2. Souvenir

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Le 2 novembre 2009.

Cela fait déjà quelques jours qu’un jeu du chat et de la souris, s’est installé entre nous. J’avoue, j’ai commencé mais cette chipie l’a bien cherché. Entre me forcer à venir la chercher au lycée, et par la suite manger son paquet de confiserie sans même m’en donner une. Il fallait bien que je m’active à trouver un moyen de l’embêter. Et j’ai trouvé, fouiller dans sa réserve de bonbon, bien caché sous son lit chez sa mère dans un coffret en bois, et lui manger tous ceux à la cerise. De quoi bien la mettre en rogne.

D’ailleurs, la revanche d’une blonde ne s’est pas fait attendre.

Lina, la petite futée, cette blonde aux yeux marron qui mesure un petit mètre soixante-cinq, et qui a deux ans de moins que moi, a profité de mon absence d’un week-end pour réaliser sa vengeance. Pas de quoi affoler les plus grands scénaristes toutefois. La belle est juste entrée en douce dans ma chambre, dont je sais qu’elle adore l’odeur, et est venue me prendre toutes les friandises qui pouvaient y traîner.

Passant ainsi de la victime au bourreau.

Je sais dit comme ça, ça paraît puéril et ça l’était. Mais j’ai commencé, et cette fille est d’une rancune incroyable. Je n’avais jamais vu ça avant elle. Elle a même une petite tendance à tout prendre pour elle, trop sensible et émotive, je pense que c’est ce qui m’attire chez elle. Même si, pour une raison que j’ignore, je ne lui ai toujours pas dit.

Enfin… Je me retrouve donc dans ma chambre, pantois devant mon bureau qui était plein à craquer de ces confiseries que j’adore. Et bien sûr, au lieu des bonbons, je n’ai le droit qu’à des morceaux d’emballages, tous entassaient dans un sac plastique transparent. La plupart d’entre eux sont ceux des fameuses sucreries à la cerise.

— Merci Lina, j’adore la plaisanterie.

— Elle a encore frappé, me demande mon meilleur ami Alex, qui vient d’entrer et de remarquer à son tour la mise en scène de ma chère rivale.

En vérité, je suis stupéfait de la minutie de sa plaisanterie. Certain qu’elle a loupé mon coin secret, je me dirige vers le haut de mon armoire celui que je pense qu’elle ne peut pas atteindre. Sauf qu’en ouvrant le battant, je suis submergé par un nombre incalculable de petits bouts de papiers. Elle va me faire détester ces morceaux ! Mais je suis tout de même en admiration par la mise en place de son plan. Elle a pensé à tout et ça, dans les moindres détails.

Peut-être que je devrais m’en inquiéter. Toutefois ce n’est qu’un jeu innocent, non ?

Alex est hilare derrière moi, alors que j’essaie de me défaire des feuillets qui sont encore coincés entre mes cheveux et dans le col de mon polo. Merci, Lina !

— En attendant, j’en fais quoi, moi, de tous ces trucs ?

— Tu les jettes ? Ce serait déjà un bon début, me dit Alex en se moquant de moi ouvertement.

Je suis aidé. Entre une fille qui s’amuse à une petite réponse ridicule et un meilleur ami qui préfère rire que de me prêter main-forte. D’accord, ce n’est pas vraiment un grand problème, je dois juste rassembler tout et le mettre dans la poubelle, pourtant le désordre que ces papiers représentent me hérisse les poils.

Ils le savent bien, je suis le plus maniaque des hommes qui existent !

— Aide-moi, attrape un sac que je bazarde tous ces emballages !

— Tu crois qu’elle les a tous mangés toute seule ?

— Quoi ? Tu n’as que cette question en tête ?

Alex hausse les épaules, il ne voit pas où je veux en venir. Moi, si ! Comment a-t-elle pu entrer dans ma chambre alors qu’elle était fermée à clé ? Elle s’est reconvertie en Macgiver ou quoi ? Non mais sans blague, la seule personne qui a un double de ma clé, c’est… Mon père ! Mais oui, bien sûr ! Il l’adore !

Elle est maligne. Elle a dû lui faire le coup des yeux doux et le tour était joué. Merci papa, grâce à toi, j’ai toute ma chambre à remettre en ordre. D’accord, j’exagère ! Mais elle en a mis partout. D’ailleurs, c’est l’enfer à ranger, les bonbons ont dû bien fondre. J’ai les doigts qui collent et je retrouve encore un morceau de papier accroché à ma chaussure deux minutes après avoir ramassé tous ceux qui se trouvaient au sol.

Elle s’est lâchée quand même. Un petit effort pour se cantonner à mon bureau ça n’aurait pas été possible ? Apparemment, non ! Et je ne suis pas au bout de mes peines en entendant le bruit de plastique que viennent de faire les fesses d’Alex en s’écrasant sur mon lit. Mais merde ! Elle en a mis aussi là ?

— Regarde sous la couette.

Je grogne et Alex, malgré un regard ahuri S’exécute. Sans surprise, il y a là encore une dizaine d’emballages. Super, je n’ai plus qu’à tout faire laver. Elle ne fait vraiment pas les choses à moitié !

D’ailleurs, cette fois, nous ne prenons pas longtemps à tout ranger. Le plus long étant de retirer la couette de sa housse et de la mettre à laver avec le reste de mes draps. D’accord, j’ai compris le message. Je vais toute de suite le noter en gros dans un coin de ma tête.

Ne plus jamais prendre les confiseries à la cerise de Lina !

— Ouf, fini, dis-je en soufflant et m’asseyant sur mon lit nu.

— Tu es sûr de toi ? M’interroge Alex en pointant mon bureau du doigt.

Non ! Mais je rêve, j’ai oublié le premier tas de papiers que j’ai vu en rentrant. C’est une blague ou je suis devenu aveugle l’espace d’un instant. Je me secoue, passe une main dans mes cheveux, un toc que j’ai quand je suis perturbé ou perdu, ou tout autre sentiment lié à la confusion. Je me lève et attrape le sac plastique qui rassemble les petits emballages restants.

Heureusement pour moi, elle a tout mis au même endroit pour ceux-là.

Le sac à la main, je file tout jeter dans la poubelle de la cuisine. Hors de question que je redescende pour ça ! Le tout disparaît enfin de ma vue, c’est la libération. Ma liberté et celle de ma chambre. Enfin ! Je retourne au plus vite retrouver mon ami qui ne se gêne pas pour s’étaler sur mon lit.

Alex ne se soucie jamais de ce que pensent les autres, et encore moins quand c’est moi qui lui fais une réflexion. Je m’affale à ses côtés dans un soupir. Je prends une respiration avant de commencer notre conversation mais il me coupe avant même que je n’aie le temps de dire un mot.

— Il reste un papier sur ton bureau. Il était sous le sac plastique.

Quoi encore ? Je me relève aussi vite que je me suis allongé. Me précipite sur le fameux papier restant et je m’immobilise en voyant l’écriture de Lina. Elle n’a pas froid aux yeux ! Je plonge mon regard sur les courbes arrondies de sa calligraphie encore enfantine. J’en déchiffre les lettres sans difficultés. Ce trait noir tracé d’une main sûre pour inscrire un simple mot, sur ce bout de papier qui ne transmet plus l’innocence mais une menace.

Vengeance.

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