Ridicule spatial

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Louis regardait la télévision. Le mot l’amusait beaucoup, car elle n’avait plus rien à voir avec le gros objet maladroit que l’on voyait dans les musées.

C’était une expérience assez étonnante : on se retrouvait plongé au cœur de l’action, dans les trois, voire les quatre, dimensions. Grande était la tentation de toucher les acteurs, même si on se contentait de rencontrer le vide.

On chuchotait que les courtisans avaient accès à des expériences plus intenses, pornographiques le plus souvent.

Ce soir, il regardait son émission préférée, la seule qui ne traitait pas de cette abrutissante « Renaissance grandiose », qu’il jugeait grotesque.

Louis aimait l’espace, mêmes les habituels voyages vers la lune le fascinaient.

Celui de ce soir était, selon l’animatrice, EXCEPTIONNEL !

L’emphase crétinisante de la Renaissance grandiose le laissait de marbre, mais il était impatient de voir ce qui allait se passer.

Tout commença de façon classique, on visitait l’intégralité de la capsule, il savait que le siège allait vibrer lors du décollage. Avant, il y avait la traditionnelle séance d’entrainement en scaphandre.

Chaque décollage ressemblait au précédent, mais Louis ne se lassait pas de ce spectacle.

Il connaissait le nom de tous les astronautes, mais pour garder un effet de surprise, on ne les découvrait qu’au moment où ils enlevaient leur casque.

Une musique grandiloquente retentit et, soudain, Louis resta bouche bée !

Ce soir les deux cosmonautes étaient le nouveau roi et la reine !

Mais, soudain Louis éclata de rire : le couple royal était en habits de cours. La reine avait une extravagante chevelure, surmontée d’un navire des temps passés !

Louis partit d’un fou rire incontrôlable, pendant que l’animatrice s’extasiait devant la grâce, la force, la beauté, l’élégance du couple.

Il éteignit la télévision et sentit la rage monter en lui.

Que faire ? Il se sentait impuissant. La police de sa majesté, surveillait tout, noyautait tout.

Louis resta des heures dans son lit, les yeux rivés au plafond.

Puis ce fut le déclic, l’idée.

Il rédigea son texte d’une traite.

Sortie de piste.

Lentement, le vaisseau spatial glissait dans l'espace.
Le commandant souriait aux millions d’étoiles qui défilaient devant lui.
Il lut le rapport de l'ordinateur et poussa un juron.
- Allô la Terre ?
- je vous écoute.
- je veux le contact avec les frères Bogdanoff, immédiatement !

Les deux frères apparurent, en image de synthèse.
Effondré le commandant demanda :

-Nous ne pouvons pas revenir ?
- Non, la théorie a été falsifiée.
- Elle est devenue fausse ? demanda le commandant.
- Non, car elle n'a jamais été vraie.
- Elle n'est pas scientifique ?
- Au contraire, elle est scientifique puisqu'elle est démontrée fausse, répondirent les Bogdanoff.
- Et alors ?
- Vous ne pouvez pas revenir : les lois qui régissent ce vol intergalactique sont falsifiées...

Louis sourit et envoya le texte à son site favori d’écriture. Il imaginait, avec délice, le couple royal perdu pour l’éternité.

Pour brouiller les pistes, il écrivit sur le blog officiel de la fac :

« Je souhaite un merveilleux voyage à sa majesté et à notre reine bien aimée «

Son sommeil fut peuplé de doux rêves.

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