Chapitre 1: La première Séance.

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 Je patientais dans la salle d’attente en faisant trembler frénétiquement ma jambe droite, mon cœur palpitait comme un cheval au galop. Je faisais craquer mes doigts, regardais aléatoirement autour de moi, puis baissais la tête, je regardais ma jambe trembler en me tordant les doigts. J’entendis d’un coup une voix qui provenait de derrière la porte et je mettais mise à la fixer en lisant à plusieurs reprises le nom de la psychologue qui allait me recevoir dans quelques instants : « Madame Charpentier, psychothérapeute ». La porte s’ouvrit soudainement et à ce moment là je ne prenais pas encore conscience que ma vie allait prendre un tout autre tournant. Une femme, qui devait être la fameuse psychothérapeute, tenant un téléphone à la main, m'appela d'une voix douce:

     " Léa P..."

 Je me levais pour entrer dans le cabinet luxueux. Il y avait une moquette rouge recouverte de tapis arméniens bordeaux, les murs étaient habillés d’un papier peint beige vieillot, à motif fleur de lys. Au fond de la salle, il y avait un bureau en noyer vernis, une chaise en cuir chesterfield marron en face d’une autre chaise en cuir noir qui paraissait un peu moins confortable. De part et d’autre, le bureau était recouvert de dossiers, il y avait tout juste la place pour un bloc notes vierge. C’est sur ces pages blanche que Mme Charpentier allait écrire le dénouement de ma vie. A trois pas du coin bureau, sur la droite, il y avait un fauteuil relax en velours vert avec une couverture effet peau de bête. Juste en face du fauteuil, il était accroché au mur une spiral rouge et blanche qui, lorsqu’on la fixe, donne l’impression de tourner. Je ne savais pas encore à quoi servait cette installation. Un bien-être se dégageait de cette pièce, elle était charmante et chaleureuse tout comme Mme Charpentier. C'était une femme sans âge, qui semblait prendre soin d'elle, elle assumait complètement ses cheveux blancs qui contrastaient avec le reste de sa cheveulure qui était resté brun. Elle avait des traits doux, ses yeux verts étaient rieurs, sa bouche fine legèrement ridée, était maquillée d'un rose léger. Elle était pas très grande mais sa sagesse, elle l'était. Elle était partie se réfugier dans une autre partie du cabinet, cachée par un rideau pour finir son appel. Je m’étais assise sur la chaise en cuir noir et j’attendais que Mme Charpentier revienne. Je me tenais la tête baissée, je regardais mes doigts se tordre dans tous les sens. J’étais nerveuse, l’inconnu m'effrayait, je me sentais gênée car je m'apprêtais à délivrer des moments de mon existence que j'avais réussi à enfouir pendant plusieurs années. Mme Charpentier fit son apparition, elle me proposa une tasse de thé que je refusais timidement. Elle s’asseyait sur sa belle chaise chesterfield en posant sa tasse chaude et fumante sur le bureau en noyer. Elle me regarda en souriant puis me demanda :

    " Alors que puis-je faire pour vous ? dites-moi tout ".

    " J’ai… comme dirait besoin d’aide… Je ne sais pas vraiment comment vous présenter ma situation mais depuis un certain temps je suis victime de symptômes étranges. J’ai souvent mal à la tête,  mal au ventre et je suis constamment fatiguée. Il m’arrive même parfois d’être dégoutée de la nourriture, l’odeur m’est presque insupportable. Je suis allée voir un médecin parce qu’un jour j’ai perdu connaissance et il m’a simplement dit que je devais certainement souffrir d’un immense stress. Il m’a ensuite donné des adresses de centres pour pouvoir consulter un psychologue gratuitement mais je n'ai jamais pris la peine d'en contacter un. Je pensais ne pas en avoir besoin, jusqu'au jour où j'ai eu une crise. J'étais très en colère et je n'arrivais plus à canaliser mes sentiments. Ma mère ne savait plus vraiment quoi faire, elle ne comprenait pas ma colère et mes souffrances physiques. Un jour, en rangeant ma chambre, elle est tombé sur les coordonnées des centres, elle m'a ensuite demandé ce que c'était et je lui ai dit que ca remontait à ma derniere consultation chez le médecin. Elle m'a ensuite révélé qu'elle pensait aussi me faire voir un spécialiste mais elle ne voulait pas que j'aille dans ces centres, alors elle vous a contacté."

