Jade - 4

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Lucas me tient fermement par les hanches. Ça fait presque mal. Son bassin claque mes fesses. Il grogne et souffle bruyamment. Pourquoi il a besoin de faire autant de bruit ! Je pose ma main sur son bassin. Il a compris et il ralentit un peu. Juste assez pour que ça devienne agréable. Je sens mon excitation qui monte. La chair qui se contracte. Il donne un grand coup et il termine. Bordel de merde !

— T’es sérieux !

— Bah quoi ?

Je le gifle. Réflexe. Son air penaud me soul. À chaque fois c’est pareil ! Je remonte mon pantalon et sort des chiottes. Y a un seconde qui est en train de se laver les mains.

— C’est les toilettes des mecs.

— M’en cogne.

Je lance mon sac sur l’épaule et m’en vais. La sonnerie retentit. Bordel. Ah non, c’est math. Je me dépêche. Lucas sera en retard. Renart lui demandera d’aller chercher un mot. Et le pire, c’est qu’il ira.

Je rentre en classe. Renart attrape mon bonnet sans rien dire et le pose sur son bureau. Finalement, ça ne me dérange plus. Je n’obéis pas à une règle. C’est un rituel. Je serais presque déçue qu’elle oublie. Et puis c’est drôle. Elle doit se hisser sur la pointe des pieds pour l’attraper. Hors de question que je me baisse. Renart me sourit et je vais à ma place. Lucas arrive in extrémis. Débraillé. Quel idiot ! Il s’assoit et me murmure qu’il m’aime. Quel idiot ! Moi je ne veux plus de lui. C’est un imbécile égoïste. Il sort son cahier et note le cours. Moi j’écoute. Pas besoin de plus. Renart dit les choses simplement. Et elle ne bouge pas. C’est reposant. Elle est assise sur son bureau en tailleur et elle parle lentement, avec une voix calme. Quand elle sourit, il y a une fossette seulement sur sa joue gauche. Elle fronce le nez quand elle attend le silence. Elle passe toujours la main gauche dans ses cheveux et remet ses lunettes avec l’indexe plier pour ne pas se foutre de la craie partout. Elle n’a pas de TIC de langage. Merci entité divine qui que tu sois.

Le cours est déjà terminé. Bordel. Après c’est SVT, et la mère Leclercq, c’est loin d’être Renart… J’attrape mon sac sans me presser. Laisse les autres passer. Marche jusqu’au bureau pour… où est mon bonnet. Je le cherche par terre.

— Je te le rends si tu acceptes que l’on discute, Jade.

— Je vais être en retard.

— J’ai prévenu madame Leclercq.

Dans ce cas, si je peux légalement rater l’SVT… Je fais signe à Lucas de partir sans moi. Renart ferme la porte et s’assoit sur une table. Elle me fait signe de m’installer à côté d’elle. Je retiens un soupir et je m’assois. Renart me rend mon bonnet. Je le regarde, un peu bête. Je regarde la porte. Je pourrais partir. Pourtant je ne le fais pas. Renart me fait confiance.

— Comment tu vas ?

— Bien.

— Si tu en as besoin à un autre moment, je suis là pour t’écouter.

— OK.

Renart tourne la tête vers moi et me sourit. Enfin, ce sont ses yeux qui sourient. D’aussi près, je vois les rayons de soleil qui traversent l’épais feuillage de la forêt. Voilà pourquoi son regard est si chaleureux.

— J’aimerais que tu travailles sur quelque chose Jade.

— Quoi donc ?

— La valeur que tu as à tes yeux.

Je fronce les sourcils.

— Je ne comprends pas.

— Produits quelque chose, soit fière de toi. Lors du prochain contrôle, rends-moi quelque chose. Peu importe ce que c’est. Ce n’est même pas obligé d’être des maths. Je veux simplement que tu me rendes un travail. Mais surtout, je veux que tu sois fière de ce travail.

Je ne dis rien. Fière de moi ? Je ne le suis pas déjà ? Ce que vient de me dire Renart me trouble. Je descends de la table.

— Entendue…

— Et, Jade ?

Je m’arrête, mais je ne me retourne pas. Elle pose une main légère dans mon dos.

— Ne te laisse pas entrainer par Lucas.

Je hoche la tête et je m’en vais. J’hésite à me rendre en SVT. Finalement, je descends dans le hall et m’assieds sur un banc. Un vent froid s’y engouffre. Je resserre mon écharpe. Renart à raison, je vais quitter Lucas. Cette relation est absurde. Je ne sais même plus pourquoi on est ensemble. Je ne sais pas non plus pourquoi je ne l’ai jamais quitté. Surement parce qu’on ne se dispute jamais. En ce qui concerne les contrôles, je pense que Renart a tort. Je m’ennuie, tout bêtement. Je ne vois pas l’intérêt de perdre 30 minutes pour décrocher un 20/20. Je n’ai rien à prouver. Je sais que je sais. Toutefois, si elle veut que je lui rende quelque chose, peu lui importe quoi, pourquoi pas.

