Chapitre 1 : Le conseil

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Se retrouver devant une assemblée de personnes que je ne pouvais absolument pas voir était terrifiant. Mon destin allait se décider maintenant sans que je ne décide quoi que ce soit. Mes yeux étaient fermés et je repensais à ma dernière journée de liberté.

« Par une belle journée ensoleillée, le chant des oiseaux avait été présent pour la grande joie de mes oreilles. Le ciel était bleu et dégagé de tout nuage qui pourrait empêcher le soleil de nous transmettre cette chaleur si agréable. Le léger vent était venu caresser mon visage, faisant voler quelques mèches de mes cheveux, le dégageant ainsi. J'avais profité de ce dernier moment de liberté, me promenant tranquillement à travers les chemins de campagne entourant mon village.

Mon village, Dregea de son nom, comportait seulement cent-cinquante habitants. Perdu au milieu de nulle part nous étions tranquilles, pouvant profiter de la verdure environnante et respirer au grand air. Un espace de 3km autour du village nous était dédié, nous ne pouvions pas aller au-delà de cette limite. Nous avions des maisons en bois, aménagées avec juste le nécessaire pour vivre, ni plus ni moins. Nous étions une majorité d'adolescent, seulement quinze adultes y résidaient pour veiller à notre bonne conduite.

A mon arrivée dans ce village j'avais trois ans. Un gars du nom de Loann avait le même âge que moi, nous étions arrivés à Dregea le même jour et avions toujours partagé la même chambre. Aujourd'hui il mesurait 1m70, légèrement plus petit que moi. Son teint était légèrement bronzé et il ne manquait pas une occasion pour enlever son t-shirt pour que tout le monde sache qu'il entretenait quotidiennement son corps. Ses beaux yeux verts rendaient jaloux plus d'une personne et ses cheveux blond-platines reflétaient la lumière du soleil. Il avait un beau physique, il n'avait rien à envier à personne. Eleanor avait 1 an de moins que nous. Elle mesurait dans les 1m60, avait de long cheveux noirs lisses qu'elle prenait soin de tresser tous les matins. Ses yeux étaient gris clair lui donnait un regard assez froid, bien loin de son doux comportement. Nous nous entendions bien tous les trois, nous faisions souvent des activités ensemble, des balades, aider les autres. Nos caractères ne se ressemblaient pas mais nous étions les meilleurs amis du monde. Les « trois mousquetaires » était le surnom que tous les adolescents nous donnaient depuis que nous étions petits.

Tous les jours nous avions la même routine, se lever à 7h puis se préparer pour qu'à 8h précise nous étions prêts à travailler. Si nous n'étions pas à l'heure nous avions une sanction et cela revenait principalement à faire le ménage dans la maison où nous vivions. Nous étions dix par maison, neuf mineurs et un adulte pour le maintien de l'ordre. De 8h à 13h nous avions cours pour améliorer nos connaissances, nous étions un peu moins d'une dizaine par classe et étions tous du même âge au sein de celle-ci. Ensuite nous étions chargés de différents travaux, certains allaient préparer le repas du midi pendant que d'autres allaient couper du bois pour nous chauffer. Les tâches variaient en fonction du temps, de la saison, des priorités. Chaque jour nous avions une tâche différente ce qui nous permettait d'être efficace dans plusieurs domaines, c'était ce qui nous était demandé. A 15h nous mangions puis du travail nous attendait jusqu'à 20h. Certaines après-midis nous avions des temps forts comme des promenades, des jeux collectifs quand nous nous étions tous bien comportés. La suite de la soirée était destinée au repas puis nous avions une heure de temps libre avant l'extinction des feux à 22h30.