     "Elle a bien fait ! " Me dit-elle en souriant, puis elle poursuivit:

    " Je vois que vous semblez tendue et que vous n'avez pas l'air de cotionner tout ça, vous êtes réticente. Cependant, votre médecin n’a pas tort, le stress peut effectivement nous faire subir des symptômes physiques très contraignants traduisent en réalité un mal-être psychologique. Il faut que vous en preniez conscience pour aller mieux. Consulter un psychologue, ne devrait pas être un tabou, ce n'est fait pour les fous, bien au contraire. Nous sommes là pour vous aider à vous sentir mieux, à vous faire évoluer. Entrons dans le vif du sujet, parlez-moi un peu de vous, dites-moi ce que vous aimez faire, vos passions…"

    " Vous parlez de moi… Je vous avoue que j’ai du mal à parler de moi." Dis-je d’une voix hésitante avec un rire gênée

    " Ne soyez surtout pas gênée, je comprends qu’une première consultation chez un psychologue peut vous intimider, mais j’ai besoin de vous connaitre et d’entrer dans votre intimité pour pouvoir vous aider et mettre des mots sur vos maux"

Je voyais bien qu'elle essayait de me rassurer, je pris donc la décision de parler, apres tout j'étais venue pour ça.

    " Eh bien, j’ai des passions mais je vous avoue qu’en ce moment il n’y a pas vraiment grand-chose qui m’intéresse, je suis tellement épuisée que je ne trouve plus le temps de faire quoique soit, je dirais même que mes passe-temps du moment sont mes études et m’occuper de ma mère. J’aimais cuisiner, mais avec l’odeur de la nourriture qui me dégoute, j’évite de le faire. J’aimais beaucoup dessiner, mais je n’ai plus vraiment le temps pour ça et c’est le même cas pour la musique, je faisais du piano, ça doit faire au moins trois ans que je n’y ai pas touché. Je n'ai plus le temps pour tout ça. "

    " Pourquoi n’avez-vous pas le temps pour vous ? Vous savez il est très important de se consacrer du temps pour soi, vous êtes encore jeune, vous avez la vie devant vous, qu’est ce qui vous préoccupe autant pour que vous n’ayez pas le temps pour vous ? "

 Je m’étais effondrée à la suite de cette question, je ne savais pas vraiment quoi répondre, elle avait raison, je n’avais que vingt ans, j’avais toute la vie devant moi et pourtant je n’avais jamais le temps. Je me sentais comme le lapin dans Alice au Pays des Merveilles qui court après le temps. Finalement j’étais peut-être ce lapin, je cours après le temps qui fuit à toute vitesse, sans jamais m’arrêter et sans jamais me rendre compte que c’est en courant après que je perdais du temps. Cette situation était un cercle vicieux, un gouffre infini dans lequel j’étais tombée et je ne savais toujours pas si j’allais toucher le fond. Me voyant effondrée, Mme Charpentier me tendait un paquet de mouchoir qu’elle avait pris dans un de ces tiroirs.

   " Voyons mon enfant, les pleurs sont souvent le signe d’une grande détresse". Me disait-elle avec une grande compassion dans sa voix. "Mais répondez tout de même à ma question"

   " Je suis très prise, j’ai mes études et je dois m’occuper de ma mère. Elle souffre de son dos depuis des années à la suite d’une chute. Elle est souvent immobilisée et je dois lui venir en aide. Je dois lui faire à manger, nettoyer l’appartement, être là quand elle a besoin de quelque chose. Cette situation fait que je ne sors pas avec mes amis comme les jeunes de mon âge, je n’ai d’ailleurs pas beaucoup d’amis…"

   " Parlez-moi de vos études, que faites-vous ?"

