Chapitre 2

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Elanne passa la soirée dans sa chambre à ruminer. Elle avait, par précaution, fermé sa porte à clé car elle n’avait vraiment pas envie de voir ses parents adoptifs après ce qui s’était passé. Malgré tout, elle savait qu’ils lui interdisaient de partir et de combattre parce qu’ils l’aimaient, mais quand même, l’enfermer ne leur servirait à rien ! C’est avec cette pensée qu’elle s’affala sur son lit, se laissant envelopper dans ses draps couleur paprika.

La chambre d’Elanne n’était pas particulièrement grande. Bien évidemment, il était impossible de se repérer dans cette pièce car Elanne y laissait tout traîner.

On pouvait quand même distinguer un bureau en bois qui était situé près de la porte. Son lit, quant à lui, était calé dans un angle de mur, vers le fond de la pièce, juste à côté de la fenêtre. Il était en bois de chêne, l’arbre qu’Elanne préférait. Mais ce qui rendait le lit si confortable, c’était les mille et un coussins qu’Elanne y avait installés. Pour elle, impossible de s’en séparer. Une petite table de nuit se trouvait juste à côté du lit. Dessus, Elanne avait posé ses livres favoris. En effet, elle préférait les garder avec elle car sinon, ses parents adoptifs allaient les ranger dans leur énorme bibliothèque et il serait impossible pour elle de les retrouver. D’autant plus que la bibliothèque était une pièce à elle toute seule et pourvue d’innombrables étages. Les livres qu’Elanne aimait lire étaient principalement des romans d’aventures mais quelques-uns étaient des documentaires sur les peuples du monde d’Endoy. D’autres encore parlaient des Gogems et de leurs serviteurs les Garocs. Ces livres racontaient aussi l’histoire des Lines selon les sages de l’époque d’Elanne. Mais il était en fait impossible de savoir si ce qu’ils racontaient était vrai ou non. Elanne persistait à y croire. Au fond d’elle, elle savait que les Lines étaient seules, emprisonnées dans leur forêt par les Gogems, désespérément à la recherche d’aide.

La partie préférée d’Elanne dans sa chambre était sans contestation son armoire, où elle rangeait ses vêtements. Mais, encore plus important, elle y callait son arc, ainsi que son carquois et se flèches. L’arc était fait en bois de chêne où étaient gravées de jolies rayures dorées. La corde était fine et bien tendue, quant aux la flèche, elles étaient faites du même bois que l’arc et au bout était installée une magnifique plume. Le carquois était lui aussi en bois de chêne, pourvu des mêmes inscriptions de l’arc. Elanne pouvait le passer dans son dos grâce à une bandoulière en cuir. Cet artefact était sans doute son bien le plus précieux.

« Mais pourquoi ne-puis-je pas m’en servir ? Si c’est pour les laisser pourrir ici à attendre que les Garocs nous envahissent, a quoi bon en posséder ? » pensa-t-elle.

Elle s’assit sur sa chaise de bureau en soupirant et saisit un bouquin sur l’histoire des peuples. La couverture était en cuir et était sertie de pierres précieuses. Les pages étaient légèrement jaunies, signe de l’âge du livre, qui avait appartenu aux ancêtres des parents adoptifs d’Elanne.

La jeune elfe ouvrit le livre et commença sa lecture. Sur la première page, il était écrit :

La terre d’Endoy, Royaume sacré.

Elanne tourna ensuite la page délicatement et elle lut sur la page suivante :

Différentes espèces peuplant cette terre :

1- Les Lines

Aucun dirigeant.

Spécialités : voler, jeter des sorts.

Signe particulier : ce sont toutes des femelles.

Environnement : leur forêt magique, la Litine.

Signes physiques particuliers : ailes, petite taille, cheveux de couleur vive. Vêtues de feuilles et d’écorce, d’un bonnet et de chaussures avec des pompons.

2- Les Elfes :

Dirigés par Sa Majesté Garlënnah, Dame d’Argent (Shabila), et par le Roi Aluth (Alibash).

Spécialités : tirer à l’arc, agiles, rapides, endurants.

Signe particulier : croissance différente de celle des autres peuples, vivent plus longtemps.

Environnement : divisés en deux forêts. Shabila et Alibash.

Signes physiques particuliers : oreilles recourbées en pointe.

« Comment ça, oreilles recourbées en pointes ?! Ce qui n’est pas normal, ce sont les oreilles rondes ! » s’insurgea Elanne.

