Une vie pas ouf

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Il y a de cela un certain temps complètement indéterminé, dans un endroit absolument impossible à localiser, existait des gens comme nous qui vivaient comme nous. A un détail près : les raviolis n'existaient pas. Et les haricots. Et les choux de Bruxelles. Surtout les choux de Bruxelles. A la place, la ville de Bruxelles (oui, mêmes les noms de villes sont les mêmes) était très connue pour ses parapluies.

Je précise que cela est une biographie tout à fait sérieuse, dans la mesure où c'est effectivement arrivé. Alors si (par pure coïncidence) vous vous mettiez à rigoler, rappelez-vous que les souffrances des personnages sont bien réelles et que votre sensibilité n'a d'égal que votre taille si vous êtes un nain, votre ligne si vous êtes obèse et votre popularité si vous êtes un raté. Et c'est pas la peine de me demander comment je suis au courant de tout ça, je vous dirais rien. Je le sais, c'est tout.

Bon. Sur Screugneugneu (nom de la planète) vivait donc des gens comme nous. Parmi eux, Francis Lepahouf avait une vie assez calme. Très calme même. En fait il était si paisible qu'il était mort d'ennui, un peu comme vous devant ce texte, j'imagine. Vous avez remarqué, je fais genre mon texte est nul comme ça vous vous dîtes le contraire. Enfin, si mon texte est vraiment nul, dommage. Pour vous, mouhahaha ! Parce que c'est vous qui le lisez, pas moi. C'est vous qui perdez votre temps !

Je suis carrément trop machiavélique.

Bon, sinon... Ah oui, Francis.

Donc je me suis dit que ce serait bien de parler un peu de sa vie, à Francis. Le pauvre, mort d'ennui. Il avait tout pour réussir, pourtant. Francis était né à Bruxelles (franchement, pourquoi changer de contexte ?) dans un salon de coiffure. C'est pour cela que Francis rêvait de devenir astronaute depuis toujours. Les étoiles l'avaient toujours fasciné. A chaque fois qu'il en voyait une, il demandait à son père adoptif :

« Papa, comment les étoiles tiennent dans le ciel ? »

Ce à quoi son père adoptif répondait toujours :

« Chlnarf. »

Monsieur Lepahouf souffrait en effet de soucis graves, et il ne pouvait jamais mener une conversation normalement. Mais cette biographie est celle de Francis, alors laissons son père adoptif de côté (de toute façon il a seulement adopté Francis pour les allocations). Francis donc, se mit en tête que les étoiles tenaient grâce à une armée de haricots. Francis mangeait en effet des haricots tous les jours, ce qui finissait par le rendre malade. Encore un traumatisme de l'enfance qui avait contribué à le rendre calme. Car de ce calme, Francis tirait une concentration si extrême qu'il réussissait tout ce qu'il entreprenait. En effet, devenir astronaute sur Screugneugneu était très difficile, tout comme sur Terre et j'en profite pour vous dire à quel point mon texte est réaliste et brise les rêves d'enfant qui croient que devenir astronaute ça se fait tout seul, non mais sérieux ? Si c'est si facile que ça pourquoi moi ça a pas marché ? J'en ai marre ! Moi aussi je sais me concentrer, et c'est pas parce que j'ai eu des 2/20 en physique en cinquième que...

Excusez-moi. Donc Francis.

Francis devint si doué qu'il fut nommé astronaute pas sa nation qui l'envoya aux Etats-Unis Screugneugniens (pas aux nôtres, hein) vu que la Belgique de Screugneugneu n'a pas de programme spatial, ce qui se comprend vu le pays, au fond ça reste des gens pas très malins, c'est pas pour rien que les blagues de belges existent. Ne le prenez pas mal, les belges. J'essaie juste de faire rire les non-belges, et ils sont plus nombreux que vous. Que voulez-vous, je suis pragmatique.

Francis fut donc envoyé sur la planète Klazgléglayu par le gouvernement américain Screugneugnien afin de vérifier si la planète contenait de la vie, des ressources minières, de l'eau, des ressources minières et des ressources minières.