Mais maintenant tout allait changer. J'avais fêté mes dix-huit ans le mois dernier comme Loann qui était de trois jours mon aîné. Nous étions cinq à avoir atteint la majorité depuis le dernier conseil. Celui-ci se passant le jour suivant, nous avions eu une journée de libre pour nous reposer. Nos places seront prises par cinq enfants de trois ans dès notre départ et ils connaîtront le même destin que nous, enfin du moins jusqu'à nos dix-huit ans. Personne ne savait ce qui nous attendait lors du conseil, ni ce que devenait les jeunes adultes après celui-ci. Nous n'avions plus aucunes nouvelles, comme s'ils avaient disparu. Les adultes du village ne savaient même pas où ils étaient, ce qui ne faisait que nous faire d'avantage peur. Dans un sens j'avais hâte de savoir ce qu'il se passerait lors de ce conseil mais j'avais peur de ne plus jamais voir mes amis. Après ma petite promenade, Loann était venu me voir et nous avions passé le reste de la journée ensemble à parler de nos craintes, des théories impliquant le conseil et Métila notre future planète. Eleanor nous avait rejoint pour le repas, seul moment où nous avions pu être en contact avec elle et peut-être également le dernier. Quand se fût l'heure d'aller dormir, quelques larmes ont coulé sur son visage alors nous l'avions réconfortée pendant plusieurs minutes avant d'aller nous coucher. La nuit n'avait pas été reposante, ni Loann, ni moi avions dormis, stressés par la suite des événements. Nous avions parlé une bonne partie de la nuit, chuchotant pour ne pas que l'on nous entende, parlant pour essayer de se détendre.

A l'heure du réveil, passage à la douche obligatoire, nous devions être propres pour être présenté. Un détour chez Kurt, un des adultes du village, était obligatoire. Il nous avait coiffé d'une longue tresse. Nous étions retournés dans notre maison afin de finir notre préparation. Une tenue spéciale nous attendait sur nos lits. Elle se composait d'un haut de soie blanc brodée de fils d'or. Celui-ci nous arrivait à mi-ventre et les manches allaient jusqu'aux coudes. Un pantacourt nous servait de bas et était assorti à notre haut. Les vêtements étaient loin d'être amples et nous collaient. Pour couronner le tout, une cape noire nous couvrait entièrement le corps, nos habits n'étaient plus visibles et notre tête presque entièrement cachée par la capuche. Nous n'avions pas de chaussures, nous étions donc nu-pied. Nous étions méconnaissables comme ça. Je n'avais pas compris pourquoi nous avoir habillé avec classe alors que nous étions complètement couverts de noir. Nous n'avions pas mangé, ni pu dire au revoir aux autres adolescents et un fourgon était venu nous chercher. A l'intérieur une banquette se trouvait derrière le chauffeur et l'autre au fond. Étant le premier à monter je m'étais installé au fond. Loann était venu à côté de moi et les trois autres étaient montés après nous. Aucun de nous n'avait parlé pendant la durée du trajet. Le chauffeur était également un humain et gardait le silence. Il nous était impossible de voir le paysage, nous n'avions pas de vitres à l'arrière et une vitre miroir se trouvait entre nous et le chauffeur, seulement notre reflet était visible. Nous avions roulé pendant quatre heures sans pause et dans un silence total.

Arrivé à destination, un homme nous avait ouvert la porte coulissante et nous étions descendus. Nous nous étions retrouvés devant un grand bâtiment où était inscrit en grandes lettres : CONSEIL, au-dessus de la grande porte. Le bâtiment était en pierre, un escalier d'une dizaine de marches nous permettaient de nous rendre sous le porche et d'accéder à la grande porte de bois. Nous étions donc tous entrés, rejoignant d'autres jeunes de notre âge. Le hall était très haut, les mûrs étaient couverts de fresques montrant des hommes se battant contre les démons. Nous attendions patiemment les jeunes du dernier village. Une fois au complet, un homme habillé tout de blanc était arrivé devant nous, il était plus grand que nous mais je ne pouvais pas bien le voir de ma place.

- Bienvenue à vous jeunes humains, dit-il d'une voix forte et grave qui glaçait le sang. Vous êtes arrivés pour rejoindre un nouveau monde, une nouvelle vie. Derrière moi se trouve le conseil composé de quatre dirigeants que vous allez rencontrer chacun votre tour. A l'annonce de votre nom vous viendrez me rejoindre et je vous emmènerais dans la salle. Il vous est interdit de parler si personne ne vous a invité à le faire. Vous devrez garder la tête baissée et en aucun cas regarder les dirigeants. Une fois le choix fait, une personne vous emmènera rejoindre une des pièces adjacentes dans l'attente de votre répartition à tous. Ainsi après cela vous serez emmenés sur Métila où votre nouvelle vie commencera.

Le silence régnait dans la salle et nous avions tous compris les dire du démon devant nous. Personne n'avait envie de se confronter à la colère d'un membre du conseil. Un humain apporta un parchemin au démon.

- Bien, le premier humain ou plutôt humaine est Helza Frig.

