Treize heures : Julie, en salle.

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Treize heures

Je pensais qu’il serait plus difficile pour moi de reprendre ce boulot de serveuse.

On est à l’heure de pointe, les commandes,les payements, l’arrivée des plats, tout est exactement comme avant, comme d’habitude !

Sauf, sauf le client de la table sept, j’ai préféré le confier à Emma, mais je ne peux le quitter des yeux.

Qu’il est beau, beau comme un dieu grec, il me rappelle Jim Morrison, le chanteur des Doors, le préféré de mon frère Jules. J’ai dressé l’oreille et je viens de comprendre que Gustave sort d’une histoire d’amour compliquée avec une certaine Anne-Sophie ( je ne la connais pas, mais rien qu’à entendre le nom, j’ai envie de la gifler).

Son père, l’astrologue-alchimiste que j’ai croisé dans le métro, Monsieur K, lui offre le restaurant pour lui changer les idées : bref du classique.

Je finis la commande du couple de la table onze, quand la tablette m’envoie un message d’erreur.

Emma me dit que la sienne affiche la même chose.

Je cours vers le petit bureau où la cheffe a installé son vista (récupéré, faut-pas- que -cela-coûte).

Là c’est Beyrouth : un écran bleu s’affiche. Tout est perdu : commandes et payements.

Madame GRR risque de débarquer d’une minute à l’autre : elle sera, comme d’habitude, hystérique et incompétente : que faire ?

Je fonce vers la salle et demande : « Nous avons un problème informatique, quelqu’un pourrait nous aider ? »

Et là, le miracle se produit, l’ange blond se lève et dit d’une voix douce : « Pas de problème, je suis ingénieur en informatique. »

Je rougis et je lui montre le chemin, et là je vois ses fesses.

Comment dire ? J’ai gardé cela, longtemps pour moi, je me sentais perverse et anormale.

Emma m’a dit que c’était banal : plein de filles fantasment sur le cul des gars.

On a même écrit un haïku :

Apprenez messieurs
que ces dames apprécient
vos jolis fessiers

Sauf que le fessier de Gustave c’est autre chose, petit , ferme et désirable.

Je n’ai qu’une seule envie me mettre à genoux et embrasser son postérieur !

Allons Julie, tu sais te retenir !

Dans le petit bureau nous nous frôlons. La douce lumière du jour illumine ses bouclettes dorées, ses longues mains courent sur le clavier.

Je respire profondément : allons Julie, tu sais te retenir !

Soudain, il se penche et ses fesses sont à hauteur de ma bouche. Je suffoque et je la vois, l’Allégorie ricane et me dit : « Allons Julie, tu sais te retenir ! »

Là je craque, je prends son cul à pleines mains, et je l’embrasse.

Il se retourne : il va m’insulter, me gifler !

Rien de tout cela, il approche ses lèvres et m’embrasse tendrement. Ses mains remontent ma jupe : je ne fais rien pour me défendre.

Je dresse l’oreille, je reconnais, immédiatement, ce bruit de talons.

Je redescends ma jupe et je réponds à la cheffe qui vient d’entrer : « Tout est réglé Madame Guerr ».

Je cours comme une folle pour rejoindre la salle.

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