Chapitre 1

4 minutes de lecture

- Lucaaaas !!!

Hum. Le rêve de tout un chacun : entendre une femme crier votre nom au petit matin.

- Tu vas encore être en retard !

Quel bonheur d’être réveillé par la douce voix de ma mère, me rappelant à mes devoirs scolaires. Je sors douloureusement la tête de sous la couette pour regarder l’heure. 7H47. J’ai 9 minutes pour arriver à l’arrêt de bus. Je suis large.

Je m’habille rapidement et après un café, un rapide brossage de dent, j’arrive pile à l’heure pour mon bus. N’y voyez aucun coup de chance, tout est parfaitement calculé : je cultive l’art de tout remettre à la dernière minute depuis un bon moment maintenant et pour ma troisième année de lycée, mon organisation est bien rodée.

Je m’installe à ma place habituelle, troisième rang à droite en partant de la fin, et le bus se met en branle pour amener la dizaine d’individus présents vers l’endroit de leur lente agonie : le lycée. J’exagère ? Peut-être. D’autant que je dois dire que je ne déteste pas l’école et, même si je ne l’avouerai jamais pour ne pas casser mon image de mec cool, j’aime bien apprendre. Bon, attention, je ne parle pas de la plupart des choses qu’on nous demande bêtement de savoir pour cette sacro-sainte épreuve du bac, mais dans le lot, certaines choses sont quand même intéressantes à voir. Et surtout, le lycée est l’endroit idéal pour se faire des potes.

D’ailleurs, le bus fait un nouvel arrêt, et un grand brun vient s’asseoir à côté de moi.

- T’as une de ces gueules de déterré ce matin ! T’as fait des folies de ton corps ou quoi ?

- Oui, j’ai fait appel à ta mère.

C’est notre petit rituel du matin : Max me dit que j’ai une sale tête, j’insulte sa maman (avec un petit pincement de culpabilité, d’autant que sa maman me fait des cookies à chaque fois que je vais chez lui) et notre journée peut commencer.

Max est mon meilleur ami depuis le premier jour de la maternelle, depuis ce moment où je l’ai défendu contre une grosse brute qui voulait lui voler son camion alors qu’il n’était qu’un gamin chétif. Les choses ont changé depuis : Max a grandi, n’attend plus que je le protège, et les filles ont cessé de vouloir voler ses jouets. En revanche, notre amitié perdure depuis.

Le trajet se passe normalement, rythmé par les plaintes de Max. Nous ne sommes qu’en octobre, et il en a déjà assez de cette année. Il ne rêve que d’une chose : aller à la fac pour, je cite, « avoir l’occasion de chopper plein de meufs ».

- Elles ne veulent pas de toi ici, qu’est-ce qui te fait croire qu’elles voudront de toi à la fac ?

- La nouveauté mon gars ! Elles ne me connaîtront pas, j’aurai toutes mes chances !

- C’est beau, cet optimisme.

Nouvel arrêt du bus, et nouvelle montée. Une tornade blonde vient s’asseoir devant nous.

- Yo les mecs ! Bien ou quoi ?

Thibaut, le premier à avoir rejoint notre duo. Alors que Max et moi étions restés tous les deux seulement jusqu’en sixième, la bonne humeur et l’énergie sans faille de ce gamin haut comme trois pommes ne nous avaient laissé d’autres choix que de l’inclure dans notre petit groupe.

Le bus arrive enfin au lycée Zola, et l’on est rejoint aussitôt par Malik, le dernier membre masculin de notre groupe. Lui nous a rejoint en cinquième, le jour où le proviseur nous avait injustement accusés, Max, Thibaut et moi, d’avoir utilisé les extincteurs pour repeindre une salle de classe. Bien sûr, c’était nous, mais l’intervention de Malik en notre défense, alors que nous ne le connaissions ni d’Ève ni d’Adam, avait été tellement persuasive qu’elle nous avait presque convaincus nous-mêmes. Nous avions échappé à la punition, et lui avait gagné la reconnaissance éternelle du groupe. C’est un membre important de notre clan : il nous remet toujours à notre place quand on dit des conneries, avec son humour grinçant et pince-sans-rire.

Quelques minutes de revue des derniers potins du week-end, et l’on se sépare vers nos cours respectifs. Les gars sont tous les trois en L, alors que je suis en S. J’arrive devant la porte du cours de chimie pour retrouver le dernier membre de notre groupe, unique représentante de la gente féminine : Margot. Margot, c’est une bombe, une fille extraordinaire. Physiquement, c’est un canon : de grands yeux bleus qui contrastent avec ses boucles brunes et ses lèvres rouges – qui a des lèvres naturellement de cette couleur, sérieux ? – un corps de rêve, des jambes interminables. Et sa personnalité est encore meilleure, à mi-chemin entre la maman du groupe et une vraie garce. Elle est entrée dans notre groupe dès le début de la seconde, quand elle s’est assise naturellement avec nous le premier jour à la cantine. Et son intégration s’est faite tout simplement, c’était un membre à part entière du jour au lendemain. Aucun de nous quatre n’a jamais tenté sa chance avec elle – officiellement, parce qu’on ne voulait pas créer de tensions entre nous. Officieusement, parce qu’on a tous conscience qu’on ne lui arrive pas à la cheville.

Elle a choisi S comme moi et nous passons toutes nos journées ensembles depuis deux ans, à refaire le monde, à partager les ragots et occasionnellement à travailler.

Le cours commence, et comme à chaque cours avec ce prof, le temps s’arrête. Après une matinée interminable, on rejoint tous les cinq le gymnase pour la réunion imposée par le proviseur.

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