En tant que biographe officiel de Monsieur Lepahouf, je me dois de mentionner un évènement particulièrement important et (disons-le) déchirant dans la vie de Francis. Comme je l'avais dit, Francis était très calme en toutes circonstances, et l'agitation qu'il provoquait dans toute une journée tenait dans une gourde de compote pas encore périmée mais qui va le devenir vu que c'est parfum fraise et que personne ne veut la prendre quand il y en a à l'abricot, à la pomme ou à n'importe quel autre parfum. Ce qui fait que la compote reste toute seule au fond de la boîte et finit par périmer sans que personne ne s'en aperçoive, ce qui est très triste et surtout très calme. Ben Francis était pareil, enfin il ne périmait pas lui, hein, je ne voudrais pas dénigrer mon sujet de biographie.

Cependant au moment d'entrer dans la fusée (qui marchait à base de résidus de compote de fraise enrichis), Francis fut interpellé par une jeune femme du nom d'Anne-Guenièvre. AG (c'était son surnom, fort cocasse quand on sait qu'elle avait 27 ans) était tout ce qu'il y a de plus banal sans être une ratée bien sûr, mais si je prends la peine d'en parler dans cett magnifique biographie, c'est parce qu'elle était amoureuse de Francis. Elle lui avait fait comprendre ses sentiments pour lui, mais le jeune homme ne pouvait pas dire oui. Oh, il aurait aimé être avec elle pour le reste de ses jours, et vivre une vie tranquille et sans histoires... Mais c'était impossible ! Car Francis avait un rêve, le rêve de sa vie. Il fallait qu'il devienne astronaute, ou il ne pourrait plus jamais se regarder en face dans une glace. Et puis... quand il reviendrait, Francis pourrait offrir à Anne-Guenièvre la fortune et la gloire, bien que ce qu'elle désirât au plus profond d'elle-même, ce ne fût pas les honneurs ni la richesse, mais Francis, tout simplement. Si vous trouvez que ce passage manque de quelque chose, relisez-le avec le générique des Feux de l'Amour, je suis sûr que vous aurez les larmes aux yeux.

AG se pointa donc pile au moment du décollage pour hurler à son tendre Francis des mots d'adieux (les moteurs de la fusée faisaient du bruit). Francis écouta son admiratrice avec une profonde émotion. Mais comme il n'avait jamais été dans une sitation pareille auparavant (du reste, moi non plus), il ne savait que lui répondre ; pourtant il fallait dire quelque chose, après tout ce qu'AG lui avait sorti. Au moment d'entrer dans la fusée, il cria donc de toute la force de son âme les paroles que son esprit insuffla à sa bouche :

« ANANAS ! »

C'était tout ce qui lui était venu à l'esprit, mais peu importait pour Anne-Guenièvre ; chaque mot de l'élu de son coeur était pour elle porteur d'un message magnifique (en l'occurrence si vous savez lequel, merci de me renseigner). Tandis que la fusée partait vers le ciel, AG se dit que s'il venait à revenir un jour, ils pourraient très certainement fonder une vie ensemble. Vous lisez actuellement la biographie de Francis Lepahouf, avec le Gaulois, la Maaf et Feu Vert. Profitez de chaque ligne.

Le voyage était long, surtout que Francis n'avait qu'un Trivial Pursuit auquel il manquait trois pions (ce qui n'était en soi pas un souci, car il était tout seul) mais pour Francis, le plus important était d'arriver sur Klazgléglayu pour prouver sa théorie des haricots de l'espace qui faisaient tenir les étoiles dans le ciel. Il s'était entretenu avec les savants les plus respectables de Screugneugeu et tous avaient confirmé cette théorie selon laquelle la Constante de Planck multipliée par le nombre de moles de haricots supportant la masse d'une étoile permettait de découvrir sa longévité, sachant bien sûr qu'une étoile, après avoir brillé, se transforme elle-même en haricot ou se planque au fond de l'univers, c'est selon. Si vous avez remarqué l'extraordinaire jeu de mots que j'ai (dans ma grande sagesse) mis à votre disposition, vous avez droit à un bonbon.

Malheureusement, les scientifiques les plus respectables de Screugneugneu n'étaient pas les plus compétents, ce qui explique que cette théorie ne tienne pas debout un seul instant. Si vous avez osé penser que cette biographie partait en délire scientifique, veuillez vous repentir et hurler que vous êtes désolé pendant les trois prochaines nuit. Ça vous apprendra.

