4:Hohen

7 minutes de lecture


  • Hohen? Mon père m’a demandé de te dire que si tu ne paye pas ta chambre, tu dois partir maintenant.

Elle était plutôt agréable à écouter cette petite voix qui lui parlait finance de bon matin. Il était bien dans ce lit, les rayons du soleil tapait sa peau presque à l’en brûler, laissant présager un ciel sans nuage et un soleil incandescent pour toute la journée.

  • Hohen? Tu es réveillé? Je peux entrer?

La propriétaire de cette petit voix c’était Cassandre. Encore. Cette fille avait les idées fixe. C’était un peu agaçant de devoir l’envoyer paître à chaque fois qu’il venait en ville. Quand ça avait commencé déjà? Il avait du mal à réfléchir, encore engourdi dans son sommeil. Ca avait commencé deux ans plus tôt. Cassandre avait, quoi, treize ans? Ou quatorze peut être. Il connaissait la fille depuis sa naissance. Il avait failli être son parrain, puis le père de la fille s'était rendu compte que, avoir pour parrain un soldat de bas étage dont un pieds trempait dans le monde des mercenaires et dont le passé était un peu flou, c’était bien une idée à la con tout compte fait. Il devait avoir une bonne douzaine d’année à ce moment. Il était arrivé en ville l’année de la naissance de Cassandre et c’était vite lié d’amitié avec le père qui appréciait la trop grande maturité de l’enfant qu’il aurait dû être alors. Il s’était déjà engagé comme soldat, désireux de trouver quelque chose sur quoi passer ses nerfs. Trop sanguin pour l’armée, il n’avait jamais réussi à prendre du galon et était souvent mis à pieds. D’où sa désertion trois ans plus tard. Il a ensuite été confronté à un problème d’une ampleur nouvelle, l’argent. Sans salaire, sans maison, sa solde épuisé, il avait commencé à voler. puis c’était fait enguirlander par le tavernier qui lui avait alors conseiller de s’engager dans n’importe qu’elle profession ayant un lien avec son emploi comme soldat; maître d’arme, garde du corps… Il avait préféré le rôle de mercenaire. Le lendemain il était parti. Il est revenu deux mois plus tard pour régler ses dettes.

Il avait plusieurs fois eu l’idée de s’installer en ville, mais le climat de tension qui règne ici lui est insupportable. Alors à chaque fois il repart, au plus grand désespoir de Cassandre qui se languit de lui, son amour ne faiblissant jamais malgré la distance et le temps qui passe. C’est mignon, mais il se voit plus comme son oncle que comme son ami. Il y en a que ça ne rebuterait pas; le tavernier pour ne citer qu’un exemple; mais lui il ne voulait pas. Non vraiment les relations intra-familiales c’était pas son truc. Mais allez faire rentrer ça dans le crâne de la fille!

  • Hohen! Bouge ton cul! Je sais très bien que tu es fauché et que tu peux pas payer la chambre. Alors tu dégage!

Cette voix là était nettement moins agréable. A moitié endormi il répondit un pauvre “j’arrive” et ramassa ses affaire avant d’aller ouvrir la porte. Papa ours et miss tigresse l’attendait.

  • Je suppose que tu ne peux pas me payer. Hohen hocha négativement de la tête. Je suppose aussi que tu n’a nul part où dormir. Nouveau hochement de tête. Je te fais les chambres à moitié prix cette semaine. Trouve toi un travail. Et je te prie de reconsidérer ton projet.

Les yeux encore plissé de sa nuit, le mercenaire acquiesça et sortit. Un travail. Il lui fallait un travail. Pas question d’abandonner la mission qu’il s’était donné. Un poids sur son dos, le regard de Cassandre qui le suivait encore. Il faudra qu’il lui parle. Encore. C’est répétitif la vie en ville.

Il s’était levé tard, il était midi. Il n’avait pas faim. Habitué à passer des jours entiers sans manger puis à s’empiffrer dès qu’il trouvait de la nourriture, il avait perdu la sensation de faim. Il mangerait plus tard. Il glanerait des reste quand les restaurants fermeront. Déambulant dans les rues animés, il laissait son esprit vagabonder. Il hésitait entre se chercher un emploi en tant que maître d’arme où se faire engager comme garde du corps. Une nuée d’enfants braillard passa près de lui, riant et s’amusant. Ils débordaient de joie. Il avait tout à coup nettement moins envie de devenir maître d’armes.

Qui à part les bourgeois peureux pouvait avoir besoin d’être protéger? Ses pas le menèrent jusqu’au port ou les marchand de retour de voyage vendaient leur curiosités à la criée. Ici il trouverait facilement un travail correcte. Auprès d’un vendeur de soie, d’épice ou de pierres précieuse qui craindrait de se faire voler.

  • Héla toi! L’homme en manteau long là. Oui, c’est à toi que je parle.

