Chapitre 45

11 minutes de lecture

Quand je reviens dans la chambre le soir, Enzo n’est pas encore là. J’en profite pour ranger mes achats de l’après-midi – un petit-porte clef pour Sally, quelques cartes postales que je déposerai discrètement dans les boîtes aux lettres concernées en rentrant à la maison, ce genre de choses. Mon cœur bat plus fort quand j’aperçois la petite boîte au fond de mon sac. Déjà ce matin, j’étais un peu gêné d’y avoir pensé, mais cette après-midi, quand je suis allé à la pharmacie, j’étais carrément écarlate, pire qu’un pré-ado achetant ça pour la première fois. J’ai même acheté du Dolliprane en même temps, dans une vaine tentative de faire diversion, bien que la pharmacienne se moquait probablement bien de ce que je pouvais acheter. Maintenant, je me sens bête et je stresse un peu.

En attendant Enzo, je commence à ranger mes affaires, préparant mes bagages pour le départ. Je suis un peu triste à l’idée que cette soirée sera la dernière que l’on passera ici. Enfin, ce n’est pas comme si on n’allait pas se revoir après, mais ce ne sera pas comme ici, dans ce petit cocon confortable que constitue cette chambre.

Je ne sais pas comment on va s’organiser à la rentrée. Se voir au lycée, c’est bien sûr hors de question. Mais même en dehors, ça me semble compliqué, entre nos activités et nos amis respectifs, plus le fait que l’on vive tous plus ou moins dans la même petite ville, qui laisse difficilement peu de place aux secrets. En soi, je sais bien qu’il y aura de nombreuses après-midis où il pourra venir chez moi, voire rester à dormir quelques fois. Mais devoir batailler pour grappiller quelques moments me frustre déjà.

Je suis interrompu dans ma réflexion par le bruit de la porte. Enfin, Enzo est là, comme à son accoutumée toujours aussi beau dans une chemise noire, pourtant triste par rapport à ses tenues habituelles. En deux enjambées, je le rejoins et passe mes bras autour de son cou, l’attirant à moi. On s’embrasse pendant quelques instants, simplement, tendrement. Quand on se détache l’un de l’autre, il m’observe en souriant, replaçant une de mes mèches de cheveux derrière mon oreille.

- Ça a été ta journée ? Je lui demande.

Il hoche la tête.

- Oui, rien de palpitant. J’ai parlé avec Lara, ce soir. Elle m’a raconté pour cette après-midi.

- Et t’en penses quoi ?

- J’en pense que je suis un plus mauvais comédien que ce que je croyais ! Rit-il. Mais sinon, je dois avouer que ça me soulage que quelqu’un soit au courant. Quelqu’un de proche de moi, en tout cas. Et ne t’en fais pas, elle est souvent spontanée, voire un peu maladroite, mais elle ne dira rien. C’est une tombe pour garder les secrets.

Je hoche la tête. Ça me rassure un peu, je suis moyennement chaud pour que tout le monde soit au courant si rapidement.

- Et je suis désolé, ajoute-t-il. J’aurais du me douter qu’elle devinerait pour nous deux en lui parlant de moi, j’aurais du te demander avant.

Je hausse les épaules :

- Non, t’inquiète, je comprends que tu aies eu envie d’en parler à quelqu’un, t’as pas à me demander. Enfin, après, si tu pouvais ne pas raconter ça à tout le monde, ça m’arrangerait plutôt, hein !

Il rigole :

- Promis, je vais me montrer plus discret.

- Pourquoi Lara ?

Il réfléchit un instant.

- Je ne sais pas trop. Bon, déjà, elle avait quasiment deviné, donc c’était pas vraiment une révélation. J’aurais pu mentir, mais bon… J’avais juste envie d’avoir quelqu’un avec qui en discuter. Quelqu’un à qui me plaindre de toi par exemple, rit-il.

- Eh ! Je m’offusque.

Il rit avant de m’embrasser. Il se recule rapidement, laissant ses bras autour de mon cou.

