Chapitre 7 : Le retour de l’Allégorie.

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Dans le TGV vers Angers, Sarah se laissait aller à des souvenirs doux-amers.

Depuis plusieurs années, elle avait quitté le service.

Sa couverture de psychologue avait remplacé son ancien métier d’espionne du Mossad.

Ce changement avait été une délivrance. Oui, mais pourquoi ?

Bien sûr, il y avait la politique et surtout la personnalité de Bibi qui choquaient la kibboutznik qu’elle restait au fond d’elle même.

Mais, elle savait que ce n’était pas la raison principale.

Quand elle demandait à sa mère de lui expliquer ce qui s’était passé avant sa naissance, cette dernière ne cessait de la renvoyer à Valse avec Bachir.

Sa mère lui avait raconté mille fois son premier amour à 18 ans, suivie de cette grossesse pas vraiment désirée. Et puis la guerre du Liban et la mort au bout du chemin.

Elle l’avait élevée, seule, et lui avait donné tout son amour, sans jamais se marier.

Mais Sarah posait toujours des questions sans réponse.

De guerre lasse, elle avait accepté de regarder Valse avec Bachir.

Et elle avait pleuré, pleuré comme un bébé, pleuré pendant des heures, pendant des jours et des jours.

Et elle avait compris, compris le déchirement, l’incompréhension de ses parents qui n’étaient alors que des enfants.

Sarah s’était retrouvée dans les faux souvenirs, les cauchemars des personnages.

Sa psy était restée bouche bée devant l’accélération de sa thérapie.

Sarah avait triché avec ses souvenirs et elle aussi, en truquant une photo, avait retrouvé de faux souvenirs de fête foraine.

Un jour sa mère lui avoua qu’en réalité, elle savait comment son père était mort.

C’était, comme dans le film, un enfant avec un lance roquette, mais son père n’avait pas osé tuer l’enfant …

Le lendemain , elle avait démissionné des services secrets.

Mais elle avait gardé des contacts, particulièrement utiles dans son enquête.

Un ancien collègue lui avait fourni des informations confidentielles.

Julie n’était pas folle. Les services suivaient un certain Lukas, un ado qui délirait sur le net.

Le gamin ne cessait de parler de l’Allégorie, il s’était même vanté d’avoir visité le musée de nuit (et s’était fait prendre !).

L’histoire devenait délirante : univers parallèles, voyage dans le temps ?

Angers Saint- Laud : Sarah était arrivée.

Le musée ressemblait étrangement à la description de Julie.

Sarah avait beaucoup ri intérieurement, en regardant le gardien ensommeillé.

Elle s’était rappelée, l’histoire de la petite culotte « oubliée » de sa future belle-sœur.

Heureusement le gardien avait le cœur solide !

Sarah prit une profonde inspiration avant de rentrer dans la salle et choisit d’ignorer le fatras estampillé « réalité virtuelle » dont le musée semblait si fier.

Déçue, oui Sarah fut déçue.

L’allégorie avait son charme, et Sarah fut surprise de se retrouver dans la jeune femme.

Elle aimait, quand elle avait vingt ans, avoir ce regard un peu dédaigneux son visage avait la même douceur, sa peau la même blancheur !

Mais Sarah aimait trop la peinture de Monet pour vraiment apprécier cette facture symbolique classique.

Le choc artistique de sa vie avait été les Nymphéas de l’Orangerie, et ici elle ne ressentait rien !

Sarah prit de nombreuses photos et se détourna, en pensant que Julie avait vraiment trop d’imagination !

Elle allait quitter la pièce quand une voix retentit : « Et si c’était toi qui manquais d’imagination ?».

Sarah regarda autour d’elle et se mit à trembler : oui l’Allégorie lui avait parlé !!

Elle lui répondit :

— Tu lis dans mes pensées ?

— Tu ne les caches guère, se moqua le tableau.

— Julie avait raison !

— Toi tu ne t’es pas encore enfuie.

— Pourquoi, pas encore, s’étonna Sarah ? Je me suis bien amusée.

— Certes, certes, rétorqua l’Allégorie, mais il va falloir être plus prudente. Et puis

décider ce que tu fais pour la petite.

— La Petite, balbutia Sarah ?

— Voyons, Sarah, si je le sais, c’est que toi aussi. Petites nausées le matin , sautes d’humeur inhabituelles, mêmes pour toi.

— Je … Je suis enceinte ?

Sarah partit en courant encore plus vite que Julie !

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