La mélancolie du père Noël

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La mélancolie du Père Noël
ou pourquoi , quand on est grand , on l'aime plus qu'avant...

Vieux, le Père Noël se sentait vieux.
L’œil morne, il regardait le défilé des camions à l’entrée de la « Grotte Magique «...
Le jeune homme, grand, blond, tout sourire, lui tendit le bon de livraison :

«  Tout est là, Père Noël !
- Tout ?
- Toute la marchandise !
- Tu veux dire les cadeaux ?
- Si vous voulez, il y en a 30 tonnes !
- Des lego, des jouets en bois ?
- Mais, c’est fini, tout cela Père Noël !
- Mais tu me livres bien les cadeaux pour les quatre ans ?
- Exact !
- Et cette année ils auront tous des...
- Tablettes ! Signez là, Père Noël ! ! « 

Résigné, le vieil homme regarda le camion s’éloigner.
Aussitôt, les nains commencèrent à décharger les cartons. Ils sortaient les tablettes, collaient le sticker « ton cadeau offert par le père Noël «, puis les envoyaient vers les plateformes des différents supermarchés.
Noël avisa une tablette, tombée d’un carton. Il voulut courir vers les nains, mais les petits gnomes, jeunes, agiles, diligents avaient disparu.
Il regarda l’objet noir et froid, en panne, déjà ! Des millions de tablettes, strictement identiques seraient produites d’ici le 20 décembre.
Il la tordit, et, immédiatement, l’objet se cassa en deux !


Amer, le vieil homme se sentait amer. Le contrat semblait séduisant, l’usine signait la charte «  éthique-qualité – sécurité «  et en échange le Père Noël mettait son logo «  officiel « !
Du vent, tout cela était du vent ! Les coûts de production ne dépassaient pas un euro et, le prix de base était de 29.99 euros !


Honte, le vieil homme avait honte.
Avant, c’était différent. Dans toutes les légendes qui le concernaient, il y avait du vrai et.... Du faux !
Il vivait dans le grand Nord, au-delà du cercle polaire Arctique, et donc la Kiné ne venait que rarement soigner sa tendinite.
Son renne, aussi âgé que lui, pouvait voler.
Jamais, il n’était descendu dans les cheminées, jamais il n’avait distribué les cadeaux, non, son pouvoir était différent...




Il y a longtemps, si longtemps, des siècles, des milliers d’années, Noël avait reçu une étrange visite.
Gabriel, l’homme s’appelait Gabriel. Seul, affamé il avait frappé à la porte du jeune homme.
Noël n’avait pas posé de questions, il l’avait nourri, l’avait logé et lui avait donné un peu d’argent. En partant, Gabriel lui avait dit :

«  Noël ?
- Oui, monsieur ?
- Tu ne veux rien, en échange ?
- Non, monsieur !
- Je cherche, depuis des années..
- Quoi ?
- Un homme, un homme rempli d’amour pour qu’Il puisse venir !
- Il ?
- Son temps est venu ! Mon renne est à toi !
- Mais, non, Monsieur... »


L’homme disparut. Dehors, un renne attendait. Un étrange message apparut dans le ciel. Noël vit des lieux lointains, d’énigmatiques instructions.




Le renne savait voler. Plusieurs fois, on demanda à Noël de voyager dans le ciel, au-dessus de déserts, et autour de lui, il y avait une étrange lumière : « le halo de l’amour ».
La dernière fois il guida une caravane vers un petit village, où, il l’apprit, bien après, un enfant était né.

Les années passèrent, et, à Pâques, un message apparut : il devait rencontrer une femme.
Elle l’accueillit, aussi belle que triste. Elle lui dit qu’elle s’appelait Marie, Marie – Madeleine.
Elle lui dit que l’enfant était mort et qu’il devait boire, boire dans la coupe où il avait bu.
Il but et la mort lui dit qu’elle ne viendrait jamais à sa rencontre.


Seul dans son bureau, le père Noël regardait, le traîneau, le traîneau en bois qu’il avait offert à son enfant. Ce traîneau qu’il avait lentement, et avec amour, travaillé.
Il devait faire la vidéo, diffusée sur You tube, cela faisait partie du contrat. Son logo, le traîneau en bois, stylisé, apparaissait : une promotion discrète et efficace.
Il lut le message, rédigé par l’agence de pub et à la fin improvisa, avec des larmes dans les yeux : « Et n’oubliez-pas, dans cette vie, il faut s’aimer, le reste n’a pas d’importance » !


A Roissy, dans son bureau impersonnel, le PDG de Directfromchina avait le regard vide.
Rien, il n’avait rien vendu ! Des tonnes de tablettes encombraient les hangars glacés !
Personne n’y comprenait rien !!

Tous les clients avaient déserté les magasins, ils prenaient du temps, du temps !, pour fabriquer, eux-mêmes ! , des jouets !
Monsieur Proust avait trouvé une solution : tout serait bradé à 5 euros après Noël. !
Ainsi, il n’aurait rien à commander pour inonder le marché d’articles « en rayon «, soldés !
Business as usual !


Noël approchait, il pensa à Madeleine, la fille de sa troisième femme, Marie.
La petite fille avait 7 ans et commençait à douter de l’existence du Père Noël.
Elle allait recevoir... 7 tablettes !


Mais le PDG songea aux mots de Noël : « Et n’oubliez-pas, dans cette vie, il faut s’aimer, le reste n’a pas d’importance » !


Il prit son stylo et commença à écrire une histoire, un conte de Noël, pour la petite fille.
.
Alors, le thème de sa philofiction de Noël lui apparut, une vision entourée d’un halo, un halo d’amour :
La mélancolie du Père Noël...

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