Aposiopèse

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Dans un commentaire à mon texte intitulé "Érotisme littéraire "

https://www.scribay.com/read/text/1058909724/erotisme-litteraire--ou-la-langue-dans-tous-ses-etats-

Suzanne Ville parle d'aposiopèse chiasmique et de stichomythie rythmée. Mon sang n'a fait qu'un tour (Enfin, je crois) et le mot aposiopèse a été invité à se présenter à la porte de la DicoDanerie… Ce qu'il a fait.

 

Le concierge, parti ouvrir, est venu me voir en courant, complètement affolé et frémissant de la poupe à la proue. Ses lunettes luisaient d'un éclat traqué et il me lançait des regards où l'effarement tournait à plein régime. Réduit à l'état de gelée tremblotante, il tomba dans un fauteuil qui ne lui tendait pas les bras et commença à prendre une teinte mauve et à maigrir à vue d'œil. Sa respiration eut intéressé un spécialiste de l'asthme.

 

-- Ressaisissez-vous, mon vieux, le suppliai-je. Que vous-est-il arrivé ?  Le voyant incapable de répondre, je lui tendis un verre de schnaps de ma réserve spéciale. Celui qu'on boit quand le bateau coule pour ne pas se voir mourir. Personnellement, je n'en consomme pas, car c'est un alcool de bois tellement fort qu'on ne peut le boire qu'avec un masque à gaz.

 

Il le but d'un trait. Ses lunettes s'embuèrent. Il eut une quinte de toux qui lui fit gonfler le cou et il commença à bafouiller : l'apo, l'apo, l'aposiopèse, elle est pas seule.

 

- - Comment ça, pas seule ?

 

-- Non, Pas seule. Elle est accompagnée d'une ribambelle d'autres mots.

 

-- Expliquez-vous, mon vieux !

 

-- Je ne sais pas. Que des inconnus, des mots tus. Des mots qui font peur.

 

-- Qui font peur ?

 

-- Oui, il y a la métathèse, l’énallage, l’épitrochasmos, la prodiorthose, l’épidiorthose, la procatalepse, la paralipse, la diotypose, l’épimone, la prosopopée, l’éthopée, la prétérition, l’énallage, la dubitation, l’asyndeton, l’épanophore, l’épanadose, l’épanalepse, la paranomase, l’épexégèse, l’épimone, l’épitase, l’hyperbate, l’anastrophe, la prolepse, la proepitaxis et plein d'autres dont j'ai oublié le nom.

 

-- C'est tant mieux, Albert (Notre concierge s'appelle Albert) il s'agit de termes de rhétorique. Ce sont des mots fiers jusqu'à l'impertinence. Ils sont pleins de suffisance. Seule leur prétention himalayenne est digne de figurer au livre des records. Non, ne laissez entrer que l'aposiopèse et renvoyez les autres. Ils risqueraient de gâcher l'ambiance bon enfant de la DicoDanerie.

 

C'est ainsi que l'aposiopèse a été adopté à la DicoDanerie. Il s'agit d'une figure de style consistant à suspendre le sens d'une phrase en laissant au lecteur le soin de la compléter.

 

Par exemple, dans le chant I de Virgile, la phrase suivante :

« Osez-vous, sans ma permission, ô vous, bouleverser le ciel et la terre et soulever de telles masses ? J’ai envie de vous... ! Mais il faut d’abord apaiser les flots déchaînés… »

 

"L'aposiopèse révèle une émotion ou une allusion se traduisant par une rupture immédiate du discours. L'aposiopèse est une ellipse proche de la réticence et de la suspension" nous dit Wikipédia.

 

 

 

 

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