   " Je fais des études de langue, je prépare une licence en Japonais, je suis une passionnée de la culture japonaise..."

   " Aaah tiens ! Une nouvelle passion que vous n'avez pas mentionné... Pourquoi, vous ne vous y plaisez pas ? "

   " Pour tout vous dire, je pense que j'idéalisais les études supérieures, je n'imaginais pas le monde étudiant comme ça..."

   " Que voulez-vous dire ? Racontez-moi votre expérience "

   " Au lycée, j'étais le genre de fille très timide, je ne participais jamais, j'étais souvent assise au fond de la classe. J'étais le genre d'élève qu'on oublie. J'avais mon petit groupe d'amis, mais j'étais un peu la "geek" du groupe, celle qui lit des mangas, qui regarde des animés et qui dessine ses personnages de mangas préférés, je refoulais un peu cette passion parce que les personnes qui assumaient aimer les mangas étaient un peu considérés comme des marginaux et on se moquaient beaucoup d'eux. Je ne partaigeais donc pas cette passion avec mes amis mais nous avions d'autres centres d'intérêts, nous aimions parler cuisine, mode, politique, enfin nous essayions de nous y intérésser. Cependant, j'avais envie de rencontrer des personnes avec qui je pouvais partager ma passion pour le Japon, je voulais être à cent pourcent moi. En m'inscrivant dans cet institut pour apprendre un peu plus sur la langue et la culture japonaise, je pensais que j'allais rencontrer des gens comme moi et c'était le cas. J'étais aux anges, ça parlait du Japon à tout bout de champs. 'étais même avantagée par rapport a d'autres personnes parce que j'avais déja pris quelques cours de Japonais auparavant, j'aidais donc ceux qui avaient du mal, je me montrais sociable. Je m'étais en fait réinventé, j'avais mis de coté la Léa timide, pour faire place a une Léa rayonnante. J'échangeais avec tout le monde, j'avais l'impression d'être appréciée. J'ai rencontré un garçon avec qui je me suis liée d'amitié, il s'appelait Alexandre.

   "Racontez-moi votre rencontre avec cet Alexandre"