Ce soir, je ne prends pas le même bus que Lucas. Je ne veux pas me disputer avec lui. Il ne va pas bien prendre notre séparation. Je glisse la clé dans la serrure de mon appart. J’entends mon chat pleurnicher derrière. Je le pousse pour pas qu’il ne sorte pas et le prends dans mes bras. J’enfouis ma tête dans ses longs poils noirs. Ils se confondent avec mes cheveux. Agacé, il se débat et saute de mes bras pour se planter devant sa gamelle. Il miaule bruyamment jusqu’à ce que je le serve enfin. Une fois la chose faite, je m’affale sur mon canapé. J’ai quelques heures devant moi avant d’aller bosser. Je me relève et vais chercher une feuille millimétrée. J’y dessine le logo du Fire Fox, le bar dans lequel je bosse. Je traduis par des équations mathématiques les courbes que j’ai tracées. Ça devrait amuser Renart deux minutes. Je pose mon stylo et m’allonge. Une sieste ne me fera pas de mal. Soie vient se lover contre moi.

Mon réveil m’arrache du sommeil. La gueule enfarinée, je troque mes tenues de lycée pour quelque chose de plus sexy. Queue de cheval, coup de noir sur les lèvres, mascara, mini short, grosse bottine et mon long manteau. Le Fire Fox n’est pas loin de chez moi, j’y suis en 10 minutes. Même un mardi soir il est déjà blindé. Je regarde ma montre, il n’est que 21 h.

— Hey guys !

— Yo girl ! How are ya ?

— I’m good Andrew, thanks.

— Awesome ! Put your stuff behind and go get a beer keg of D, please, we’re dry ! You start with the usual ?

— I’m on it. Sure did !

Je lance mon sac dans le local du personnel et cours à la réserve chercher un fut de Dunlst. Quand je reviens, Andy m’a préparé un scotch que je vide d’un trait. Il branche le fut et c’est reparti pour un tour.

— Thanks Andy, I really needed it.

— Something wrong at school ? That Lucas dush bag ?

— You wish ! Yeah some of it.

Lucas me sert un second verre en me regardant intensément. Naturellement. Il veut la suite de l’histoire. Je lui mentionne vaguement ma discussion avec Renart pour le mettre dans le contexte.

— Finally ! That dickhead is a pain in the ass ! Glad you choose to ditch him. He’s so stupid…

— Lucas loved me.

— I love you too and I’m not a dickhead !

Je manque de faire tomber les verres que je tenais en main.

— What do you mean by you love me ?

— Pretty obvious don’t you think ?

— No. How could you even be interested in school girl while you’re a law student ?

— You’re not a school girl J ! You’re 19 !

— And still in college.

— So what ? You’re working, you have you’re own apartment, you can go to any party you want without momy’s approval, that’s pretty grown up stuff for me.

— Put it in that way…

— See ?! Come on J

Je regarde attentivement Andy. C’est certain qu’il est beau garçon. Encore un rouquin. Rien à voir avec Renart. Un roux sombre, des bouclettes, des yeux noisette, une barbe drue, grand. Vraiment grand. Et tellement moins con que Lucas.

— Why not !

— Yes ! You won’t regret it, I promise !

Je suis obligée de rire. Sa légèreté est contagieuse. On continue le service sans qu’il ne se passe quoi que ce soit. Une fois le bar fermé, il me dit de rentrer. Quand je suis avec lui, il ne me laisse pas fermer. À juste tire. Il n’aime pas que je me couche aussi tard alors que « j’ai école ».

— Hey J ?

— What ?

L’effervescence passée, il devient un mec calme que je connais peu. Il pose son immense main sur ma joue.

— Sleep well.

Il se plie en deux jusqu’à moi et pose un baiser si léger sur mes lèvres que je le sens à peine. Je ne pensais pas qu’il était du genre timide. Je lui attrape le cou et plaque ma bouche contre la sienne. Je colle mon corps au sien. Il m’attrape par les hanches et me pose sur le comptoir comme si je ne pesais rien. Ses mains sont pressantes. Chaude, délicates. Il les glisse avec avidité sous mon t-shirt, caresse mon dos. Je passe mes jambes autour de sa taille, agrippe sa ceinture. Je sais qu’il en a envie. Moi j’en ai envie. J’enlève mon haut. Il prend le temps de me regarder puis se remet à m’embrasser. Le cou, les épaules, les seins, le ventre. Sa barbe me chatouille et m’excite. J’ai le bas-ventre qui brule. Bordel… J’en avais pas eu envie comme ça depuis longtemps. Je redescends. Mon tour. Il m’aide à enlever son haut. Je caresse son torse. Ses poils épars sont doux. Lui aussi est chatouilleux. J’embrasse ses tétons. Les lèches aussi. Je suis son chemin du bonheur, déboucle sa ceinture. J’éclate de rire.

— Seriously ? A super hero underwear ?

— Shut up… won’t prepare for that.

— You bet !

J’abaisse son affreux calbut d’un seul geste. Ça oui, il en a envie. J’y mets un léger coup de langue au bout. Il frissonne. J’y vais plus franchement. Il ne peut pas s’empêcher d’attraper mes cheveux. Je frappe sa main, je n’aime pas ça. Je sais dans quel sens on va. Son souffle s’accélère. Ses muscles se contractent. Sa respiration se bloque. Un gout sucré coule sur ma langue. Bingo. Complètement essoufflé, il se laisse tomber sur une chaise.

— I’m so sorry, J…

Je lève un sourcil.

— For what ?

— I never came so fast…

— That wasn’t fast.

— OMG, dickhead is an early wanker !

— Or, I‘m pretty dam good.

— Undeniable…

Je me rhabille.

— Are we done ?

Il semble déçu.

— D, you’re sitting half-naked half-tired on a bar chair. we’re done for tonight, yes.

Un sourire moqueur étire sa joue fatiguée. Je l’embrasse et le plante là. Ça faisait longtemps que je ne m’étais pas autant amusée.

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