Quel est ce monde merveilleux dans lequel mon esprit s'est évadé ? Mon corps semble enveloppé de douceur. Mes rêves me font voyager dans des univers mêlant à la fois la fraîcheur d'un courant d'air et la chaleur de ce fluide presque brûlant qui glisse contre ma peau...

Je me rêve dans un nuage, léger comme une plume qui se laisse porter par des vagues de bien-être. Un lit douillet dans lequel je me blottis. Cette agréable odeur fruitée m'emporte au beau milieu d'une fête foraine emplie de rires et de cris où se mêlent amusement et adrénaline, de crèmes glacées et de barbe à papa...

Suis-je un ange qui virevolte au milieu de cette humanité insouciante et joyeuse ? Je me laisse couler ; l'impression de tomber, de m'évanouir, tout autour de moi est plus sourd, tout se fige, le brouhaha n'est plus qu'un bruit de fond assourdissant. Les battements de mon coeur vibrent dans ma poitrine, martelant la soif de vivre.

Et d'un rire qui s'esclaffe, j'expire toute cette assourdissante enveloppe liquide pour retrouver la liberté dans une inspiration froide et humide. D'un cri, je balaye cette impression obscure qui m'emprisonnait pour retrouver dans des éclats de gouttelettes ce lit de mousse qui vient dans l'instant chatouiller le creux de mes reins.

Puis tout redevient calme, un calme serein, un calme puissant, un calme troublant, un vide, un gouffre, le souffle coupé par cette vapeur enivrante... Des frissons parcourent mon corps du bas jusqu'en haut, me faisant me cambrer dans une impression d'inconfort contrebalancé par un plaisir presque intime.

Mes sens exacerbés, je me recroqueville dans un souffle, retrouvant l'originelle et si apaisante position, dans un bouillon velouté qui enveloppe mon corps presque flottant, souriant aux anges qui doivent me regarder avec bienveillance, dans ce moment où personne ne peut me sortir, m'extirper, me kidnapper, là où je ne veux rester que moi, moi seul, moi-même dans mon bonheur intime...

"Mon coeur ?"

J'ouvre alors les yeux...