il raccroche rageusement et vient me prendre dans ses bras.

— Tu ne peux pas venir ce soir, c’est ça ?

— Je suis désolé, mon cœur. Ils ont eu un problème de serveur et ont perdu la dernière sauvegarde du magazine. Ils sont en train de faire bosser leurs techniciens, mais Charles veut quand même que l’on réécrive nos articles pour demander matin, au cas où.

— Mais tu n’as pas une copie des tiens sur ton ordi ?

— Non, je travaille directement sur le serveur, même à la maison. Je ne veux pas de toutes ces conneries people dans mon ordi, dit-il en ricanant.

J’essaie de masquer ma déception, mais il me connait trop bien pour ne rien remarquer.

— Tu sais que tu peux sortir sans moi, hein ? On est pas obligé de tout faire ensemble.

— Mais c’est toi qui as proposé… Et puis j’étais contente de sortir avec toi.

— On aura d’autres occasions ! De toute façon, tu ne vas pas me regarder écrire. Va t’amuser et te détendre.

Je me hisse jusqu’à lui pour lui enlacer le cou et l’embrasse. C’est très bien que ce soit lui qui propose, je n’aurais pas osé. Je file me changer. Ce soir, je me fais belle ! J’ai rarement l’occasion de m’occuper de moi en ce moment. J’allume la sono et lance du Lulu Bey avant de rentrer dans la douche. Shampoing, gommage, masque, rasage… J’en ressors neuve. Mes cheveux n’avaient pas retrouvé un roux comme celui-là depuis longtemps ! Je me maquille, enfile un jean serré plus que de raison, un top, une chemise à carreaux.

— Comment tu me trouves ?

— Belle, comme toujours.

— Tu n’as même pas décroché les yeux de ton écran.

Il sourit et se retourne.

— Je n’ai pas besoin de te regarder pour savoir que tu es belle.

— Tu dégoulines de mièvrerie… Non sérieusement ? Comment tu me trouves ?

Éric me regarde plus sérieusement. Je fais un tour sur moi-même.

— Tu n’es pas très féminine.

Je le regarde, médusée.

— Et c’est quoi être féminine ?

Pris au piège, Éric ne sait pas quoi me répondre.

— Euh… Je sais pas, c’est juste que la chemise ample ne te va pas.

— Ah, bah ce n’est pas « être pas très féminine » alors, c’est juste que tu n’aimes pas cette chemise.

— Oui, c’est ça…

— Tu aurais pu dire ça directement. Bref, puisque tu n’es pas là, ça ne te fera ni chaud ni froid.

Parfois, je ne comprends pas très bien les autres, leur logique est tellement différente de la mienne. Ce n’est pourtant pas bien compliquer de dire ce que l’on pense. Certes, faut-il encore savoir soi-même ce que l’on pense… J’attrape mon blouson et ferme la porte derrière moi. Éric m’a ôté toute envie de passer la soirée avec lui. Je n’ai plus une once de culpabilité.

Je saute dans le bus qui s’apprête à repartir et m’installe au fond. Il est presque 21 h, j’espère que je trouverai encore une petite place. J’essaie d’éclipser Éric de mes pensées, hors de question qu’il me gâche ma soirée. Plus je tente de l’oublier, plus sa phrase vient s’écraser comme une grosse tâche dans mon esprit. Je ne comprends pas qu’il soit capable de sortir un truc aussi con. Qu’est-ce qu’il en a à foutre que je sois féminine ou pas ? Ce ne sont pas mes vêtements qu’il aime ! Ce n’est pas la première fois qu’il tient des propos qui me dérange comme ça… J’en viens à me demander si c’est bien l’homme avec qui je veux vieillir.

Le bus s’arrête et me sort de mes pensées. Je marche en direction du Fox et je commence à sourire. J’entends déjà la musique celtique et les éclats de voix raisonner sur les murs des ruelles. Il fait bon ce soir, tout le monde doit être dehors.

En effet, la terrasse est bondée. Essentiellement des étudiants, ça n’a pas changé! En entrant pour me trouver une place à l’intérieur, je me fais agresser par l’odeur de vieux bois, d’alcool et de sueur. Un pub comme on les aime ! Dans quelques minutes, je ne le sentirais même plus. Je vais au comptoir pour commander.

— What can I get you, lady ?! me crie le barman en se pliant vers moi.

— A pint of Dunlst, please !

— Sure !

— Make it two, D ! Hello there, I’m Josh.

Le gars, plutôt petit, me tend une main moite avec un large sourire. Pas mon type.

— Hello Josh, but no thanks. I’ll paye my own beer and drink it without you.

— Oh com on ! do you really want to sit by your self tonight ?

— Yes please.

— Just let me by you one drink, and you’ll change your mind.

Sérieusement ? Qu’est-ce qu’il n’a pas compris ?! J’allais répondre, mais je suis devancée.