Enfin tout ça pour dire (zut ça commence à faire long, j'ai pas le droit de faire plus de dix minutes de lecture, il faut que je fasse attention) que Francis voulait par dessus-tout arriver sur la planète Klazgléglayu (essayez de prononcer ça, c'est pas facile) pour trouver et rapporter sur Screugneugneu des haricots de l'espace, et ainsi prouver que sa théorie était la bonne. Qui sait, il pourrait peut-être même en faire un bouquet pour Anne-Guenièvre... Les espoirs que des figures historiques peuvent ressasser dans les moments les plus difficiles de leur existence nous éclaire sur la portée de leur trace dans nos repères culturels populaires, surtout lorsque ces célébrités apportent davantage à notre société par leurs réflexions axées sur la compréhension profonde de l'existence que par leurs actions concrètes menées pour trouver des pistes exploitables dans la recherche de ces solutions si inaccessibles. Si vous vous êtes perdu en lisant ça, pas de problème. C'était le but. N'oubliez pas que vous lisez une biographie, et pas un recueil de blagues carambar.

Bref, Francis finit par atterrir sur la planète d'arrivée (j'ai trop le flemme de réécrire le nom) et fit bien son boulot d'astronaute, pour en savoir plus il faudra consulter des livres qui en parlent parce que moi je suis navré mais je suis pas astronaute, c'est vrai quoi au fond, pourquoi je devrais m'escrimer à connaître tous les détails d'une expédition que je ne pourrai même pas raconter dans les règles de l'art vu que j'ai plus que quelques minutes pour terminer cette biographie. Seulement, Francis finit par partir sans avoir trouvé le moindre haricot pour démontrer la véracité de sa théorie. La plupart des lecteurs avec l'esprit scientifique se disent en ce moment avec suffisance : « Bah oui. Normal, quoi. Cette théorie n'avait aucun fondement logique, d'ailleurs on a lu juste avant qu'elle n'était pas sérieuse, donc évidemment qu'il n'a rien trouvé. » ; Si vous pensez cela, c'est que vous êtes complètement à côté de la plaque. Car les véritables scientifiques eux, ils pensent : « Ce brave homme ne pouvait pas confirmer ou démentir quoi que ce soit ici, car sa théorie concerne les étoiles, et il se trouvait sur une planète. » et ils ont bien raison. J'espère que ça va vous faire réfléchir sur l'importance de bien lire l'énoncé, de manger cinq fruits et légumes par jour et de regarder avant de traverser.

Francis entreprit donc le voyage du retour, et finit par comprendre ce que je viens de vous expliquer. Il comprit alors qu'il ne pourrait jamais vérifier l'existence des haricots de l'espace, et songea que la distance qui lui restait à parcourir était encore bien longue. Tout était calme, il n'y avait aucun bruit et aucune lumière, excepté le petite lampe de la pièce et une étoile, au loin à travers le hublot. Les haricots existaient-ils en définitive ? Comment pourrait-il le savoir ? Même le Trivial Pursuit n'avait pas la réponse, Francis avait lu toutes les questions et connaissait par coeur les bonnes et les mauvaises propositions. Décidément, la vie avait été bien rude avec lui. Elle avait aussi été calme, mais bon, être calme n'empêche pas d'être rude, car Francis Lepahouf avait tout sacrifié pour vivre ces instants et pour quoi faire ? Il ne pourrait jamais, jamais, jamais, jamais cueillir des haricots de l'espace pour sa bien-aimée, même s'il retournait dans l'espace un jour. Et c'est ainsi que Francis mourut d'ennui.

Voilà. Au final je suis dans les temps, et je vous ai raconté la triste histoire de Francis Lepahouf, que certaines mauvaises langues n'hésitent pas à railler en clamant qu'il n'a pas volé son nom de famille, ce qui est très cruel, dans la mesure où on parle d'un mort. Enfin, moi dans tout ça, je me fais un maximum de fric en écrivant sa biographie, donc je peux pas vraiment critiquer.

N'hésitez pas à acheter cette magnifique biographie, elle fera très bien sur vos étagères, elle fera genre vous êtes cultivé alors que non. Et ça me fera un peu plus d'argent. Et pour la petite histoire, AG a fini avec une rock-star. Alors elle n'est pas trop à plaindre, pas du tout même.

Soyez sages, mangez vos compotes à la fraise et méfiez vous des choux de Bruxelles.

Que les haricots de l'espace soutiennent vos étoiles !

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