Chapitre 4 - Skywalker

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 — Allô ! Alpha Tango. Position 4° sud, 27° nord et 38° à l’ombre. Nous sommes au point d’impact.
 — C'est qui à la radio ! avait hurlé le Colonel Challenger des forces spéciales.
 — Alpha Tango, Roulis-Boulis. En position d’observation.
 — Mais qui est à la radio, nom d'un pustule de babouin !
 — Second Lieutenant Glover, Mon Colonel. Désolé, on faisait un test radio.
 — Je vous botte le train dès que j'arrive ! Vous comprenez ? Je vais tellement vous botter le train que vous partirez en orbite pour Pluton ! Vous comprenez ?
 — Affirmatif Mon Colonel.
 — Situation ?
 — Mon Colonel, l’objet volant non identifié ne semble pas avoir de dégâts importants. La chose est fermée. Rien n’a bougé depuis que nous sommes arrivés. Aucun bruit.

Reprenant son calme, le Colonel avertit.

 — Très bien. Vous ne touchez à rien. Vous ne bougez pas, vous ne parlez pas. Si je vous entends éternuer, je vous tue ! Comprenez ? N’engagez aucun contact et ne tentez rien d’absurde. On est d’accord ?
 — Affirmatif Mon Colonel !
 — Nouveau contact dans 5 minutes. On sera là dans une petite demie-heure.
 — Affirmatif Mon Colonel !

Le jeune Lieutenant à peine promu en tremblait encore. Ce n’est pas tous les jours qu’on a affaire au Colonel. Il se tourna vers son ami d’enfance le premier Lieutenant Tench.

 — Purée, je me suis fait allumer par le boss, là !
 — Gros bide ? s'amusa Tench.

Il frottait sa carabine usM1 d‘un geste quasi amoureux.

 — T’inquiète pas Glover, enchaîna-t-il, il est à la retraite le vieux, dans deux mois, je crois. C’est fini pour lui et puis, tu sais, il parait…
 — J’entends exactement tout ce que vous dites, bande de phacochères décérébrés ! Ho ! Purée, je vais me les farcir les deux guignols !

Glover coupa rapidement la radio.

 — T’es juste pas fini, toi ? s'énerva Tench. Tu le sais, hein ? t'es pas fini.
 — Ces nouvelles radios, j’arrive pas m’y faire. pfff !

Devant eux, l’épaisse fumée mélangée à la poussière du sol s’était atténuée laissant place à un engin métallique à demi recouvert du sable chaud du désert de ce mois de juillet 1947. Assez imposant tant par sa forme que par son caractère ‘objet non identifié’, la machine, le nez dans le sable, semblait ne plus respirer. La carlingue cabossée, dont les différentes pièces laissaient penser qu’on l’avait rafistolé depuis peu au garage du coin, était d'un gris sale, rayé de toutes parts. Tench s’y connaissait un peu en carrosserie. Il avait déjà retapé des vieilles voitures avec son père et ce qu’il voyait maintenant ne l’étonna pas.

 — On dirait la caisse du vieux Mc Appleby en plus rond.
 — Touche pas Tench, le gros…

Il vérifia que la radio fut bien éteinte.

 — Le gros, reprit-il, nous a dit de ne rien toucher. Arrête de tapoter partout. On sait pas y a quoi là dedans.  
 — Je fais un état des lieux, rassura Tench.

Il donna de grand coup de pieds ici et là comme pour vérifier la solidité de l'objet. Du bout de son arme il n'hésita pas à explorer des cavités pensant qu'elles s'ouvriraient.

 — Rien de bien méchant. Hooo, purée, par contre ça pue quand même. On dirait un mélange de bouse de yack et de fond de chaussettes, tu sais quand t’as fini un match de base.

Il eut un mouvement de recul et se pinça le nez de dégoût.

 — Riiiiiiiiiiiiiiiii……………. Shhhhhhhhhh……. Riiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii…..

Un bruit strident sortit de l'appareil. Une trappe s’ouvrit doucement laissant couler lentement un liquide jaune visqueux comme un volcan qui vomit sa lave. Les deux militaires sursautèrent et rapidement mirent en joue l'ouverture.

 — Armée des États-Unis d’Amérique ! Veuillez décliner votre identité ! Officier Skywalker qui vous parle. Veuillez décliner votre identité !

Après un court instant sans réponse, les yeux ahuris, ronds comme des boules de billard, Tench, piqué par la curiosité chuchota : 

 — Officier Skywalker ? Attends, Glover, tu t’es cru où, là ? Skywalker ? Nan mais c’est nul comme nom.
 — Bah, c’est la première chose qui m’est venue. Je trouvais que ça tapait pas mal Skywalker.
 — Ho ! le vieux nom pourri. Skywalker, répétat-il en levant les yeux au ciel. Non, mais j’y crois pas ! Qui peut s’appeler Skywalker aux États-Unis et réussir sa vie ? nan mais.

 — Riiiiiiiiiiiiiiiii……………. Shhhhhhhhhh……. Riiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiiii…..

De nouveau la trappe fit entendre un grincement aigu. Puis, une plus grosse partie se mit à vibrer et finit par s’ouvrir laissant entrevoir un intérieur trop sombre.

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