Mes potes sortent enfin de cours et me rejoignent à l’arrêt de bus.
- Alors, la proviseure t’a dit quoi ?
Je hausse les épaules.
- Rien de passionnant. Ils nous donnerons les groupes bientôt.
- Ils vont faire les groupes au hasard ?
- Oui. Sauf pour moi, vous aviez raison.
Mes potes rigolent et me chambrent. Je bougonne.
- Merci les gars, ça fait plaisir d’être soutenu.
- Oh ça va, dit Margot. Franchement, c’est pas le pire. Qu’est-ce que tu lui reproches ?

Je réfléchis Je ne sais pas trop comment expliquer le malaise qu’il me fait ressentir sans passer pour un bouffon. Heureusement, Max répond à ma place.
- C’est l’ennemi ! Pire, c’est le chef de l’ennemi !
- C’est vrai, renchérit Thibaut, c’est pas le dernier pour les coups fourrés.
Ils continuent de se remémorer les crasses qu’Enzo et ses potes nous ont fait. Margot, elle, me regarde d’un air circonspect en silence. Je n’aime pas quand elle me regarde comme ça. Je ne sais jamais si elle essaie de voir à travers mon âme ou si elle a décroché de la conversation et qu’elle fait sa liste de course. Elle semble sur le point de dire quelque chose, mais elle se ravise en regardant derrière moi.
Tout d’un coup, des bras m’enserrent. Je me retourne et une bouche vient s’écraser sur la mienne. Je me recule.

- Sarah ! Qu’est-ce que tu fais là ?
- On a du rentrer un peu plus tôt, du coup je me suis dit que j’allais te rejoindre ! Ça ne te fait pas plaisir ?
Sa voix exprime un doute et une légère ride d’inquiétude se forme au-dessus de ses yeux bruns.
- Si ! Si, si, bien sûr. Je suis surpris, c’est tout !
Ça la rassure et un grand sourire illumine son visage. Elle se tourne vers mes potes.
- Salut les mecs ! Vous parliez de quoi ?
Comme elle n’était pas là depuis plus d’une semaine, Max la met au courant des dernières nouvelles.
- Et donc, on était en train de critiquer Enzo, tu veux te joindre à nous ?
Elle acquiesce pour la forme mais, comme elle n’est qu’en première, elle le connaît peu et n’a pas grand-chose à ajouter. (Oui, je sors avec une petite jeune, honte à moi).

- Il n’y a que Margot pour être contente de faire le projet avec lui, se moque Max.
Je rigole :
- Elle veut juste être avec lui parce qu’il est canon !
- Ce n’est pas moi qui le dit, mon chat ! Mais ne t’inquiète pas, ajoute-t-elle en se penchant pour m’embrasser sur la joue, tu restes le plus sexy pour moi !

Elle s’éloigne pour prendre son bus qui vient d’arriver. Je sens Sarah se tendre sous mon bras posé sur son épaule. Elle n’apprécie pas Margot, et cette dernière en joue en flirtant toujours avec moi quand Sarah est dans les parages. Peut-être est-ce de ma faute aussi, je devrais demander à Margot d’arrêter. Mais au fond de moi, je n’ai pas envie que mes potes, y compris Margot, se retienne d’agir comme normalement pour la fille avec laquelle je sors.

- Notre bus arrive, dis Thibaut.
- Comme je suis rentrée, me dit Sarah, on peut passer la soirée ensembles !
- On avait une soirée de prévue avec les gars.
Je vois qu’elle est déçue, et j’essaie de rattraper le coup.
- Mais on se voit ce week-end, ok ?
Elle acquiesce. Je me penche pour l’embrasser (l’inconvénient d’avoir une copine d’1m55 quand on fait 25 cm de plus). Quand je relève la tête, j’aperçois Enzo à une quinzaine de mètres et je vois qu’il regarde dans ma direction. Pendant un instant, j’ai l’impression que nos regards s’accrochent et mon cœur se serre mais une seconde après, il tourne la tête. Je me fais des films.
Je pars rejoindre Thibaut et Max dans le bus.