Une personne s'était avancée vers l'avant et elle fût conduite dans la salle du conseil. La porte s'était ouverte deux minutes plus tard, ça avait été rapide. D'autres appels ont suivi, le prénom de Loann fut prononcé et il était parti. Nous pouvions peut-être nous retrouver au même endroit ou bien ne jamais se revoir. Cette pensée m'avait fait un pincement au cœur. Nous avions grandi ensemble, comme des frères et maintenant tout allait changer.

- Ethan Seuta.

C'était à mon tour, je m'étais donc dirigé vers le démon qui m'avait conduit dans la pièce. Il faisait plus froid à l'intérieur de celle-ci et cela m'avait donné un frisson. Je m'étais retrouvé au centre de cette pièce, la tête baissée, enroulé dans ma cape noire. »

Je me suis concentré sur ma respiration. Il n'y avait toujours aucun bruit dans la pièce et j'attendais qu'on me questionne ou qu'il se passe quelque chose mais rien ne venait. J'avais l’impression que cela faisait plusieurs minutes que j'étais là à attendre.

- Ce n'est pas normal ! Fit une voix forte. Cet humain ne réagit à aucun de nous !

- Il doit y avoir une explication mon frère, fit une deuxième voix un peu plus douce. Il est là parce qu'il a réagi à l'un de nous à sa naissance. Jeune homme quel âge as-tu ? Ta date de naissance, ton village et ton nom s'il te plaît.

- Et bien... dis-je d'une voix légèrement tremblante. Je m'appelle Ethan Seuta, j'ai dix-huit ans, je suis né le 7 juillet 1997. Mon village se nomme Dregea.

- Il est bien sur la liste et Yelt ne l'aurait pas fait entrer autrement. Peut-être est-ce une erreur lors du premier test ? Qu'on lui fasse repasser le test !

Une personne est arrivée derrière moi et posa quelque chose de froid sur mon front. Aussitôt une sensation peu agréable m'a traversée le corps et je suis tombé à genoux sur le sol de pierre. L'objet me fut aussitôt enlevé.

- Ce n'est pas une erreur messieurs, il réagit plus que bien à l'un d'entre vous, dit d'une voix calme la personne se trouvant à côté de moi.

- Impossible ! Dit l'un de ces messieurs d'une voix sèche. Nous l'avons confronté à notre aura deux fois chacun notre tour, la deuxième fois la laissant complètement partir ! Ne nous prends pas pour des idiots Syar.

- Loin de moi l'envie de vous faire passer pour ce que vous n'êtes pas. Je pensais seulement qu'il réagirait peut-être avec l'aura de mon maître.

- Aucun humain n'a réagi à lui Syar et ça depuis le début. Même son aura ne fait aucun effet sur toi, répondit celui qui m'avait posé des questions précédemment.

- Ce jeune homme doit être le premier. Il a tout de suite réagi au test donc il est bien réceptif, mais à aucun d'entre vous. Je vous propose de m'en occuper. Je le ramènerais chez mon maître, s'il réagit à celui-ci alors ça sera le premier. Si jamais ce n'est pas le cas on pourra le ramener sur Terre.

Le silence se fit de nouveau présent, seules des paroles à voix basse se faisaient entendre, discutant sûrement de ma situation. Moi qui pensais que ça serait rapide et bien je me trompais, j'étais spécial apparemment. Pourtant tout ce que je voulais était une réponse pour mon futur.

- Bien, nous avons pris la décision de l'emmener sur Métila pour qu'il rencontre notre frère. Mais nous ne pourrons pas le renvoyer sur la Terre après ça, il restera aux ordres de l'un d'entre nous s'il ne réagit toujours pas. Tu peux l'accompagner Syar, nous te ferons appeler si nous avons un autre cas comme lui.

- Oui maître, répondit-il en marque de respect. Suis-moi Ethan.

Toujours la tête baissée j'ai suivi la personne du nom de Syar. Nous sommes entrés dans une pièce où une douce chaleur se fit ressentir, c'était agréable.

- Tu peux relever la tête Ethan et enlever ta cape, je suis là pour répondre à tes questions, me dit-il avec une voix calme et douce sûrement pour me mettre à l'aise.