Mais elle continua tout de même la lecture :

3- Les Dracs :

Dirigés par le Roi Draco (Dracanord) et par la Reine Draca (Dracasud).

Spécialités : cracher du feu, voler.

Signe particulier : mi-hommes mi- dragons.

Environnement : divisés en deux cités. Dracanord (mâles) et Dracasud (femelles). Dracanord est stratégiquement plus proches de la Garone, la forêt des Garocs, pour protéger les femelles de Dracasud.

Signes physiques particuliers : armure d’écailles, ailes, cornes, tunique en cuir.

4- Les Hommes

Les Hommes sont divisés en deux Clans : les Falines et les Lornennes.

Falines

Dirigés par le Roi Lybah.

Spécialité : creuser dans les mines, ce sont des mineurs.

Capitale du Royaume : Ine.

Environnement : montagnes.

Lornennes

Dirigés par le Roi Antars.

Spécialité : nager et pêcher.

Capitale du Royaume : Eranenne.

Environnement : lacs et fleuves.

« Ce livre a dû être rédigé par des humains, pensa Elanne, car selon l’auteur cette race n’a pas de particularité. »

5- Les Garocs

Dirigés par les Gogems, ce sont leurs serviteurs.

Spécialités : rapides, ont du flair

Signe particulier : mi-hommes mi- loups garous.

Environnement : vivent dans la Garone, une forêt carbonisée.

Signes physiques particuliers : cheveux emmêlés, regard mauvais, crocs acérés, griffes tranchantes, haillons en guise de sous-vêtements.

6- Les Gogems

Dirigés par le plus fort d’entre eux. Pour savoir qui est le plus fort, ils organisent des duels.

Spécialités : forts, résistants.

Signe particulier : créatures faites de terre.

Environnement : grottes Gogemia.

Signes physiques particuliers : feu sur la tête, petites pupilles et longs sourcils, épaulettes et armures, grandes dents, mains flasques et visqueuses, grands pieds, blocs de terre qui tombent des mains, cible qui gèrent leurs vies.

Après avoir lu le texte, Elanne jeta un bref coup d’œil à l’illustration représentant les Gogems. Ils étaient vraiment hideux. Elle ne prit pas la peine de lire la fin du livre car elle s’était rendu compte qu’il était déjà tard. La nuit était tombée et le ciel était noir, il devait être au moins minuit.

Elanne voulut poser le livre sur sa table de nuit, mais malheureusement pour elle, il lui échappa des mains. Il tomba donc à terre dans un grand fracas.

Le bruit de la chute résonna dans toute la maison, ce qui eut pour effet de réveiller Erlun et Amerline. Ils sursautèrent et décidèrent d’aller voir ce qu’il se passait. Ils sortir de leur chambre, située au rez-de-chaussée, et gravirent l’escalier jusqu’à la chambre d’Elanne.

Arrivés devant la porte de la chambre, ils se stoppèrent net, car des affaires trainaient çà et là face à eux, semblant protéger la chambre avec leur présence, pourtant involontaire. Amerline tenta d’ouvrir la porte mais elle constata qu’elle était fermée à clé. Elle se plaça donc juste en face de la serrure et hurla à pleins poumons :

« Elanne, pouvons-nous savoir pourquoi tu fais autant de raffut en pleine nuit ?!!

  • Je suis désolée de te contredire, mais ce n’est pas moi qui beugle sur ma fille à minuit pétantes, répondit la petite voix d’Elanne derrière la porte avec arrogance.
  • Ne sois pas insolente, jeune fille, on en reparle demain ! »

Sur ses mots, Amerline, trop exténuée pour insister, s’en fut, longeant le couloir et redescendant l’escalier. Erlun jeta un dernier coup d’œil à la porte de la chambre de sa fille adoptive puis s’en fut lui aussi. Sa jambe ne le faisait plus souffrir et il n’eut pas de douleur en descendant l’escalier.

En entendant le bruit de pas de ses parents qui repartaient, Elanne soupira de soulagement.

« Ouf ! Maudit bouquin ! » pensa-t-elle.

Elle s’installa ensuite dans son lit, s’emmitouflant dans ses draps et se glissant entre ses nombreux coussins. Elle resta allongée pendant un moment sur le dos, le regard perdu dans le vide. Elle n’arrivait pas à trouver le sommeil.

