9. Retour

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Après mon « presque » accident avec Mia, je suis remonté dans ma voiture et j’ai repris la route. Déjà que j’avais dix minutes de retard, j’ai pu en compter quinze de plus. De là, s’en est suivi une semaine des plus dynamique et je n’ai pas eu le temps à repenser à cette histoire de bout de papier, ni même à Mia ou à Lina, mon mirage du passé.

Et en ce samedi matin, je rentre chez moi dans l’espoir de souffler un peu.

D’ailleurs, j’ai une grande nouvelle à annoncer à mes amis. Ayant réussi à trouver un graphiste de renom, je vais pouvoir habiller les véhicules de l’entreprise d’une robe magnifique qui porte le nom de ma société. Ça me fait encore tout drôle d’avoir des hommes à mes ordres mais j’ai aussi l’impression d’être plongé dans les années où ma réputation était la plus importante pour moi.

L’honneur de mon nom de famille en premier.

La popularité avant tout le reste même le respect.

Ridicule ? Je le sais bien. Je m’en suis brûler les ailes, et j’ai enflammé plusieurs personnes de mon entourage par la même occasion. Il n’y a pas de quoi en être fier mais c’est ce qui fait de moi, ce que je suis aujourd’hui. Je sors à peine de voiture, que mon téléphone sonne. Bien sûr, c’est Alex. Il savait que je rentrais en ce samedi.

La conversation est brève, je sais déjà ce qu’il me veut. Une journée tranquille dans son refuge préféré, c’est-à-dire, chez moi ! J’accède à sa demande et lui indique de prendre de quoi occuper la soirée. A la suite de ce coup de fil, je fonce vers mon appartement, attrape mes clés, les tourne dans la serrure.

Un tour, deux…

Un tour ? Je grogne, baisse la poignée de la porte. Elle est belle et bien ouverte. Je suis surpris mais pas assez pour me poser plus de question. J’entre, souffle, jette mon sac dans la buanderie juste à côté de mon placard, dans lequel je balance mes baskets. Et je file droit à l’étage pour prendre une douche bien méritée.

Lors de ma descente des escaliers, je suis étonné d’entendre le son de la télévision. Cependant, je ne suis pas pris de court en voyant mon meilleur ami, installé au comptoir avec un verre d’eau à la main. Je fronce les sourcils en l’observant puis, je le rejoins pour lui souhaiter la bienvenue dans mon humble demeure.

— Alors comme ça, tu as une annonce à nous faire ? Me titille Alex avec un grand sourire.

— Pas de copine, désolé mon vieux.

— Sérieux ! Tu exagères ! Mais tu vas pouvoir croquer du sucre ce soir, me dit-il en se raclant la gorge.

Ce tic n’augure rien de bon chez lui, surtout quand il a un sourire en coin tel que celui qu’il arbore. Je sens qu’il y a anguille sous roche. Et comme c’est lui qui a prévenu les autres, je peux m’attendre au pire. Tout comme la fois, où il a fait venir Lina ici, sans m’en parler… Je ferme les yeux, prendre une immense inspiration, et efface ce souvenir de mon esprit avant qu’il ne m’envahisse. Ce n’est pas le moment.

— Mathilde fait venir Sophie.

— Génial, je suis ravie. Il ne manquerait plus que Laurie et on serait au complet.

Sarcastique, je déchante quand j’examine le visage de mon ami, qui prend les traits de quelqu’un qui est pris sur le fait. Et si je comprends bien, ça l’amuse de faire venir mes aventures du passé chez moi. Cette soirée promet d’être des plus intéressante. Heureusement, que Lina n’est plus là pour assister à cette mascarade. Elle aurait ri et au-delà de ça, elle en aurait eu plein la tête.

Pauvre petite fleur, si douce, si innocente et si facile à modeler.

Un flash me revient, une erreur que j’aimerais effacée. Sauf que j’ai bien peur que se soit impossible. Le temps est passé, les actes ont déjà pris effets. Et c’est elle qui a perdu face à toutes les épreuves qu’elle a affronté. Et je ne peux m’en prendre qu’à moi. Mes pensées me tourmentent alors qu’elles étaient en sommeil durant une semaine. Je rage sous le regard soupçonneux d’Alex.

— Je sais que tes idées vont encore vers Lina, mais tu dois vraiment lâcher prise Caleb. Ça fait sept ans…

— C’est plus compliqué à faire que tu ne le crois.

Et je suis encore loin de la réalité, lui aussi d’ailleurs. S’il savait que depuis quelques jours, le passé prend le pas sur le présent, il ne me dirait pas seulement d’essayer de l’écarter de ma mémoire, mais plutôt de garder la tête froide. Et surtout de me convaincre que ce qui est derrière nous y reste. En revanche, ces derniers temps, j’ai l’impression d’être épié, et observé.

Comme mis sous surveillance, un cobaye en cage dont on voudrait tirer les vers du nez.

Je me sens constamment, sous le regard d’une personne qui n’est pas là. Ce qui fait naître un sentiment d’inconfort, passant par des manifestations de frissons mais aussi par l’apparition répétée d’un emballage de bonbons, que je m’obstine à réduire à néant. D’ailleurs, une odeur de sucre et de cerise me monte aux narines.

En un regard vers mon ami, je le foudroie sur place.

— Tu es sérieux ?

Je hurle, presque comme un cri du cœur, un souffle qui vient de loin. Mon intervention en fait s’étouffer Alex, qui tousse à en cracher ses poumons. Il braque ses yeux sur moi, tel un reproche. Cependant, cette fois, je ne suis pas en tort. Lui, au contraire, il l’est. En y pensant, j’ai ce sentiment, qu’il le fait exprès, cherchant à me provoquer.

Alex prend plusieurs gorgées de son verre, et reprend enfin son souffle. Je n’ai pas bougé d’un pouce, attendant et observant mon ami dans la détresse. Du sadisme ? Pas vraiment, je dirais que c’est plus une micro-vengeance par rapport au spectacle qu’il m’offre. En plus, il continu et me provoque, sortant de sa poche un nouvel emballage rectangulaire, au décor rouge et vert.

Des cerises.

Ces fameux bonbons tendres et rose, à l’odeur si sucrée qu’elle adorait tant.

C’est de la torture !

Avant qu’il enfourne la confiserie dans sa bouche, je lui claque la main. Ce qui a pour résultat de donner vie à un bonbon volant, et à un regard ahuri de mon ami. Pourtant il devrait le comprendre, alors pourquoi m’infliger un tel châtiment ? Pourquoi maintenant ? C’est lui, qui vient bien de me dire d’arrêter mes pensées vers elle ? Je ne suis pas dingue.

— Ce sont les siens, articulé-je avec force pour Alex.

— Et c’était sa boisson ! Me hurle-t-il en réponse.

Oui, c’était la sien et alors ?

Il se moque de moi ! J’ai même à peine le temps d’avoir cette pensée, qu’il sort une nouvelle friandise de sa veste. Merde ! Il me sourit, me signalant qu’il ne compte pas se laisse faire. Plus aujourd’hui, du moins. Alex… Je me demande pourquoi il me provoque ? J’étais dans un bon feeling et à présent, je suis perdu, m’interrogeant sur ce qui va se passer ce soir.

— Excuse-moi, mais ce ne sont que de simples bonbons.

Alex intervient, me sortant de la spirale de reproches qui se mettait en place dans le creux de ma tête. Un grognement sort de ma gorge, et je fais le tour du comptoir pour sortir deux bières de mon réfrigérateur.

Notre signe de paix.

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