J'ai donc relevé la tête et regardait la pièce dans laquelle nous étions. Il y avait des coussins au sol ce qui nous permettait de nous asseoir en attendant notre départ, une table basse mais vide de contenu, une fenêtre semblait donner sur un lieu mais celui-ci était désert de toutes formes de vie, le mûr était en pierre et le sol en marbre sans pour autant qu'il soit froid. Il n'y avait pas de décoration dans la pièce mais je m'y sentais tout de même bien. J'ai retiré ma capuche et me suis tourné vers la personne qui m'avait emmené ici. Directement j'ai su que c'était un elfe, ces oreilles étaient bien caractéristiques de ces êtres. Il était bien plus grand que moi, approchant des deux mètres. Une grande chevelure noire lui descendait jusqu'au bas des reins, il semblait bien entretenir ceux-ci, de fines tresses se trouvaient de chaque côté et devaient être attachées ensemble derrière. Ses yeux étaient d'un bleu très sombre, je n'ai pas pu maintenir le regard étant intimidé. Sa peau était claire ce qui contrastait avec le noir de ses cheveux. Il était habillé d'une longue tunique noir brodée de fils violets et bleus, elle était magnifique. De ce que je voyais c'était un bel elfe, même si je n’en avais jamais rencontré.

- Enchanté de faire ta connaissance Ethan, je suis Syar. Comme tu as pu le remarquer je suis un elfe, un elfe noir plus précisément. Nous allons souvent nous côtoyer durant les prochains jours, et encore plus si tu restes dans le royaume de mon maître.

- Pourquoi le test n'a pas fonctionné avec moi ? demandais-je d'une voix mal assurée

- Bien sûr que le test a fonctionné Ethan, tu réagis à l'un d'entre eux. Seulement ils n'étaient que quatre à être présent aujourd'hui, mon maître est le cinquième dirigeant, celui à qui tu dois correspondre.

- Pourquoi il n'était pas là ?

- Depuis que le conseil a commencé, soit environ 400 ans, aucun humain a réagi à lui donc depuis plus d'une centaine d'années il n'y participe plus mais je viens pour le représenter. Et aujourd'hui cela va peut-être changer, tu es le premier cela ne fait aucun doute.

- Pourquoi personne n'a encore réagit à lui ?

- Personne ne le sait, bien que plusieurs théories se sont faites face à ce sujet. Au début j'étais dans le royaume de Xineas, celui qui m'a demandé de te faire passer le test réalisé sur les nourrissons. J'ai rencontré Xaltar il y a 200 ans lors d'une réunion des cinq dirigeants et j'ai eu envie de le servir. Xineas m'en a donné la permission, j'étais le premier à vouloir être avec Xaltar. Il m'a accepté à ses côtés et c'est une joie de le servir aujourd'hui. Nous sommes donc les deux seuls présents dans son royaume, que tu peux apercevoir par la fenêtre.

Alors c'était donc là-bas que j'allais vivre dès à présent, dans un royaume vide, désert, sans personne autre qu'un des dirigeants et un elfe ? Aucun humain ne sera là, je serais seul...

- Je ne sais pas si je vais pouvoir vraiment bien vivre, j'ai toujours vécu entouré de plusieurs personnes.

- Xaltar le comprendra sûrement, il t’emmènera peut-être avec lui lors de ces déplacements pour que tu puisses côtoyer d'autres humains. Tu vas également pouvoir changer de tenue car ce que j'aperçois en haut de ta cape est la tenue de cérémonie pour l'arriver au royaume. Si tu veux avoir quelque chose de plus confortable maintenant tu le peux.

- Oui je le veux bien.

Il est donc parti me chercher une tenue dans un placard camouflé dans le mur, dont je n'avais pu voir. Après avoir pris la tenue il me l'a tendu pour que je puisse me changer et s'est mis dos à moi, dont je le remerciais. Je me suis donc défait de ma cape et de mes habits de cérémonie pour enfiler la nouvelle tenue bien plus confortable. Elle était composée toujours d'un haut en soie assez ample, de couleur similaire à la tenue de Syar, noire brodée de fils bleus et violets. Un pantalon bleu foncé me servait de bas, il était également ample et réalisé avec un tissu doux et léger. Je me sentais déjà mieux habillé de cette façon. Je me suis regardé dans le miroir présent dans la pièce, je ne me souvenais pas avoir porter de vêtements aussi beaux avant aujourd'hui.

- Tu as fini de te changer ? demanda l'elfe, me faisant légèrement sursauter, ayant oublié pendant quelques instants qu'il était là.

- Oui, j'ai fini.

Je me suis tourné en direction de l'elfe qui me regarda avec un léger sourire, semblant satisfait.