- Tu prépare déjà tes affaires ? Me demande-t-il en désignant mon sac.

Je hausse les épaules :

- C’est notre dernière soirée ici, et je n’aime pas tout préparer au dernier moment, alors…

- Hum, notre dernière soirée… Comment va-t-on pouvoir l’occuper ? Dit-il d’un ton innocent qui contraste avec son sourire en coin.

Il se penche pour m’embrasser. Je n’attends pas longtemps avant de retirer sa chemise et de caresser cette peau dont j’ai rêvé toute la journée. Rapidement, nos autres vêtements subissent le même sort et l’on se retrouve nus à s’embrasser sur son lit, l’excitation déjà bien palpable de part et d’autre. Allongé au-dessus de moi, il est occupé à passer sa langue dans le creux de mon cou, envoyant de délicieuses décharges électriques le long de ma colonne. À de multiples reprises, nos érections se frottent accidentellement, et cela ne fait que renforcer mon excitation. Bientôt, Enzo quitte mon cou pour descendre plus bas. Je l’arrête alors que sa tête approche de mes cuisses :

- Enzo, attends !

Il suspend son geste et me regarde avec perplexité. D’un coup, je sens le rouge me monter aux joues, et je ne suis plus très sûr de ce que je voulais dire. J’ouvre la bouche mais ne parvient qu’à balbutier quelques mots inintelligibles. Il se redresse et s’assoit à côté de moi, visiblement perdu.

- Qu’est-ce qui ne va pas ? Demande-t-il doucement.

Je me flagelle intérieurement. Au lieu de profiter du moment, il a fallu que j’ouvre ma grande bouche, et maintenant je me sens con. Prenant une grande inspiration, je me lance :

- J’aimerais… J’aimerais qu’on le fasse ensemble.

Il n’a pas l’air plus éclairé.

- Qu’on fasse quoi ? Me demande-t-il, perplexe.

Je soupire. Lui qui est d’habitude si perspicace, a soudain besoin d’explications. Je sens que je suis plus écarlate que je ne l’ai jamais été, mais prenant mon courage à deux mains, je me lance :

- Qu’on fasse l’amour.

Je me penche pour récupérer les préservatifs et le tube de lubrifiant dans mon sac.

- Je voudrais que tu me fasses l’amour.

Ses sourcils se lèvent, et pendant un instant ne dit rien. Dans un coin de ma tête, je note qu’une chose que je ne pensais pas être capable de faire s’est produite : j’ai cloué le bec à Enzo. Mais devant son air surpris, j’ai peur de l’avoir choqué, et mon assurance déjà bien maigre fond comme neige au soleil.

- Enfin, je rajoute précipitamment, si tu en as envie… Tu sais quoi, oublie, je…

Il me coupe d’un baiser assez bref, avant de se reculer. Laissant sa main sur ma joue, il prend un ton doux pour me répondre :

- Lucas, j’en ai très envie. Mais tu es sûr d’être prêt pour ça ?

Une petite part de moi a envie de prendre cette opportunité de sortie, dire non et passer à autre chose. Mais j’en ai envie. J’ai envie d’une plus grande intimité entre nous, j’ai envie d’être sien au moins pour quelques instants, et je ne sais pas quand l’occasion se représentera. Je respire profondément :

- Oui.

Il m’observe encore un instant. Voulant lui prouver que je suis sûr de moi, je l’embrasse avec toute la fougue dont je suis capable, caressant son corps en même temps, agrippant son bassin pour le rapprocher au plus près de moi.

Le baiser nous laisse tout les deux pantelants, et quand il se détache de moi, il est à bout de souffle lui aussi. Moi, je me sens un peu moins stressé : même si j’appréhende un peu ce qui va se passer, mon désir de le faire compense largement.

- D’accord, dit-il doucement, mais on arrête dès que tu veux, OK ?

Je hoche la tête.

- Oui, t‘inquiète pas.

