L’autre jour, je lisais un texte de Paul Claudel.

Courageusement.

Je garde en effet un souvenir mitigé de ce grand écrivain dont Le soulier de Satin ne faisait pas vibrer les pensionnaires du collège de jésuites dont je faisais partie.

Oh ! Juste un petit paragraphe. Quelques lignes… de ce grand écrivain.

Ca n’a pas manqué ! Au milieu de la phrase, je tombe sur « la morasse quotidienne ». C’est bien ma veine. Pas de dictionnaire sous la main pour vérifier le sens du mot. Un mot dont je ne connais pas la race. Morasse, mot rare. Un mot tu, à n’en pas douter, me dis-je.

Dans le contexte de la phrase, j’ai pensé qu’il s’agissait d’un mot signifiant morosité, mélancolie, tristesse, grisaille, angoisse, inquiétude, lassitude. Enfin, quelque chose comme ça, quoi. Une sorte de désolation ou de neurasthénie. La morasse quotidienne. La grisaille quotidienne. Enfin, je n’insiste pas. Vous voyez ce que je veux dire. Toute cette morasse qui nous sape le moral dès les premières heures de la journée, que l’on traine comme un spleen toute la journée. La morasse, quoi. Celle qui rime avec poisse.

Et bien non.

Mille fois non.

La morasse est l'épreuve ultime servant à vérifier la composition d'un journal et portant la note « bon à tirer ». L’imprimatur si vous préférez. La dernière épreuve avant édition.

J’ai du mal avec Paul.

Bon. Je fais rentrer morasse à la DicoDanerie.

ça m’apprendra.