- Tu es bien mieux comme ça Ethan, juste une retouche à ta coiffure et cela sera parfait, tu me permets ?

J'ai hoché la tête et il est venu se poster derrière moi, étant face au miroir je pouvais voir ce qu'il faisait. Il a enlevé ma tresse et attacha mes cheveux en catogan, bien que trop long l’extrémité redescendait le long de mon dos comme pour une queue de cheval. Je préférais cette coiffure comparée à la tresse.

- Et voilà, ça va moins te tirer sur les cheveux et ne pas rendre la racine sensible. Tu as sûrement encore pleins de questions en tête mais pour le moment repose toi, le voyage pour Métila va être long.

J'ai acquiescé et je suis allé m'asseoir sur les coussins au sol, étant le seul humain dans cette pièce j'en ai même profité pour m'allonger et ainsi mieux me reposer. Quand j'ai ouvert les yeux, Syar se trouvait devant moi et affichait un petit sourire.

- Enfin réveillé, dit-il d'une voix amusée, tu as dormi pendant trois heures. C'est l'heure du départ pour Métila.

Je ne m'étais même pas rendu compte que je m'étais endormi. Il m'a fallu un petit temps pour m'adapter à la luminosité de la pièce. Je me suis redressé doucement en position assise avant de me lever complètement.

- Comment allons-nous sur votre planète ?

- On va rejoindre Xineas, il va assurer le transport pour toi et moi ainsi que ses humains. Seuls les cinq dirigeants peuvent le faire. Tu resteras près de moi et garderas la tête baissée, comme tout à l'heure et caché sous ta cape. Les autres humains seront découverts de celle-ci, Xineas a fait leur connaissance mais toi tu ne lui appartiens pas donc pour l'instant il ne doit pas te connaître physiquement, seulement quand ton maître le décidera. N'essaye pas non plus de savoir quel humain est avec lui, compris ?

- Oui j'ai compris.

J'ai donc remis ma cape pour me cacher entièrement dedans. Nous sommes donc sortis de la pièce et la douce chaleur fut remplacée par une sensation de froideur. Nous avons rejoint les personnes au centre de la salle où je m'étais retrouvé quelques heures auparavant.

- Nous allons pouvoir partir, prenez-vous tous par la main, dit une voix forte et autoritaire mais rassurante.

Je ne savais pas ce que je devais faire et Syar me plaça lui-même, me prenant la main gauche. Lui devait sûrement se trouver à côté de Xineas. Une main est venue attrapée la mienne, à droite, et j'ai reconnu le toucher, Loann. Il semblait que lui aussi l'ai remarqué et nous nous sommes plus serrés la main. Nous serions encore ensemble pour nous rendre sur notre nouvelle planète même si une fois là-bas nous serons séparés.

- Bien, maintenant laissez mon énergie s'emparer de vous, vous allez vous sentir doucement partir, c'est tout à fait normal. Ne la combattez pas...

J'attendais toujours que quelque chose arrive puis soudain une sensation se fit sentir dans ma main droite mais c'était loin d'être agréable, très loin. Je ne pouvais pas me détendre avec ça, j'avais trop mal. J'ai lâché la main de Loann j'avais l'impression que tout mon corps était en train de brûler vif. Syar l'a tout de suite remarqué et m'a fait reculer rapidement.

- J'emmène les miens, je reviens vous chercher, prévient sans doute Xineas.

Je les ai juste vu partir dans une sorte de fumée épaisse et je suis resté seul avec Syar qui m'a ramené dans la pièce de tout à l'heure.

- Ethan essaye de te calmer, la douleur va passer... je ne pensais pas que tu réagirais si mal.

L'elfe me tenait contre lui et s'est assis sur les coussins en me gardant dans ses bras. J'étais replié sur moi-même tremblant et ayant toujours très mal, je ne voulais même pas recommencer l'expérience. J'étais contre le torse de Syar qui me caressait le bras en essayant de m'apaiser. Je n'avais plus aucune notion du temps mais au bout d'un moment j'ai commencé à me calmer et était en train de somnoler.

- Tu te sens mieux ? demanda l'elfe d'une voix inquiète.

J'ai doucement hoché la tête et j'ai senti ses muscles se détendre sous moi. Je n'avais pas remarqué qu'il était si préoccupé par mon état. Il était gentil avec moi alors que je n'étais rien comparé à lui.