   "La rentrée approchait, une rencontre avec les élèves de la promo avait été organisée en amont afin qu'on ne soit pas intimidés par cette nouvelle vie qui s'offrait à nous, la vie étudiante. C'est à cet évènement que j'ai rencontré Alexandre, je l'ai remarqué dès son arrivé, il était pour moi le plus charmant et le plus beau des garçons que j'avais rencontré. J'étais complètement aspirée par son aura, il dégaeait quelque chose que les autres n'ont pas. Il était habillé simplement, un short en jean bleu, des tennis blanches, et un T-shirt bleu ciel, il avait également une casquette, mais je ne pourrais plus vous dire de quelle couleur elle était, parce qu'il l'a retiré pour saluer tout le monde. Son sourire m'avait réchauffé le coeur, je ne voyais plus que lui. Lorsqu'il s'est assis a coté de moi, j'ai pu voir plus en détail son visage, il avait quelque chose dans le regard qui m'absorbait complètement. Ses yeux en amande, étaient noisettes. Ils avaient une telle profondeur dans la pupille qu'on pourrait se noyer dedans. Ses cheveux étaient châtain clairs légèrement bouclés. Son nez parfaitement droit était semblable aux nez des statuts grecques, était décoré de petite tâches de rousseurs charmantes. Il avait un teint pâle qui était réchauffé par ses joues roses. On pouvait voir son corps légerement musclé de dessiner à travers sont t-shirt. Mon coeur s'emballaità chaque détails que son corps m'exposait et pourtant j'évitais de trop le regarder, j'avais un regard éparpillé. Je me disais que je ne devais pas le regarder plus de 3 secondes mais ces secondes devaient être intenses afin que je puisse photographier dans ma mémoire ses airs charmants. Ce jour là, il faisait beau et chaud, on s'était rencontré sur la terrasse de ma fac. Nous parlions de tout et de rien, nous voyons des couples s'unir d'amitié. L'ambiance était bon enfant. Quelques jours après, les cours avaient commencés, nous étions tous contents de nous revoir, tout le monde se souriait, se saluait, les regards complices dominaient les salles de classe. L'ambiance des cours étaient chaleureux. Je trainais surtout avec Alexandre, notre amitié commençait vraiment à se constuire puis cette amitié s'est tranformée pour moi en sentiments amoureux forts. En réalité, je pense que je l'avais aimé dès le premier jour, dès que nos regards s'étaient croisés le jour de notre rencontre et mes sentiments pour lui se confirmaient de jour en jour. On avait pour habitude de faire le même chemin pour rentrer, il y avait seulement la direction du tramway qui nous séparait. On s'asseyait tous les soirs à la station de tramway pour parler pendant des heures, on faisait le bilan de notre journée, on parlait de musique, de cinéma. Il me donnait des conseils pour l'apprentissage des caractères japonais et sur la prononciation. Ces moments la étaient justes magiques pour moi, je me sentais importante à ses yeux. Un jour, il me présenta à des amis qu'il avait rencontré dans des cours que nous n'avions pas en commun, ils avaient tous l'air de bien se connaitre mais je ne craignais plus l'intégration dans les groupe d'amis, puisque j'ai choisi une filière dans laquelle les gens pouvaient se retrouver par la passion de la culture Japonaise, mais je m'étais trompée. Je vous avais dit que j'avais un peu refoulé ma passion pour la culture japonaise par peur de subir des moqueries de la part de gens dans mon lycée et aussi parce que mes amis du lycée ne partageaient pas avec moi cette passion. Eh bien dans ce nouveau groupe je me sentais un peu comme l'intru, parce que j'étais finalement la moins passionnée de tous. Mes camarades ne parlaient uniquement de la même chose: des mangas ! Il parlaient de mangas que je n'avais jamais vu et toute la journée. Je me sentais exclue finalement et remettais en question ma passion. J'ai subi une remarque un jour de quelqu'un qui m'avait dit que je n'avais rien à faire dans cette licence si je ne regardais pas tant d'animés que ça ! Je commençais a donc à me renfermer, je trainais avec ca groupe de personne parce qu'Alexandre était amis avec eux mais aussi parce que mes sentiments ne faisaient que de croitre. Je restais seule, je me sentais abandonnée, j'étais finalement le vilain petit canard. Pendant l'heure du déjeuner, je les regardaient tous rire, se créer une complicité de laquelle j'étais exclue. J'étais même transparente, Alexandre ne me voyait plus, mais je tenais parce que je savais que notre rituel du soir allait avoir lieu et que j'allais réaparaitre à ses yeux et être plus importante que jamais. Cependant, au fur et à mesure du temps, ces petits rituels ne me suffisaient plus car je commençais par être pervertie par la jalousie. Ce groupe d'amis état majoritairement composé de filles, Alexandre était donc bien entouré. Mélissa était une l'une de ces personnes que l'on trouve sympathique, c'est une fille tellement rayonnante qu'on peut être vite éblouie par sa personnalité. Elle était envahissante, parlait fort, il était donc difficile de ne pas la remarquer. Je pensais était aussi gentille qu'agaçante. Elle avait tout de la fille mignonne, elle était petite, avait de grands yeux marrons et un sourire toujours éblouissant, mis en valeur par un rouge à lèvre carmin. Paola était tout son contraire, elle avait une personnalité plutôt discrete. Elle se cachait derrière un rideau de cheveux châtains dans lesquels se trouvaient quelques mèches violettes. Elle avait une voix discrète mais savait se faire entendre lorsqu'elle faisait du sarcasme. Lise était une belle blonde, ses cheveux était d'une longueur a n'en plus finir, elle arborait un style vestimentaire à la croisée de la mode grunge et gothique. Elle était donc assez discrète mais avait un caractère bien trempé. A coté de ces filles, j'avais l'impression de ne pas exister, je m'effaçais complètement à coté de ses filles, je ne faisais qu'acte de présence, j'étais là physiquement mais mentalement j'étais ailleurs, je n'osais rien dire, je ne me sentais pas à ma place. Un jour, j'avais fait part de mon malaise à Alexandre au sein de groupe et il m'a simplement dit de faire des efforts pour m'integrer un peu plus. Etrangement, j'avais mal pris son conseil que je prenais pour un reproche, mais après toutje m'étais dit que ce malaise venait certainement de moi, alors j'ai essayé de faire des efforts. J'essayais de participer aux conversations qui étaient à ma portée, je commençais à sympatiser avec le groupe mais je voyais que ce n'était pas suffisant puisque les discussions sur les mangas ou animés revenaient toujours sur la table. Alors, pour essayer de me démarquer et de faire aimer, je commençais par me préparer des plats qui sortaient du commun des sandwichs et paninis de la cafétéria. Le groupe remarquait mes délicieux repas, je leur faisais goûter et ils me complimentaient. L'anniversaire d'Alexandre approchait, j'avais eu donc l'idée de faire un déjeuner d'anniversaire pour marquer le coup et j'avais promis de me chargerais du gâteau. J'avais passé ma soirée à préparer un tiramisu, je devais penser à des stratagèmes pour le ramener sans qu'il ne soit trop abimé par le trajet. L'heure du déjeuner arrivait, tout se passait pour le mieux jusqu'au moment du dessert. Je présentais fièrement mon tiramisu à mes nouveaux amis et tous avaient oublié mon projet. Alexandre était le seul a avoir pris un morceau de mon gâteau, les autres prétextaient ne plus avoir faim. Après avoir fini son morceau, Alexandre et les filles sont partis parce qu'ils avaient cours et moi je me suis retrouvée à manger seule avec quatre parts de tiramisu en pleurant. Le lendemain j'avais pris la décision de ne plus me laisser faire, de m'imposer un peu plus. A l'heure du déjeuner, je leur avait avoué ce que j'avais sur le coeur :