Il se penche sur moi pour m’embrasser, pendant que ses mains se déplacent sur mon corps et rejoignent mes fesses. Il les caresse un instant, puis je sens ses doigts effleurer une partie de moi encore inexplorée. Il se redresse, et de mon côté j’écarte un peu les cuisses pour lui faciliter l’accès. Je me sens un peu vulnérable dans cette position, mais son sourire rassurant dissipe mes craintes.

Je me tend quand l’un de ses doigts vient exercer une pression sur mon entrée, mais je me relaxe lorsqu’il s’introduit en moi. Jusque là, rien de bien méchant. Il bouge pendant quelques instants, puis se retire pour appliquer un peu de lubrifiant et un deuxième doigt vient rejoindre le premier. Le sentir à l’intérieur de moi ainsi est un peu étrange, pas désagréable, mais pas particulièrement agréable non plus. De son autre main, il vient caresser doucement mon sexe qui ne demande que ça. Ses doigts coulissent à l’intérieur de moi, écartant mes chairs, me préparant à le recevoir. C’est assez sympa finalement comme sensation.

Mais quand un troisième doigt s’ajoute, la sensation devient douloureuse. J’essaie de me concentrer sur le plaisir que me procure son autre main. Il bouge lentement et, le lubrifiant aidant, je m’habitue un peu. Alors, il se penche sur mon sexe, venant le lécher sur toute la longueur, m’arrachant un gémissement. Rapidement, les merveilles que sa bouche et sa main me font aident à faire disparaître la douleur, et je gémis doucement. Même, je commence à prendre du plaisir par cette zone, ce que je n’imaginais pas il y a quelques instants.

Quand ses doigts se retirent, je me mords les lèvres pour ne pas gémir de frustration. Il attrape la boîte de préservatifs et en enfile un, ajoutant une quantité généreuse de lubrifiant. De nouveau, le stress revient à la vue de son membre d’une taille plus que décente.

Mais Enzo se penche alors sur moi, m’entraînant dans un baiser langoureux. Sa langue vient caresser la mienne, ses doigts se mêlant aux miens, ses mèches folles venant effleurer mon visage, et cela suffit à faire baisser mon angoisse. Il se recule d’à peine quelques centimètres.

- Toujours partant ?

Je hoche la tête.

- Carrément partant.

Il s’installe entre mes jambes, que je passe autour de son bassin. J’essaie de me détendre quand je sens son sexe presser contre mon entrée. Doucement, il s’introduit en moi. La douleur me fait crisser des dents. Il s’arrête, mais je l’exhorte à continuer :

- Non, non, ne t’arrête pas.

Quitte à avoir mal, je préfère autant que ce soit rapide. Quand je sens son bassin frotter contre mes fesses, je respire profondément. Bon, ça va, ce n’est pas si pire.

- Ça va ? Me demande Enzo.

- Ouais, juste, attends un peu.

Alors, il ne bouge plus pendant quelques instants, me laissant le temps de m’habituer à cette sensation. Sa main se glisse entre nous pour revenir taquiner mon érection. Après quelques mouvements, j’arrive à me concentrer suffisamment sur cette sensation pour oublier la douleur, qui peu à peu reflue. ,

- Ok, vas-y.

Lentement, il se retire et revient, à plusieurs reprises, toujours doucement. La sensation de brûlure disparaît bientôt, comme une autre sensation fait son apparition. Celle-ci est plus sourde, plus profonde. Peu à peu, quelques étincelles de plaisir jaillissent dans le creux de mes reins. J’agrippe les hanches d’Enzo, l’encourageant à continuer.

Le rythme se fait plus soutenu, ses va-et-vient plus rapides. Son souffle court se mêle au mien. À chacun des passages de son sexe en moi, j’ai l’impression que chacun de mes nerfs répond, et bientôt un véritable feu se crée dans mon bassin, et mes soupirs se transforment en gémissements. Quand au détour d’une autre poussée Enzo butte contre un point sensible en moi, je ne peux empêcher un cri de franchir mes lèvres.

- Encore, je gémis.

