Sor'a & Imala

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  • Merci Apponi. Tu as raison, grâce à l’odeur, mon blessé ne devrait pas tenter de dévorer son cataplasme. Je vais en préparer de suite.

Sor’a s’activa parmi les sacs odorants et les bottes de plantes en train de sécher.

Je vais mettre un peu de pied d’alouette aussi. On doit en avoir de l’année dernière, pensa-t-elle.

Silk fourragea dans le stock et tira par les dents un petit sac laissant apercevoir des fleurs séchées d’un violet tirant vers le bleu.

Bien vu ma Silk ! J’aurai pu chercher longtemps.

Puis à voix haute pour Apponi, elle énuméra :

  • Avec les feuilles fraiches de langue de serpent que j’ai ramassées ce matin je pense fabriquer une dose de cataplasme pour le renard de Yato.

L’absence de réponse valant approbation, elle suspendit un petit chaudron empli d’eau au-dessus du foyer. Elle proposa à Maitresse Apponi une portion de pied d’alouette. Un hochement de tête lui répondit.

Les fleurs infusèrent le temps de la clepsydre. Les langues de serpent furent hachées et ajoutées hors du feu. Deux poignées de farine s’y mêlèrent pour obtenir la texture souhaitée.

Elle porta l’onguent pour évaluation. Maitresse Apponi peina à se redresser.

  • Puis-je vous aider ?
  • Sor’a ! J’ai juste mal au dos. Arrête de me traiter comme si j’étais une matriarche. On rediscutera de ton attitude dans vingt ans, petite impertinente.

Sor’a camoufla un sourire et lui tendit le pot. Apponi évalua du doigt et du nez la préparation puis fit un signe de la main pour envoyer sa protégée auprès de l’animal blessé.

Silk se faufila hors de la hutte en même temps qu’elle et fila vers la rivière en lançant un joyeux 'Sor’a soigne. Silk nage.'

  • Amuse-toi bien, lui répondit mentalement Sor‘a

Elle traversa le village vers les tentes des guerriers et s’arrêta net, juste avant que Uhr ne la perfore de son bec effilé.

  • ‘Urrh ! Fais attention !’
  • Je file, je file ! Comme l’éclair ! Nul ne me voit !
  • Et du coup, un jour ton bec traversera ma joue ou mon œil’ maugréa Sor’a
  • Non ! Urrh trop rapide, trop vif ! Evitera toujours la collision’
  • Bon. Là j’ai un patient à soigner donc va voir Ptor si j’y suis !
  • C’est toi Sor’a ? S’enquit une voix depuis la tente.
  • Oui Yato, j’arrive !

Elle s’activa quelques minutes sur le renardeau que tenait fermement son Lié.

  • Normalement l’odeur de l’ail devrait éviter que ton renard ne consomme ce cataplasme. Il ne doit pas s’en débarrasser avant deux jours. A ce moment-là, tu nous l’amèneras et on verra où en est la cicatrisation. Je compte sur toi.

Le jeune garçon hocha la tête, l’air sérieux.

Elle le quitta en lui souhaitant bien du courage. Elle se rappelait toutes les situations dans lesquelles l’avait mises son balourd d’Ours.

  • Tu penses à moi ?
  • Toujours Ptor !

Toute à sa conversation muette avec son Lié de la terre, elle écarta vivement le pan de la tente et entendit le vrombissement dissonant d’un vol perturbé. Urrh était coincé dans la toile. Sor’a éclata de rire et retira délicatement l’oiseau de son piège.

Le cri de Yick à l’aplomb de la tente lui permit de mieux comprendre la précipitation de son colibri. Le faucon de sa sœur impressionnait beaucoup son Lié de l’Air, même s'il l’admettait rarement.

  • Yick est venu te chercher
  • Oh ! Yick te parle petit colibri …
  • Non, non… Il plante des images dans ma tête et je déteste ça !
  • Seuls les oiseaux peuvent communiquer entre espèces. Ne t’en plains pas. Ce pourrait être le puma de Veena…

Le colibri fit deux tours de sa tête et entra dans sa large manche.

  • La corneille est venue chercher Veena. Tu dois aller à la tente du vieux chaman
  • Allons-y alors !

***

  • Imala…Imala…
  • Hum
  • Imala !
  • Oui Marv’
  • Quel est le dernier son dont tu te souviens ?
  • La chute d’un caillou
  • D’où est-il tombé – Silence – d’où est-il tombé ?
  • …De ma main ?
  • Et pourquoi suis-je obligé de venir à la frontière pour que tu m’entendes ?
  • …je…j’ai perçu quelque chose
  • Que tu n’aurais pas perçu si tu étais restée concentrée sur le monde des vivants et ce caillou dans ta main
  • Je sais, je sais…Marv ? L’as-tu perçu ?
  • Marv ? D’accord, cette matinée n’est pas une réussite. Là, tu vois, je sens l’herbe qui chatouille mon talon. Je suis là, toute entière. Alors dis-moi : l’as-tu perçu ?
  • Un mouvement dans l’onde, comme si un être immense nageait dans le lointain et déplaçait des masses d’eau dont seul l’écho nous parviendrait.
  • Ce n’est pas ainsi que je l’ai perçu. Un changement de texture, d’épaisseur dans la trame du monde des esprits. Un ajout, une note différente.
  • Tu n’es pas une tortue, Imala. A chacun sa perception.
  • Nous devons rejoindre mes sœurs chez mon maitre
  • Tu ne devrais pas le savoir…
  • Si. J’ai entendu le cri de la corneille puis celui de Yick. Ce sont des signes qui ne trompent pas et des signes d’ici. Tu devrais te réjouir.
  • Vraiment ? Je n’ai rien entendu…

Imala ouvrit les yeux et baissa la tête pour croiser l’œil sombre et doux de Marv’. Nul besoin du Lien pour sentir sa réprobation.

Son dos et ses cuisses commençaient à se ressentir de la longue station assise dans l’atmosphère humide près du lac Nuit.

  • J’ai de très bonnes oreilles grâce à Alya et Shad !
  • Oui, oui. Je sais que je ne sers à rien.
  • Tu ne crois pas toi-même tes propres paroles mon Lié !

Marv’ lui tourna le dos et se fondit dans les eaux sombres du lac.

A son silence, elle répondit bien sûr, je te tiendrais au courant.

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