    " Je peux vous parler ?" demandais-je avec hésitation

    " Oui, qu'est ce qu'il y a ?" me demandait Mélissa

Je ne savais pas vraiment par où commencer à ce moment là mais j'étais déterminée à leur faire part de ma déception, il fallait donc que je tape fort :

    " Je n'ai pas apprécié la manière dont vous m'avez traité hier midi, on avait préparé un plan tous ensemble pour le déjeuner anniversaire d'Alexandre, je vous avais prévenu que j'allais apporter un gâteau et vous m'avez laissé le manger toute seule ! j'ai mangé un tiramisu pratiquement entier à moi toute seule, vous trouvez ça normal ?! "

Je marquais une pause, a colère commençait à monter, ma respiration était de plus en plus rapide, je sentais que j'avais des sanglots mais je voulais a tout prix les cacher pour ne pas perdre la face. Je repris la parole en coupant celle de Mélissa :

    " Vous ne vous rendez absolument pas compte à quel point j'essaie de faire des effort pour m'integrer à votre groupe, vous m'avez toujours tenue à l'écart ! Hier a été le moment le plus humiliant de ma vie, jamais on ne m'avait autant manqué de respect ! Je trouve ça inadmissible"

Un silence s'était imposé à notre table, ils me regardaient tous étonnés de ma prise de parole. Mélissa s'était excusée en premier, les autres ont suivi le mouvement. Mélissa a ensuite ajouté :

   "Je suis vraiment désolée si tu as eu l'impression qu'on t'isolait, je croyais que ta grande discretion faisait parti de ta personnalité..."