Et Enzo ne se fait pas prier pour continuer, ses gémissements se mêlant aux miens. De temps à autres, il dépose sur mes lèvres un baiser bref, ou mordille la peau de mon épaule, et cela ne fait que renforcer mon excitation. Sa main se glisse alors entre nous deux, venant de nouveau caresser mon sexe, et cette fois le plaisir est si intense que je dois me mordre les lèvres pour ne pas le hurler. Le feu de mon bassin s’intensifie encore, je sens que je suis proche. Enzo ne semble pas dans un meilleur état que moi, ses cheveux formant des mèches éparses devant ses yeux voilés par le désir.

Encore quelques va-et-vient, et l’orgasme me fauche. Des vagues de plaisir m’envahissent, et des mots et des gémissements désordonnés franchissent mes lèvres, parmi lesquels le prénom d’Enzo revient à plusieurs reprises. L’intensité de ma jouissance me surprend, c’est un plaisir différent de celui auquel je suis habitué, plus fort, plus sauvage.

Il ne faut pas longtemps avant qu’Enzo ne me rejoigne, poussant un long gémissement. Il nous faut quelques instants pour reprendre pied, moment pendant lequel on ne bouge pas. Enzo est toujours en moi et je sens son souffle dans mon cou. Après une minute, il se retire, me laissant une sensation de vide, et s’écroule pantelant à côté de moi.

D’une main distraite, je caresse ses cheveux, toujours sous le coup de cet orgasme incroyable. C’est étrange, je n’aurais jamais pensé à faire ça il y a seulement quelques jours. Là, alors qu’Enzo est couché à côté de moi, la tête contre mon torse et la main négligemment posée sur mon ventre, ça me semble on ne peut plus naturel.

Enzo se relève, allant jeter le préservatif. Sans lui, le lit me paraît vide, le froid s’insinue contre mon flanc et je frissonne. Heureusement, il ne tarde pas à revenir, se couchant de nouveau contre moi. Je me tourne vers lui puis me penche pour l’embrasser quelques instants, lascivement. Il m’observe en silence, replaçant mes cheveux vers l’arrière.

- Ça va ? Chuchote-t-il.

Je rigole doucement.

- Est-ce que je n’ai pas été assez explicite ? C’était super.

- T’as pas eu trop mal ?

- Un peu, au début. Mais franchement ça valait le coup.

Il sourit. Pendant un instant, on se regarde sans rien dire.

- Je suis content qu’on l’ait fait, j’ajoute doucement.

- Moi aussi. Merci.

- De quoi ? Je rigole. J’en ai profité aussi, hein.

Il hausse les épaules.

- De m’avoir fait confiance.

- Je… Je me sens bien avec toi, Enzo. J’ai pas envie que ça s’arrête.

- Moi aussi je suis bien avec toi. Et il n’y a aucune raison que ça s’arrête, OK ? Ce sera peut-être un peu plus compliqué de se voir en-dehors de cette chambre, mais on va y arriver.

- Oui, on n’a qu’à proposer à madame Lomes de refaire un projet, et on sera de nouveau obligés de se voir !

Je plaisante, en partie pour ne pas montrer que cela m’angoisse un peu.

- Je suis sûr qu’elle serait partante ! Rit-il.

Il reste silencieux un instant avant de reprendre :

- Lucas, on va trouver du temps, d’accord ? Il y a plein de soirs pendant lesquels ma mère et mon beau-père travaillent et mes demi-sœurs sont chez leur mère, tu pourras venir chez moi. Et puis, je pourrais toujours passer certaines après-midis chez toi pour « travailler », non ?

Je souris.

- Ça devrait pouvoir se faire.

Il m’embrasse, comme pour sceller ce serment. Mes craintes se sont apaisées, et la rentrée ne me semble plus aussi insurmontable.

On reste un moment ainsi, à s’embrasser ou à se caresser, profitant de l’instant présent puis, quand je sens mes paupières devenir lourdes, je l’embrasse une dernière fois avant de poser ma tête sur mon nouvel oreiller préféré, le creux de son bras, et je m’endors bercé par la chaleur qui se dégage de lui.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Arty_ ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0