Vendredi 11 novembre

 Donc, sur le conseil d'une amie... Je vais écrire là-dedans... Ecrire je ne sais pas quoi, mais écrire.
 ...Je me demande ce que les gens écrivent d'ordinaire...
 Je n'ai pas grand chose à dire d'aujourd'hui. Il faisait beau, je suis sortie...

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Mardi 15 novembre

 Rien de nouveau sous le soleil...

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Samedi 20 mai

 Je reprends mon carnet.
 Mickaël - un ancien client - a repris contact. Je ne sais pas ce qu'il me veut.
 Ne sait-il pas que je suis libre comme l'air ? un souffle et me voilà envolée, dispersée tel le pissenlit...

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Dimanche 21 mai

 Curieuse coïncidence, mes parents appellent le lendemain. C'est vrai qu'on est dimanche, quand même... Mais ils ont réussi à obtenir mon numéro : comment ont-ils fait ? Vraiment, ne serait-ce pas Mickaël ? ou peut-être Jean ?

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Lundi 29 mai

 J'ai galéré pour échapper aux vieux. J'ai déjà assez de problèmes pour qu'ils viennent s'immiscer.
Forcément leur réflexe serait de m'expliquer mes torts, de critiquer ceci, critiquer cela... C'est tout ce qu'ils savent faire.
 ...Les absents ont toujours tort. C'est une loi bien établie.

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Vendredi 7 juillet

 On est l'été, on est vraiment l'été... Mais je n'en profite pas vraiment... Je dois m'occuper de mon mien. Mon tout petit mien...
 Je ne sais pas quoi penser de ce que j'ai fait. Et peut-être que cet enfant est une bêtise. Mais c'est la plus mignonne de toutes mes bêtises.

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Mardi 25 juillet

 Un client est venu me trouver. Il pense être le père. Je lui ai répondu laconiquement. "Laconiquement" : c'est un mot que m'a appris Pierre.
 Il est trop tard à présent. Je n'ai jamais compris pourquoi...pourquoi je ne pourrais pas m'en servir moi-même de ce principe : "les absents..." On dira ce qu'on voudra... C'est le père, l'absent, non ?

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Mercredi 4 octobre

 Mes parents m'ont recontactée.
 Ils n'ont toujours pas digéré le fait que j'aie gardé l'enfant. Mon père prend ça pour un caprice. Il n'a aucun respect, aucune considération...
 Gabriel est en face de moi et me fait un sourire baveux. Spèce d'absent, va, je lui fais. Moi aussi, je suis une absente.

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Jeudi 5 octobre

 C'est une solution facile que tout le monde se donne. On se cache ce qui nous fait honte, ce qu'on n'ose pas changer, on se cache ses faiblesses. Le défaut de notre époque c'est la lâcheté.
 Gabriel et moi vivons en marge, au verso du monde (Verseau, c'est mon signe), dans l'ombre... Comme les Répliquants de Blade Runner.

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Dimanche 8 octobre

 J'ai été voir un vieux du côté du parc. Il était tout étonné qu'on vienne l'aborder, et d'autant plus une jeune comme moi. Je lui ai expliqué : je m'intéresse aux personnes qu'on vient peu voir, à celles qu'on n'écoute pas. Ou à celles qu'on écoute sans les écouter, avec des idées préconçues dans la tête.

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Vendredi 27 octobre

 Brève.

 Récemment il y avait des amis et d'amis qui discutaient : je me suis incrustée. Ils parlaient d'écologie. Ils avaient un consensus sur la nécessité de passer à 75 % de renouvelable d'ici 2050 et des choses dans le genre. Je m'y connais pas trop mais j'ai donné des contre-arguments qui les ont un peu agacés. Mais ce qui m'a amusée est leur tête quand j'ai dit voter Verts depuis toujours.

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Lundi 6 novembre

 Brève.

 Dans le métro, aujourd'hui, j'ai entendu deux lycéens discuter. L'un avait été absent à un court de philo, et demandait un résumé. Alors son ami lui a dit que le prof lui-même avait dit de retenir une seule phrase, qui serait "sa philosophie" : "Garder les yeux ouverts". Il lui a demandé ce que ça signifiait, mais il ne savait pas.

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Jeudi 23 novembre

 J'ai enfin compris un vieux jeu de mots de Pierre, quand je lui avais raconté mon souhait. Il m'avait dit : "T'es une nana chronique"...
 N'empêche que l'idée me plaît.

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Mardi 5 décembre

 Stéphane m'a montré une citation de Jean d'Ormesson :
 "il y a quelque chose de plus fort que la mort. C'est la présence des absents dans la mémoire des vivants..."

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Samedi 9 décembre

 Pourquoi est-ce que j'écris encore dans ce carnet ? Pourquoi est-ce qu'on écrit, pourquoi on se dit des choses comme ça, à quelqu'un d'autre ou à soi-même ?
 C'est la question que je m'étais posée au début, et je crois avoir une réponse.
 Je crois que c'est pour se révéler ses blessures.

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Dimanche 10 décembre

 Aujourd'hui ça a été un peu agité dans le métro. Un gars pressé a bousculé Gabriel sans s'excuser. Il a même nié les faits.
 En plus, le problème, c'est qu'ils étaient tous occupés entre eux, ils disaient ceci et cela, avec parfois des mots compliqués comme quand je discute avec Pierre.

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 Et pendant ce temps, personne s'occupait de mon mien. Alors je l'ai serré dans mes bras et dorloté. Il ne pleure pas fort, c'est pour ça que personne n'a réagi je pense.
 Y a aussi un mendiant qui est passé récolter des sous. Moi j'ai trois fois rien. Quelques mémés lui ont refilé des bricoles. Mais à part ça, personne n'a fait attention à lui.