   " eh bien tu croyais mal désolé de te l'apprendre. Vous parlez toujours de la même chose, ce sont des sujets auxquels je ne peux pas participer, vous n'avez jamais été curieux de savoir ce qui m'interessait. J'avais l'impression d'être une plante décorative à coté de vous. Je suis ouverte à plein d'autres sujets de conversation, je veux bien que me fassiez découvrir ces mangas que je ne connais pas, mais je vous en supplie arrêtez de m'isoler."

Apres cette discussion à coeurs ouverts, les tensions au sein du groupe se sont apaisées. Je me suis rapprochée de toutes les filles du groupes, nous étions par la suite inséparables. J'étais d'autant plus fière de moi car Alexandre m'avait enfin remarqué au sein du groupe, et nos moments de complicité à la station de tramway commençaient par se transformer en flirt. Je me souviens, il avait souvent les mains gercées par le froid et je lui mettais un peu de crème dessus pour l'apaiser. J'ai toujours eu des petites intentions pour lui, je lui faisais des dessins, découvrir de nouvelles musiques, quand il portait une chemise, je remettais souvent son col lorsqu'il était mal mis. j'essayais, je crois, de lui faire comprendre que je l'aimais mais je n'ai jamais su s'il ressentait la même chose que moi. Un jour à la station de tramway, comme à notre habitude, on s'était assis pour parler de tout et de rien. Je le regardais avec une très grande admiration et d'un coup, sans réfléchir, j'ai osé l'embrasser. C'était un baisé doux, chaud, plein d'émotion. Apres ce moment, nous sommes sortis ensemble, j'étais aux anges mais cette idylle n'a pas durée. Je n'ai donc pas grand chose à raconter, tout était parfait jusqu'au jour où il m'a quittée. Mon monde s'était écroulé, je l'ai beaucoup détesté, mais j'ai réussi à surpasser cet évènement et comme nous avions le même cercle d'amis, j'ai décidé de rester amie avec lui, mais ca été une catastrophe. Notre amitié a fini par être ambiguë, je continuais à lui mettre de la crème sur les mains, à remettre son col lorsqu'il était mal mis, on se tenait la main, on se câlinait comme un couple sans en être un. Je me contentais parfaitement de cette situation jusqu'au jour où une autre fille s'est immiscée entre nous. Aaah Laura, la belle brune, pulpeuse, sexy, avec ses charmants traits asiatiques. J'aimais bien cette fille, nous étions devenues plus ou moins amies, assez proches pour se confier sur nos relations. Je lui avais avoué tous mes sentiments pour lui, elle m'avait avoué ses sentiments pour un autre. Elle a commencé par m'imiter, elle singeait mes petites intentions et les appliquait sur mon Alexandre. Je n'ai pas supporté et j'ai explosé. Nous nous sommes disputés elle et moi et j'ai fini par me disputer avec Alexandre. Malgré cette dispute, Alexandre et moi sommes restés en bon termes mais avec Laura, on ne se regarde même plus. Quand on se croise dans la rue, on change de trottoir. "

  " Et vos études dans tout ça, vous en êtes vous sortie ?" M'interrompa Mme Charpentier dans mon récit.

 " ah mes études... J'ai complétement oublié de les mentionner mais clairement ça n'allait pas, je vous avoue qu'avec mes problèmes d'intégrations et mes histoires d'amour houleuses, mes études n'avaient plus vraiment de place dans ma vie et quand je m'en suis rendue compte, il était trop tard"

 " Je m'excuse mademoiselle mais nous allons devoir finir cette séance là, nous parlerons de vos études la semaine prochaine, lors de notre deuxième séance. Même jour, même heure, cela vous convient-il ?"

 " Oui, c'est parfait"

 " A la séance prochaine alors"

 En sortant de son cabinet, je me sentais libérée, lègère et pourtant je pensais avoir seulement parlé d'éléments assez futiles de ma vie.

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