Chapitre 32

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J’ai ensuite raccompagné Margot à sa chambre, cherchant une excuse pour rester plus longtemps avec elle. Elle me présente à ses compagnes de dortoir, qui me saluent vaguement puis se désintéressent assez rapidement de moi. Je n’ai pas le choix, si je ne veux pas rester comme un con planté au milieu de la pièce, je dois partir. Margot m’embrasse sur la joue, puis je quitte leur chambre.

Je remonte le couloir, encore une fois bondé par tous les gens cherchant à avoir un lieu pour se brosser les dents. J’y croise les gars et m’arrête pour discuter un peu. Visiblement, je n’ai rien loupé de la partie de ce soir : tout le monde était crevé et est allé se coucher tôt, ce qui explique la masse de gens dans le couloir alors qu’il n’est même pas 21 heures. Je rigole cinq minutes avec eux, mais malheureusement pour moi d’autres gens arrivent, parmi lesquels Valentin et Max.

- T’es là, toi ? Me fait-il. Pourquoi t’es pas avec tes copains de Saint-Thomas, hein ?

- Oh, c’est bon Valentin, lâche-nous, me défend Malik.

Je le remercie silencieusement. Une fois encore, je note que Max ne dit rien pour me défendre, même s’il semble passablement mal à l’aise. Valentin semble sur le point de revenir sur le sujet, mais les rires d’un petit groupe de Saint-Thomas le coupent. Parmi eux notamment, Léo, à l’origine de la bagarre de cette après-midi, et Simon. Celui-ci nous décoche un regard moqueur en passant à côté de nous.

- Eh, merci pour ton aide cet aprèm Lucas ! Rigole Léo une fois à ma hauteur. Franchement, c’est sympa de te ranger toujours de notre côté !

Max lui lance quelques noms d’oiseaux, mais la présence de M. Diallo, qui vient de sortir de sa chambre, tue dans l’oeuf le début d'échauffourée, et les deux groupes se séparent. Ne souhaitant pas m’étendre là-dessus avec mes potes, je leur souhaite bonne nuit et repars. L’incident m’a perturbé. Pas les moqueries des Saint-Thomas ou même celles de Valentin, non, mais cela me ramène à mes angoisses. Après le fiasco de la soirée théâtre, j’étais persuadé qu’Enzo s’était servi de moi pour que je balance le projet de mes potes. Et si c’était toujours le cas ? Son comportement me laisse plus que perplexe. Quelque fois, j’ai l’impression qu’il apprécie d’être avec moi, mais à d’autres moments il est si désinvolte que je me demande si je ne me fais pas des films.

Je suis tellement plongé dans mes pensées que je manque de rentrer dans Renaud, qui remonte le couloir en sens inverse.

- Oh là, Lucas ! Fais attention, ou je te mets deux heures de colle moi !

Je souris. Renaud sait parfaitement qu’il n’a pas la moindre once d’autorité en lui.

- T’as vu ce bordel ? Continue-t-il en me montrant les embouteillages à l’autre bout du couloir. T’es quand même mieux avec ta chambre, tranquille !

Je hoche la tête.

- C’est sûr que niveau place c’est royal. Enfin, j’aurais quand même bien aimé passer la semaine avec mes potes.

- Ah ça, il faudrait que tu en parles à ton camarade de chambre!

Je fronce les sourcils.

- Comment ça ?

- Bah, c’est lui qui nous a parlé de faire des chambres mixtes, avec des Saint-Thomas et des Zola, comme quoi c’était bon pour l’entente générale, tout ça, tout ça…

Je suis estomaqué.

- Ah bon ?

- Oui, c’est même lui qui a proposé que vous ayez la chambre à deux, que ça servait à faire passer un message à vos camarades ou je ne sais pas trop quoi… Hé, toi ! Crie-t-il vers mes camarades. On ne jette pas du savon à ses camarades !

Il s’éloigne en continuant à pester, me laissant seul et ébahi. Enzo aurait demandé à être dans la même chambre que moi ?

Je ressasse tout ça le temps d’arriver à ma chambre. Les moments passés avec Enzo depuis trois mois me reviennent de façon confuse. Les fois où l’on rigole ensemble, mais aussi les moments où il paraît tellement détaché que rien ne l’atteint, les conflits entre nos deux écoles… Le baiser. Les baisers. Je suis plus perturbé que jamais. Margot a plus que raison : il faut que je lui parle.

J’arrive devant ma porte, mais je suspend mon geste comme ma main se pose sur la poignée. Mon cœur bat à tout rompre, imaginant Enzo de l’autre côté. J’essaie de trouver une façon d’aborder ça, mais rien ne vient. Et si je me méprends sur ses intentions ? Si je lui fais part de ce que je ressens, et que lui ne pensait pas du tout à ça ? Pire, même, s’il se moque ? S’il me rejette ?

- Normalement, il faut appuyer sur la poignée pour que la porte s’ouvre.

Je sursaute violemment. Enzo est là, à deux mètres de moi, nonchalamment adossé au mur et m’observant avec amusement. Depuis combien de temps me regarde-t-il hésiter ?

Je le regarde silencieusement.

- Il faut qu’on parle, dis-je d’une voix étonnamment calme, vu la tempête d’émotion qui m’habite.

Il prend un air sérieux et hoche la tête. J’ouvre la porte et pénètre à l’intérieur, et il m’emboîte le pas.

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