Aujourd'hui

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« Aujourd’hui, j’adopte » par-ci, « aujourd’hui, j’adopte » par-là, aujourd’hui, aujourd’hui, toujours aujourd’hui

Et si la DicoDanerie adoptait le mot aujourd’hui ?

Vous me direz : « aujourd’hui  n’est pas un mot foutu», et vous n’aurez pas tort.

Mais le mot « aujourd’hui » a une signification très particulière pour le propriétaire de la DicoDanerie.

L’aujourd’hui qui a marqué son esprit à tout jamais, fut un aujourd’hui de l’année 1955.

Il devait être en classe de 9ème ou, si vous préférez, pour parler moderne, en CE2, mais le CE2 n’existait pas encore en ces temps d’obscurantisme.

Alors qu’avec ses camarades de classe il écoutait religieusement son institutrice (il s’agissait d’une école privée), l’instituteur de la classe d’à côté, l’œil sombre et le front plissé comme une jupe écossaise, est entré brusquement et a marmonné quelques mots à l’oreille de sa collègue.

Il venait à peine d’achever ses confidences que Madame M. le désignait du doigt en lui demandant de suivre Monsieur Z.

Déjà timide à l’époque et peu rassuré sur ce qui l’attendait, il suivit l’instituteur bougon et grincheux dans l’immense salle de classe contiguë à la sienne.

Et quand je dis « immense », j’ai bien trois ou quatre raisons pour choisir ce qualificatif puisqu’il était petit et qu’une salle de classe, en ces temps reculés où l’école privée était beaucoup plus pauvre qu’aujourd’hui, en contenait plusieurs : Tous les grands de la 8ème et de la 7ème (CM1 – CM2) étaient là, plongés dans un silence de sépulcre devant la fureur de Monsieur Z.

C’est qu’il n’était pas content du tout, Monsieur Z. Ah, ça non, pas du tout !

Il le fit monter sur la chair, lui donna une craie et lui demanda d’écrire le mot « aujourd’hui » (Je vous remercie de m’avoir suivi jusque là).

Il commença à écrire d’une main tremblante aujourd’ puis, après avoir posé l’apostrophe, marqua une seconde d’hésitation en se demandant s’il fallait mettre un « h » à hui.

Percevant sans doute son embarras, Monsieur Z. l’interrompit en disant « C’est très bien ».

Ce qui lui importait était qu’il sache que le mot était coupé en deux par une apostrophe et c’est tout.

Prenant à témoin les sombres crétins qui composaient ses deux classes de grands dadais, et dont aucun ne connaissait cette règle élémentaire (mon cher Watson), il leur demanda s’ils n’avaient pas honte de se faire apprendre l’orthographe par un minot de 9ème.

Le silence de sépulcre atteignit alors une qualité inouïe.

Le minot fut remercié et renvoyé dans sa classe.

Mon Dieu, ces grands étaient-ils bêtes !

Et comment écrit-on aujourd’hui, aujourd’hui ?

Ojourd8 ?

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