— OUT ! The lady said no !

Je regarde, très étonnée, les yeux de Jade figer Josh. Vexé, il repart sans sa pinte. Jade repart aussitôt sans que je puisse la remercier. Un tas de questions se bouscule dans ma tête, trop vite pour que chacune trouve sa réponse. Je l’observe. Elle se déplace avec aisance dans le bar, elle y travaille. Elle connait les consos des habitués et les exécute presque machinalement, elle y travaille régulièrement. Son accent est impeccable, elle est surement bilingue. À voir comme il la dévore des yeux, le grand barman qui m’a servi en pince pour elle. Plus j’observe Jade, plus je commence à la comprendre. Elle voit tout, calcule tout, analyse tout. Chaque geste est réfléchi dans son moindre détail. Le hasard n’a pas sa place dans son esprit. Les rares personnes que j’ai déjà vu agir comme ça sont les zèbres aux QI très élevés que je côtoyais dans notre collège pour « enfants précoces ». Le zoo, comme je l’appelle. Je savais que Jade était un zèbre, mais je n’aurais pas pensé autant. Je dirais qu’elle est largement au-dessus de 150, et avec une prédisposition pour le logicomathématique. Maintenant, je comprends mieux son comportement au lycée, tout doit lui paraitre tellement absurde et sans intérêt ! Je ne sais même pas pourquoi elle prend la peine de venir.

— There, try this !

Un verre rempli d’un doigt de whiskey glisse vers moi. Interrompue dans mes pensées, je lève les yeux vers la barmaid. C’est une belle femme, la peau mate, presque dorée, des formes généreuses et un regard sombre. Chaud. Son accent trahit son origine indienne.

— I didn’t ord...

— On the house ! Such a sad look for that pretty face !

— Thanks... but, I don’t really like whiskey.

— Try it, I bet you’ll like it.

Je lève un sourcil amusé. Je porte le verre à mon nez, l’odeur est douce et boisée. Allez ! je ne perds rien à le gouter ! Je trempe mes lèvres, le gout et loin des saveurs âcres et fumées que je n’aime pas d’habitude. Je tousse un peu malgré tout, je n’ai pas l’habitude de boire ce genre d’alcool pur !

Pendant que je bois, je sens son regard me déshabiller. Elle essuie un verre. Ses gestes sont lents, presque sensuels. Je soutiens son regard brulant. Elle finit par poser son verre et s’approche de moi. Accoudée au comptoir, son décolleté grand ouvert sur des seins rebondis, elle me demande en approchant son visage tout près du mien :

— How was it, pretty face ?

— How did you know I’d like it ?

— I’m good at guessing what people want.

— Oh, really ? What do I want ?

Un sourire malicieux plisse ses yeux et elle laisse courir le bout de ses doigts sur ma main. Je ne la retire pas, je veux qu’elle continue. L’alcool rend ma peau plus sensible. Ça n’a aucune logique, mais je m’en fous, parce que l’alcool ralentit mon cerveau qui fonctionne trop vite et ça, ça fait du bien.

— You want to be naughty. But you haven’t decided yet if you gonna do something or not, because you might hurt someone.

Elle frise la vérité. J’ai envie de laisser l’impulsivité m’emporter. Cette barmaid me plait. Je retire toute pensée que j’ai pu avoir comme quoi il ne se passerait plus jamais rien avec une fille ! J’ai terriblement envie de la toucher, d’embrasser sa peau. Sentir ses lèvres contre les miennes, et ses mains dans mon dos. J’ai envie… mais Éric. Ça lui fendrait le cœur. Et en même temps, n’ai-je pas dit tout à l’heure que je ne pensais pas faire ma vie avec lui ?

Je retourne ma main et joue avec les longs doigts de la barmaid.

— I guess you found out…

Son sourire s’élargit, sauvage et victorieux. Elle se redresse et jette son torchon derrière le comptoir. Je la regarde s’éloigner en joutant avec un trousseau de clés du bout des doigts. Je ne manque pas de voir son clin d’œil qui m’invite à la suivre. Je frétille, comme une enfant prête à faire une bêtise. Ma raison sait pertinemment que je ne devrais pas faire ce que je m’apprête à faire, mais heureusement l’alcool m’anesthésie assez pour la faire taire. J’avale ma dernière gorgée de courage liquide et me lève pour rejoindre ma barmaid à l’arrière du bar. L’excitation tend mon dos, je souris malgré moi. Je me glisse dans un petit renfoncement à droite du bar et on me tire brusquement le bras pour me faire rentrer dans un local sombre. À peine a-t-elle fermé la porte qu’elle se jette sur moi comme un lion affamé. Sa fougue m’enivre. Sa bouche insatiable, ses mains pressantes. Elle retire ma chemise et mon débardeur, dégrafe mon soutien-gorge. Je me laisse faire, porter par son envie. Elle s’arrête et regarde mon corps. Je me sens à la fois belle et vulnérable devant son regard avide.

