Chapitre I

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Je m'appelle Abigail, j'ai 17 ans, je vis seule avec ma mère et je commence ce journal intime en ce jour de mars 1995. Qui sait qui le lira, sans doute personne mais je pourrais me souvenir quelle adolescente je fus, mes rêves, mes espoirs et mes doutes. J'aimerais qu'il me suive longtemps, comme un témoin fidèle et muet de ce que j'ai vécu.
Mon prénom est d'origine hébraïque bien que ma famille soit assez éloignée de toute forme de religion, ce qui est plutôt rare ici en Amérique. Je crois même n'avoir jamais mis les pieds dans une église ni aucun autre édifice religieux.
Quand je dis ma famille, c'est assez restreint, je n'ai ni frères et sœurs et je n'ai jamais connu mon père qui est parti avant même ma naissance.
Nous vivons avec ma mère à Elko, une petite ville dans le nord du Nevada, entre Reno et Salt lake city. Bien loin de Las vegas et ses casinos, l'attraction principale de l'état du Nevada.
Elko est une ancienne ville de la ruée vers l'or et est entourée de vieilles mines abandonnées. J'aime y trainer, en général seule, m'imaginant mille et une histoires fascinantes près de ces trous béants désormais vide de toute présence humaine.
C'est maintenant une ville où il ne se passe rien de notable et que j'ai surnommée ploucland.
Alors que fais-je à Ploucland ? Je mène ma vie de lycéenne, un peu solitaire. J'ai peu d'amis, non en fait j'ai un seul ami avec qui je partage presque tout mon temps libre.
Je n'ai pas de petit ami, j'ai pourtant beaucoup de prétendants mais ils lorgnent plus sur ma généreuse poitrine et mes longues jambes que sur mes yeux trop maquillés ou mon côté artiste un peu bohème.
J'aime insister sur le noir autour des yeux, un peu comme Alice Cooper. Ce qui fait le désespoir de ma mère et les moqueries du lycée. Je m'habille toujours en noir et plutôt comme un garçon, alors avec le prénom que je porte, les blagues sont toutes trouvées
-Tu es venu au lycée avec ton balai volant ?
- T'auras pas besoin de te déguiser pour Halloween.
- T'as volé les fringues d'un épouvantail ?
En général je poursuis ma route en leur faisant un doigt d'honneur.
Pour le moment je file sur mon skate en ignorant les cris des piétons que je frôle d'un peu trop près. les cours sont finis et j'ai hâte de rentrer. La voiture de ma mère est garée devant notre petite maison. C'est un petit nid bien douillet que nous avons arrangé entre filles. Après les cours j'aime y retrouver ma mère pour boire un soda en papotant, assises sur la terrasse. C'est un moment que je ne raterais pour rien au monde, et je traverse la maison en trombe pour sauter dans les bras de ma mère.
-Alors Abby comment était ta journée ma chérie ?
- Comme toujours au lycée. Chiante comme la pluie.
Elle connait ma réplique par cœur et n'insiste pas. Mais je sais qu'elle veut que je fasse des études, elle a même choisi la branche : le droit.
Elle m'imagine en avocate d'affaires à Los Angeles ou New-York, j'ai des rêves bien différents mais nous en reparlerons plus tard.
Elle part dans la cuisine et me demande ce que je veux boire, je lui réponds le plus sérieusement du monde, que je veux une bière. La réponse ferme, définitive et attendue ne se fait pas attendre.
- Certainement pas.
Je réplique avec un argument que je pense imparable
- Mais maman j'ai 17 ans!!
- Oui justement tu as 17 ans, pas un âge pour boire de la bière.
-Pfft avec toi je vais finir bonne sœur c'est sûr. Faudra pas te plaindre si je finis au fond d'un couvent et que tu ne me vois plus.
Elle revient avec un soda qu'elle me tend, je le prends d'un air faussement boudeur. ma mère n'est pas dupe et nous voila partis dans un fou rire. Nous parlons de tout et de rien et puis ma mère m'annonce qu'elle doit commencer son service du soir plus tôt.
Elle travaille comme serveuse dans un bar restaurant en bordure de la nationale, fréquenté par des routiers, des voyageurs de commerce, des loosers, et quelques bikers.
Elle ressort avec un panier de linge et me demande de l'aider pour l'étendre. Je lui annonce alors que j'ai invité mon seul ami à diner pour le samedi suivant. Elle est bien entendu surprise puisque c'est la première fois que je ramène un garçon à la maison. Et enchaîne sur ses habituelles mises en garde contre les hommes en général.
- Je ne risque rien, il est gay.
- Parfait, il ne pourra pas te mettre enceinte comme ça

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