Chapitre 8 : Voyage amoureux

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Dans le train qui le menait à Angers, Jules était d’une humeur maussade.

Il détestait les larmes et les disputes, et la scène qui venait de se dérouler avec Sarah l’avait profondément déstabilisé.

Mais il n’avait pas le choix: il devait absolument affronter ce tableau, l’Allégorie de la Simulation.

Les informations ultra confidentielles du Mossad avaient sorti jules de sa torpeur.

Deux personnes, un jeune garçon et un vieux gardien avaient définitivement disparu , et tout semblait indiquer que le tableau les avait fait disparaître !

La mauvaise foi de Sarah avait exaspéré le jeune homme. D’un côté, sa compagne insistait sur les dangers cachés derrière le tableau : même une agente aguerrie comme elle n’avait pas su combattre l’Allégorie.

D’un autre côté elle lui disait que cela n’en valait pas la peine, qu’il perdait son temps …

Étrangement, Sarah avait repris mot pour mot les tirades de Jocaste dans Oedipe Roi.

Elle avait fini par céder , et Jules avait juré qu’il ferait tout pour revenir vivant et entier !

Sarah n’avait cessé d’invoquer leur enfant , leur fille ?, et son désir d’avoir un père à ses côtés , de ne pas faire subir , elle aussi, à sa fille la douleur de l’orphelinat.

Paradoxalement, le rappel de sa paternité détendait Jules et le faisait même sourire.

La nuit d’amour qui avait conduit à cette grossesse avait été folle et homérique.

Jules cachait souvent ses extraordinaires capacités sexuelles. Ce soir là, il avait tombé le masque.

Le corps de Sarah n’avait été qu’une immense source de jouissance.

Jules avait pris d’assaut les lèvres de la belle brune, mordu ses seins turgescents.

Sarah avait gémi, pleuré sous l’intensité des caresses et des baisers du jeune homme.

Elle l’avait supplié de la pénétrer, sans plus attendre.

Jules avait surpris une lueur d’inquiétude dans le regard de Sarah: « Tu vas m’enfiler tout cela? ».

Le jeune homme s’était rendu compte qu’il n’avait pas su contrôler son érection.

La suite avait été digne de la guerre des étoiles …

Après l’amour, Sarah avait allumé une cigarette et regardé Jules droit dans les yeux :

— Toi, tu n’es pas vraiment humain.

— Pourquoi, ? avait balbutié Jules.

— Faire l’amour fait partie du job d’une espionne et tu es loin d’être mon premier amant.

— Cela, je le savais rétorqua le jeune homme.

— Jamais aucun homme ne m’avait fait autant jouir, jamais aucun homme n’avait fait l’amour avec mon âme !

— Tu veux qu’on se sépare ?

— Quel idiot ! pouffa la superbe brune. Je suis heureuse d’avoir une nuit complète avec toi. ..

Ce doux souvenir avait accompagné Jules jusqu’à l’entrée du Musée.

Là, le jeune homme s’était arrêté interloqué : était-il vraiment le seul à ressentir cette

présence ?

Il essaya de résister, mais ce fut impossible, il se mit à courir pour retrouver l’Allégorie de la Simulation.

Jules reprit son souffle et ce fut l’Allégorie qui exprima sa pensée :

— Je lui ressemble tant que cela ?

— J’ai l’impression d’avoir Sarah devant moi, juste un peu plus jeune.

— Comme tu l’aimes ! soupira le tableau.

— Tu es jalouse ?

— Énormément,, mais tu n’es pas venu écouter les états d’âme d’une peinture ?

— Non , répondit Jules, je suis venu pour savoir.

— Tu veux savoir qui tu es ?

— Non je le sais.

— Vraiment ironisa la Pythie ? Sais-tu que je connais tous tes secrets que je lis toutes tes pensées ?

— Tu connais donc ma question.

— J’y réponds : le jeune garçon et le gardien sont passés de l’autre côté : je leur ai ouvert la porte.

— Et moi, je peux passer demanda Jules ?

— Si tu formules bien ta demande …

Le jeune homme récita le poème :

Je voyage

De l’autre côté

Du miroir

De l’espoir

Je voyage

De l’autre côté

Du parloir

Du trottoir

Je voyage

De l’autre côté

Des sentiments

Troublants

Je voyage

De l’autre côté

Des concepts

Du transept

Je voyage

De l’autre côté

De la musique

De l’ésotérique

Je voyage

De l’autre côté

Du temps

Des amants

Je voyage

De l’autre côté

De la rage

Du fossé

Je voyage

De l’autre côté

De la méchanceté

Des nuages

Je voyage

De l’autre côté

De la nuit

De ma vie

Je voyage

De l’autre côté

Et je ne suis pas pressé

D arriver

Je voyage

De l’autre côté

Et je ne suis pas pressé

D’arriver

L’Allégorie lui tendit la grenade.

Jules mangea une partie du fruit et tomba dans l’inconscience.

Longtemps, très longtemps après, il se réveilla,

Il était nu, et entouré d’un épais brouillard.

Une voix d’homme, assez âgée lui dit :« Notre troisième invité est arrivé ».

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