— Such a beauty… murmure-t-elle.

Elle se penche avec lenteur vers mon cou. Ma peau frémit en sentant son souffle chaud. Cette seconde qu’elle laisse couler avant de poser ses lèvres me parait être une éternité. Tout mon corps est raidi par le désir. Je sens sa langue glisser vers mon sein déjà dur. Ses longues boucles noires chatouillent mon ventre.

— I want more… dis-je instinctivement.

Je l’entends sourire.

— Naughty girl…

Mon pantalon et ma culotte tombent aussitôt sur mes jambes. Me voilà nue, tandis qu’elle porte encore tous ses vêtements. Si j’avais été sobre, ce déséquilibre m’aurait donné matière à réfléchir, mais heureusement je ne le suis pas.

Ma barmaid me soulève avec empressement et me pose sur la maigre table du débarras. Elle ne cesse de me caresser tandis que ses lèvres descendent toujours plus bas. Ses doigts s’agitent avec la dextérité de l’expérience. Mon souffle devient saccadé, mon cœur vibre dans ma poitrine, je m’agrippe à la table. Mon corps en extase se tend d’un seul coup, ma respiration devient rauque, je tremble, puis tout se détend. Il ne lui aura pas fallu longtemps pour déclencher en moi une petite mort. Ma barmaid se redresse et pose une dernière bise légère sur mes lèvres. Une bise acidulée. Essoufflée et en sueur, je m’agrippe à son cou et reste contre elle un instant. Ses vêtements froids contre ma peau me rafraichissent les idées, mon cœur ralentit peu à peu. Je ris.

— What ?

— Nothing, it’s been a while since sexe was that good

— oh, poor thing ! I’m glad you find me ! Come back whenever you want.

Elle dégage délicatement ma frange et pose ses lèvres sur mon front et sourit. Je me détache d’elle et me rhabille. Nous sortons du local ensemble, sans se soucier des « qu’en dira-t-on » et reprenons nos places initiales. Elle récupère son torchon, le lance sur mon épaule.

— A last drink, pretty face ?

— No thanks, I’m good. I think I’m gonna go home.

— No prob’. Good luck with your little someone, pretty face and come back soon.

Je souris, caresse le dos de sa main et m’en vais. Je regarde l’heure et jure. Je cours vers l’arrêt de bus et rate le dernier de peu. Je soupire et lève le nez vers le ciel qui s’est assombri et toussote une pluie fine. Une demie-heure de marche là-dessous, je vais attraper froid. Je hausse les épaules et me mets en route, les épaules rentrées, le pas pressé.

Bien évidemment, cette marche m’éclaire les idées. J’ai trompé Éric. Non pire, je l’ai trompé et je ne le regrette pas. C’est que je ne l’aime plus. Depuis quand est-ce que je ne l’aime plus ? Plus je réfléchis, plus j’en viens à la conclusion qu’Éric était peut-être un pis-aller. C’est la première personne à m’avoir avoué son amour. Comme c’était mon meilleur ami et qu’à ce moment-là je ne savais pas exactement ce qu’était l’amour, j’ai accepté de sortir avec lui. Est-ce que je l’aimais vraiment ? Je n’en suis pas certaine. Encore aujourd’hui je ne suis pas sure de savoir ce qu’est l’amour. On s’entend à merveille, on ne se dispute jamais, il est doux et compréhensif avec moi, mais… Je ne sais pas, c’est… fade. Oui, c’est ça, fade. Si je regarde notre vie, notre maison, nos métiers, il n’y a rien d’excitant, rien de pimenté. J’ai l’impression de m’être enfermée dans une vie sédentaire à mourir alors même que ce que j’aime c’est faire la fête sans réfléchir. Éteindre mes pensées de temps à autre. Ce coup d’un soir avec la barmaid m’a ouvert les yeux. Il me montre à quel point je suis frustrée.

J’arrête mon pas. Je suis arrivée. Je suis arrivée devant chez moi, et je suis arrivée au bout de mes pensées. Éric m’ennuie. Je regarde la petite maison de quartier dans laquelle nous sommes installés depuis quelques mois. Elle aussi m’ennuie. Elle est mignonne et simple. Comme Éric. Ce n’est pas un mal, mais je crois que ce n’est pas ce que je cherche. Une porte en bois sans fioritures, une pelouse parfaite sans fleurs ni mauvaises herbes, un mur blanc encore propre, deux fenêtres donnant de ce côté avec de minces rideaux blancs pour cacher l’intérieur. Je pousse la porte en soupirant. Pourquoi n’ai-je pas fait ces conclusions plus tôt ? Je me déchausse sans bruit et me laisse tomber dans le canapé. Je n’ai pas envie de dormir avec lui après ce que j’ai fait. Et puis, j’ai besoin de réfléchir seule.

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