La personne qui venait de le héler était une grande femme brune à la peau aussi sombre que la nuit. Vêtue d’un ample sarouel, de grande bottes de cuir noir et d’un veston violet richement décoré, elle était assise sur la rampe d’un escalier menant à un navire gigantesque. Il remarqua bien vite le pavillon noir décoré d’un croissant de lune blanche. Un navire de celle qu’on appelle La reine pirate, une grande marchande dont le pouvoir, construit par des contrats commerciaux juteux, dépassait celui de la reine en personne. D’où son nom, la Reine Pirate, une usurpatrice en soit.

Se navire était l’un des siens. La femme sur l’escalier était sûrement l’un de ses employé. Cette dernière était d'ailleur descendu jusqu'à lui puisqu’il ne semblait pas décider à avancer. Elle le fixait maintenant de ses deux grand yeux dorés.

  • Tu es un peu lent, mais tes muscles compenseront ce défaut. Jugea-t-elle sans même se soucier de l’offenser, ce que de toute façon son éducation de soldat n’aurait pas permis. Ca te dit de travailler pour moi? Ma cargaison est précieuse et il me faut quelqu’un pour la surveiller. On va décharger et je ne peux pas tout surveiller.
  • Qui te dit que je cherche du travail?
  • Un grand gaillard comme toi, les cheveux sales, les bottes élimés et un baluchon sur le dos? Ca ce voit que tu n’a pas de maison et à peine de quoi manger. Fait pas d’histoire et met toi au travail, je paye bien.

Il eut à peine le temps de s'apercevoir qu’elle ne lui demandait pas son avis qu’il était déjà sur le bateau, en train de guetter d’éventuels voleurs pendant qu’on déchargeait le navire. Sa cargaison était composé de grandes caisse en bois plutôt lourde au vu des grimaces de leur porteurs. Fréquemment, on venait en courant à petit pas pressés discuter avec la femme en violet. Elle hochait la tête puis communiquait avec d’autres qui repartaient eux aussi en trottant.

Ne voulant pas partir sans sa paie et avoir ainsi perdu toute une journée en plein soleil à veiller sur une file de fourmis chargée comme des boeufs, il se concentra sur sa tâche: attendre et observer. Au bon moment pour voir un badeau s’approcher des caisses, en déceler une et glisser sa main dedans. Discrètement Hohen sauta à terre et se glissant dans la foule s’approcha du voleur qui, trop concentré sur son larcin ne le vit pas arrivé. Il fut donc bien surpris quand on l’attrapa par le col. Il aurait bien crier si un violent coup sur la tête ne l’avait pas assommer avant. Hohen referma la caisse sans déranger son porteur et chargea le voleur sur son dos pour l'emmener à son employeur.

Pragmatiquement, il laissa tomber l’homme au pieds de la marchande et lui demanda ce qu’il fallait en faire. Sans sourciller elle lui ordonna de l’attacher à un mât et de vite retourner à son poste. Elle transpirait le professionnalisme par tous les pores, droites, charismatiques et inflexible peut importe ce qu’on lui annonçait. c’était plutôt confortable pour Hohen de travailler pour elle. Aucune question à se poser. Il suffit d’obéir et de laisser courir ses réflexes de soldat. Il attrapa ainsi cinq autres voleurs et les attacha tous au mât. Quand enfin la dernière fourmi partie poser son paquet dans le hangar en face, le soleil commençait à fâner derrière la ville, et il avait une belle brochette de voyou à moitié sonnés à offrir à la marchande.

Elle le félicita et, lui remit une bonne poignée de pièce et lui en offrit une autre à condition qu’il casse le nez et deux doigts à chacun des voleurs. Ce qu’il fit sans broncher et sans fioritures.

  • J’aime bien ta façon de faire. Si dans un mois tu cherche encore du travail je serai de retour avec une nouvelle cargaison à décharger et je serai ravie de t’employer à nouveau.

Il était un peu déçu, il aurait espérer qu’elle lui propose un travail à temps plein.

  • Garde du corps, c’est dans tes cordes?
  • J’en ai les capacités.
  • Le travail de nuit te rebut-il?
  • Non Madame.
  • Reviens demain soir. Si le travail est bien accompli nul doutes que tu trouveras toujours du travail ici.
  • Je serais là. Répondit-il avant de descendre du bateau et de s’en retourner chez le tavernier.

Il était content de la somme qu’il avait amassée mais il n’avait toujours pas mangé et commençait à se sentir faible. Il pressa le pas pour rentrer plus vite. Ce soir c’était ragoût. La recette était celle de la mère de Cassandre. C’était désormais sa fille qui préparait ce ragoût. Un plat banal qui avait pourtant le don de transporter Hohen dans des contrées lointaines où tout n’était que coton et bonheur. Il avait hâte d’y être.

Annotations

Versions

Ce chapitre compte 1 versions.

Vous aimez lire Mortellini ?

Commentez et annotez ses textes en vous inscrivant à l'Atelier des auteurs !
Sur l'Atelier des auteurs, un auteur n'est jamais seul : vous pouvez suivre ses avancées, soutenir ses efforts et l'aider à progresser.

Inscription

En rejoignant l'Atelier des auteurs, vous acceptez nos Conditions Générales d'Utilisation.

Déjà membre de l'Atelier des auteurs ? Connexion

Inscrivez-vous pour profiter pleinement de l'Atelier des auteurs !
0