- Xineas viendra nous chercher quand il aura emmené ses humains dans son royaume et qu'il aura lancé les festivités.

Je me suis tendu, je ne voulais absolument pas revivre cette expérience. L'elfe l'a senti et repris les caresses sur mon bras qu'il avait arrêté.

- Ne t'inquiète pas, là il avait dix humains en plus de nous a transporté donc il a mis pas mal de son énergie. Mais s'il n'y a que nous trois il en aura besoin de moins, ça ne sera sûrement pas agréable mais supportable le temps du trajet. Tu n'es pas fait pour lui donc ton corps refuse cette énergie. Il sera patient même s'il faut du temps pour que ton corps accepte de recevoir son énergie suffisamment pour te transporter.

Je n'avais de toute façon pas d'autre choix que de le croire.

- Mon... mon meilleur ami... est allé avec lui... dis-je d'une voix fragile et encore faible.

- Tu as regardé ? me demanda-t-il d'un ton sec et sévère.

- N-non... son contact, il était à ma droite...

- Oh... dit-il d'une voix plus calme. Et bien je pense qu'il va être heureux dans le royaume de Xineas, il est bienveillant et vraiment à l'écoute des humains. C'est le plus gentil mais également le plus sévère, il est très strict sur les règles et n'accepte aucun débordement. Mais il est très patient et compréhensif. Même s'il est très sévère il viendra toujours voir la personne punie quelques heures après la fin de sa sentence. Il prendra soin d'elle et restera le temps qu'il faudra jusqu'à ce qu'elle aille mieux.

Je pense que j'aurais pu apprécier d'être avec Xineas aussi, même j'étais destiné à Xaltar et il devait y avoir une bonne raison.

- Tu penses que je pourrais le revoir un jour ?

- Ton meilleur ami ? Et bien je ne peux rien te promettre mais il se peut que oui. Il a dû avoir peur avec ta réaction mais Xineas restera avec lui le temps qu'il aille bien donc tu n'as rien à craindre pour lui. Maintenant repose toi, il faut que tu reprennes des forces.

Je me suis donc détendu petit à petit, au chaud entre les bras de l'elfe et dans cette pièce chaleureuse. J'ai fini par m'endormir une fois de plus. Quand j'ai ouvert les yeux je me trouvais toujours dans la même position et au même endroit.

- Il va falloir se lever Ethan, Xineas est arrivé, nous allons pouvoir partir.

Je n'étais pas du tout rassuré mais je n'avais pas le choix. Je me suis donc levé en meilleure forme et remis correctement ma cape qui était presque totalement enlevée. Nous sommes sortis de la pièce, repassant dans le froid. Je gardais la tête baissée, Syar me tenait la main et nous avons rejoint l'un des dirigeants. Ma main droite fût prise dans une grande main glacée qui me donna un frisson. Elle était bien plus grande que la mienne, il devait donc être grand aussi.

- Désolé si je t'apporte une sensation désagréable mais tu n'es pas fait pour moi et ton corps le sait bien. Je vais essayer de te faire le moins mal pour le voyage. Essaye de rester décontracté, et de te laisser faire. Si ça peut t'aider ton meilleur ami va bien, on a parlé de toi car il a eu sacrément peur. Il est entre de bonnes mains maintenant.

Cela m'a rassuré de savoir ça et j'ai essayé de me détendre le plus possible alors qu'une étrange sensation m'a parcouru la main. Ce n'était pas agréable, comme plein de petits pics mais plus supportable.

- C'est bien continu, tu ne risques rien, parla-t-il d'une voix calme et rassurante J'ai fermé les yeux et laissa cette sensation me parcourir le corps.

Ça commençait à faire mal de nouveau, j’ai serré leurs mains plus fortement et ils firent de même. Si la douleur devenait insupportable ils ne me lâcheraient pas et dans un sens ça me rassurait car une fois le voyage fini toute cette douleur ne sera plus présente. Cette énergie commença à me traverser, allant dans ma main gauche pour Syar ce qui fut un peu plus supportable. Pour l'instant je tenais mais l'énergie fut augmentée, me tiraillant de partout, s'ils ne me tenaient pas fortement je me serais enlevé de là. J'ai senti mon corps être comme aspiré, ne sentant plus le sol sous mes pieds mais simplement de la brume. La douleur était toujours aussi présente et une sensation toute autre est arrivée, ce qui m'a fait perdre connaissance.

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