Au bout d’un quart d’heure, la jeune elfe n’avait toujours pas fermé l’œil. Une idée lui traversa soudain l’esprit :

« Et si je partais explorer Alibash de nuit, histoire d’en apprendre plus sur la situation de mon peuple. »

Sur cette idée, Elanne bondit hors de son lit tout en essayant de rester discrète pour ne pas alerter ses parents adoptifs. Elle savait que ce qu’elle entreprenait lui vaudrait plusieurs sermons si elle se faisait repérer, aussi elle tâcha de ne pas tout gâcher à cause d’une quelconque maladresse.

Elle fonça vers son armoire et en sortit un gros manteau et des vêtements. Elle hotta sa nuisette et se vêtit de ceux-ci puis se saisit de son arc et de son carquois rempli de flèches. Elle les passa autour de sa taille et de son cou, puis elle sortit une petite bourse d’un de ses tiroirs de table de chevet. Dedans, de jolies pièces d’or et d’argents étaient éparpillées, elles étaient équivalentes au total à 20 rivajh. Elanne attacha la bourse à sa ceinture et regarda au travers de sa fenêtre.

Elle vit de la lumière. Beaucoup de lumière. Elle pensa qu’il s’agissait des lumières des maisons des habitants, car beaucoup d’elfes restaient éveillés la nuit, étant donné qu’ils avaient moins besoin de sommeil que les autres espèces. Malgré tout, Erlun et Amerline préféraient dormir pour être encore plus vifs le lendemain matin.

Elanne plissa les yeux pour mieux distinguer d’où venait la lumière mais elle comprit assez tôt qu’elle se trompait. Ce n’était pas la lumière du feu qui brûlait doucement au cœur des cheminées des habitants. Non, c’était un feu fait pour ravager, tuer et détruire. C’était un feu de guerre, maitrisé par des torches. Quand sa vision se fut accoutumée à l’obscurité, elle aperçut une horde de Garocs, c’était eux qui tenaient les torches enflammées. Et cette horde semblait déterminée à brûler, ravager, tuer et détruire le village d’Elanne et ses habitants. Certains Garocs posaient leurs torches sur des arbres, ce qui avait pour effet de les enflammer.

Dans ce cauchemar extérieur, des cris résonnaient. Entre ceux des soldats qui se jetaient sur les Garocs et ceux des monstres eux-mêmes, c’était le chaos. Elanne put constater avec effroi que les Garocs étaient plus nombreux et que le combat des elfes semblait peine perdue.

Une petite silhouette se tenait en bas, avec les soldats. Cette silhouette, c’était celle du père adoptif d’Elanne. Celle-ci mourait d’envie d’aller l’aider.

C’est d’ailleurs ce qu’elle aurait fait si quelqu’un n’avait pas frappé à la porte de sa chambre. Elanne prit alors la clé qui se trouvait dans la poche de sa tunique et brandit la clé tout en s’empressant de se diriger vers la porte. Elle se dépêcha de faire passer la clé dans la serrure en cuivre puis il y eut un léger cliquetis.

La porte s’ouvrit alors sur Amerline, qui rentra précipitamment dans la chambre.

Si tôt fut elle rentrée qu’Elanne referma la porte à double tour et rangea la clé dans sa poche. Elle n’eut pas le temps de faire un autre geste car Amerline se mit à toussoter dans son dos.

Elanne se retourna donc lentement tout en pensant :

« Oh mince, je crois qu’elle m’en veut encore pour ce que je lui ai dit tout à l’heure. »

Mais à sa grande surprise, Amerline se jeta sur elle et la prit dans ses bras. Elanne l’étreignit donc en retenant un soupir de soulagement. Elle l’écouta ensuite lui murmurer à l’oreille :

« J’ai eu tellement peur pour toi, ma fille.

  • Ne t’inquiète pas, je vais bien.
  • Reste ici pendant l’attaque, lui conseilla sa mère adoptive, je ne veux pas qu’ils t’attrapent.
  • Je vais être obligée de te désobéire, maman. Papa est en difficulté, comme les autres soldats. J’irais les aider ! »

Sur ses mots, elle courut vers la fenêtre de la chambre, qu’elle avait pris soin de laisser ouverte, sauta au travers et atterrit sur le toit avant qu’Amerline n’ai pu la retenir. Elle dégaina alors son arc et prit une flèche de son carquois. Elle scruta la scène puis sourit, elle avait repéré sa cible. Elle banda donc son arc et retint sa respiration pour mieux viser. Quand elle fut sure d’elle, elle tira sa flèche sur le Garoc qui attaquait son père.

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